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26 juin 2019

Berlin donne son feu vert pour l’analyse de drogues dans les clubs

par Elie Chanteclair

En club, les drogues circulent ; ce n’est un secret pour personne. Mais personne ne sait exactement ce qui peut se cacher dans une pilule ou quelques milligrammes de poudre. C’est précisément ce que Berlin cherche à changer. Le gouvernement régional de l’Etat de Berlin, régi depuis 2016 par une coalition inédite (« rouge-rouge-verte », rassemblant les sociaux-démocrates, la gauche radicale et le parti écologiste) vient de confirmer la légalité d’un dispositif de contrôle des drogues : les meneurs du projet ne pourront être poursuivis. Ainsi, les consommateurs devraient pouvoir faire analyser la pureté et la posologie de leurs drogues festives. Si la date de lancement n’est pas encore connue, cela ne devrait plus tarder : « Afin d’accélérer la mise en œuvre, nous en sommes aux dernières étapes d’une coordination étroite avec les autorités », a expliqué la porte-parole du Sénat berlinois pour la santé« Nous avons également doublé le budget pour 2020/2021, afin de faire avancer le projet ». Pour 2018/19, 150 000 euros avaient déjà été alloués pour la mise place du dispositif, conçu par des institutions indépendantes rattachées à la Berlin Suchthilfe (Centre dédié au traitement des addictions).

Dès sa création, la coalition avait annoncé son intention de renforcer les mesures visant à « réduire les risques liés à la consommation de drogues » – y compris son contrôle. Outre les dommages causés à la santé par des substances actives telles que le cannabis, la cocaïne et l’ecstasy, ces risques incluent également la contamination, l’addiction et le repli sur soi. Les partisans de ce dispositif espèrent également qu’il permettra un meilleur accès aux consommateurs à des fins éducatives. L’opposition avait vivement critiqué le plan dès le départ, critiquant une incitation supplémentaire à consommer. Un porte-parole de la faction du FDP a parlé d’un « programme de soutien aux clans criminels et à leurs dealers ». Pourtant, le contrôle des drogues existe déjà en Autriche, en Espagne, aux Pays-Bas et surtout en Suisse. Là-bas, le service de consultation est déjà autorisé par la loi depuis 20 ans. Le Drogeninformationszentrum (DIZ) de la ville de Zurich, par exemple, propose tous les mardis et vendredis des rendez-vous où les médicaments peuvent être remis pour analyse. En outre, les collaborateurs du projet Saferparty se rendent régulièrement dans les clubs zurichois, équipés d’un laboratoire mobile et d’un stand d’informations, pour analyser les drogues ainsi qu’expliquer les conséquences de leur consommation.

Cette mesure berlinoise s’inscrit dans un débat de fond sur les drogues dans la capitale allemande, entamé l’année dernière. Dans un long reportage datant de mars 2018, le journaliste Alexander Osang avait décrit le sort d’un Américaine mort d’une overdose de MDMA au Berghain. La mise en place de tels dispositifs semble être une manière positive et constructive d’empêcher de tels drames.

 

 

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