Berlin : la fin de l’histoire ?
Capitale mondiale de la techno, Berlin a connu plusieurs vies et traversé quelques tempêtes. Celle en cours semble un peu plus préoccupante que par le passé. On rembobine et on fait le point.
Par Nicolas Bresson dans le magazine 176 – Berlin : Grandeur et décadence d’une capitale techno

© Gerd Danigel
Et si, finalement, Iggy Pop avait été la personne la plus clairvoyante quant à la destinée future de Berlin ? Dans son fameux premier album solo The Idiot, sorti en 1977 et imaginé avec l’immense David Bowie, le rockeur de Detroit interprétait « Nightclubbing, we’re nightclubbing. We’re what’s happening » pour décrire ses pérégrinations nocturnes dans la tristement disloquée métropole allemande. Même si l’Iguane n’a jamais caché sa détestation de la techno, difficile d’imaginer propos plus prophétiques. Deux décennies plus tard, Berlin accueillait certains des clubs les plus réputés de la planète et la Love Parade près d’un million de danseurs.
En 2024, elle est toujours l’une des villes abritant le plus grand nombre d’établissements nocturnes à vocation dansante, près de 300 d’après les chiffres de la Clubcommission mise en place pour défendre leurs intérêts. Et la culture techno berlinoise s’est vue classée au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Pas mal. Quant au Berghain, son club le plus emblématique, il s’apprête à célébrer mi‐décembre son vingtième anniversaire lors d’une fête de trois jours et trois nuits qui s’annonce dantesque. Mais serait‐ce l’arbre qui cache la forêt ? Dans le même temps, de nombreux observateurs notent une fréquentation en baisse et une inflation qui tutoie les sommets. Pire, le Watergate, autre club incontournable, a annoncé fermer définitivement ses portes pour raisons économiques.
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Pour bien comprendre Berlin, il faut se rendre à la East Side Gallery. Située dans le quartier de Friedrichshain – celui qui concentre le plus de clubs – elle abrite le plus long pan du Mur encore debout, laissé là pour l’histoire, dernier stigmate d’une ville déchirée pendant près de trente ans. Sans ce Mur, et surtout sa chute, impossible d’envisager pourquoi, dans une grande capitale européenne, on a pu ouvrir une multitude de lieux alternatifs, souvent faits de bric et de broc, en plein centre‐ville. Et pourquoi une musique d’essence festive comme la techno a pu y connaître un tel écho qui perdure encore aujourd’hui.
Du temps de Berlin‐Ouest, la ville abritait déjà toute une faune d’artistes et de marginaux, venus là pour le faible coût de la vie et pour fuir le service militaire qui n’était, ici, pas obligatoire. Dans cette île occidentale entourée par la RDA, où le spectre de la guerre froide planait plus que partout ailleurs, des musiciens radicaux ont expérimenté de nouvelles sonorités dès les années 1970. On pense bien sûr au krautrock cosmique de Tangerine Dream ou Ash Ra Tempel et un peu plus tard au post punk industriel d’Einstürzende Neubauten.
À jamais les premiers
En marge des « dilettantes géniaux » des années 1980, le jeune Dimitri Hegemann s’imagine davantage comme un organisateur et un agitateur que comme un musicien. Il monte à partir de 1982 le festival Berlin Atonal, dédié à toutes ces musiques déviantes et bizarres, alliant l’image et le son, et où l’utilisation d’instruments électroniques se répand à vitesse grand V. Il crée aussi le Fischbüro, un lieu de rencontres, d’expositions et de performances dadaïstes dans une ancienne cordonnerie. Un espace qui aura une importance capitale par la suite.
À partir de 1986, un nouveau son venu de Chicago et de Grande‐Bretagne pointe le bout de son nez à Berlin, notamment par les radios. L’animatrice de la station publique SFB Monika Dietl propage ces vibrations inédites des deux côtés du Mur, les ondes pouvant difficilement être stoppées par les autorités de l’Est.
Le DJ WestBam organise la première soirée du genre devant un public clairsemé, une antériorité qu’il se disputera avec un autre pionnier, Dr. Motte. Dimitri Hegemann, toujours lui, ouvre en 1988 un premier club acid house, l’UFO, qui se situe dans la cave du Fischbüro et auquel on accède en empruntant une échelle. Le lieu ne peut pas accueillir plus de cent personnes, mais c’est ici que vont se rencontrer la plupart des acteurs de l’embryonnaire scène techno berlinoise. Il se lance aussi dans l’édition musicale avec le label Interfisch et surtout sa subdivision Big Sex Records qui publie dès 1989 Generation 2 – The New Sound Of The Berlin Underground, la première compilation techno de la ville.
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Le 9 novembre de la même année, un événement va venir tout chambouler. À la surprise générale, les autorités est‐allemandes annoncent que les voyages à l’étranger sont désormais autorisés, sans restriction. Le mur de Berlin vient de tomber. Le soir même, de jeunes « Ossis » ayant grandi de l’autre côté du rideau de fer débarquent à l’UFO. Les habitués du club sont interloqués.
Qui sont ces types si mal sapés ? Et surtout, comment connaissent‐ils l’adresse du club ? La réponse est pourtant évidente : par la radio. Plus vite que partout ailleurs, les deux jeunesses fraternisent sur le dancefloor au son d’une musique annonciatrice d’un futur radieux. Ce cocktail constitué de nouvelle musique, de nouvelles drogues – l’ecstasy – et surtout d’une raison impérieuse de faire la fête va s’avérer explosif.
Au bon endroit, au bon moment
Rapidement, un dernier ingrédient va s’inviter dans le shaker : la réappropriation des espaces abandonnés. Berlin‐Est regorge de bâtiments ayant été nationalisés par la RDA quarante ans plus tôt et dont il s’avère compliqué, voire impossible de retrouver les anciens propriétaires. Pendant deux à trois ans après la chute du Mur, il devient possible de monter des soirées du jour au lendemain sans autorisation, dans des immeubles en friche, sans que personne n’y trouve rien à redire. Les autorités sont absentes ou ont tout simplement d’autres choses à faire.
Des soirées s’organisent selon le dispositif de la rave, changeant de lieu chaque semaine. En particulier les Tekknozid, des événements devenus mythiques, organisés par le DJ venu de l’Est WolleXDP, adepte d’une musique plus dure et industrielle qui va être à l’origine du son techno berlinois. D’autres, comme Dimitri Hegemann, vont préférer l’occupation permanente et l’ouverture de clubs. Après avoir fermé l’UFO, il découvre la salle des coffres souterraine d’une banque située dans un ancien magasin Wertheim (l’équivalent allemand des Galeries Lafayette, ndr), flanquée d’épais murs de béton. Avec ça, peu de risques de déranger un voisinage qui, de toute façon, dans ce no man’s land proche de la Potsdamer Platz, n’existe pas.
Il le nomme Tresor et son inauguration a lieu le 13 mars 1991. D’autres clubs se créent dans l’arrondissement de Mitte, le quartier central de Berlin, comme le Planet, le Walfisch, plutôt branché afters, le WMF, le Bunker, qui deviendra le paradis du gabber ou encore l’E-Werk, dans un ancien centre de distribution électrique.
Entre 1989 et 1990, on estime que le public techno à Berlin a été multiplié par dix, passant de 200 à 2000 personnes. En outre, la ville dispose depuis l’après-guerre d’une loi supprimant toute forme de couvre-feu. En clair, les bars et les clubs n’ont aucune heure de fermeture imposée. Une liberté tout à fait appropriée pour des musiques dont le principe même est d’être écoutées sur le temps long.
Enfin, en dehors des scènes raves et clubs, se développent de nombreux squats artistiques, dont certains ne se privent pas d’organiser leurs propres soirées. L’un des plus célèbres est le Tacheles, qui s’ouvre en 1990. À l’hiver 1993/1994, il héberge notamment une tribu de raveurs anglais qui y propose quelques teufs mémorables, les Spiral Tribe. Cette culture du squat, de la réutilisation de lieux industriels ou commerciaux, va faire tout le charme de la scène techno berlinoise jusqu’à nos jours.
Berlin-Détroit
C’est en prospectant pour son label Interfisch que Dimitri Hegemann se rend un jour à Detroit, où il découvre le groupe Final Cut. Il le signe finalement sur Big Sex et l’invite à jouer lors de l’édition 1990 du Berlin Atonal. Parmi les musiciens du groupe se trouve un certain Jeff Mills. Cela marque le début d’une longue collaboration avec les artistes techno de Detroit. Jeff Mills et Blake Baxter sont les premiers Américains invités à mixer au Tresor. Lorsque Dimitri lance un label au nom du club, la première sortie est signée X-101, le projet d’Underground Resistance comprenant Jeff Mills, Robert Hood et Mike Banks.
Par la suite on retrouve sur le label des artistes comme Eddie Fowlkes, Juan Atkins ou encore Drexciya. Bref, une bonne partie des producteurs qui comptent dans la Motor City. Un autre lien avec Detroit est tissé par le magasin Hard Wax, ouvert en 1989 par Mark Ernestus, qui importe des disques techno/house d’outre-Atlantique ainsi que du reggae-dub de Jamaïque, ses deux obsessions musicales.
À côté du magasin se trouvent les locaux du studio Dubplates & Mastering de Moritz von Oswald. Avec Mark Ernestus, ils fondent en 1993 le label Basic Channel, destiné à leurs propres productions dub-techno au souffle et aux sonorités inédits. En 1995, ils lancent Chain Reaction dans une veine similaire, révélant des artistes comme Monolake ou Vladislav Delay. Plutôt incompris à leurs débuts, ces deux labels vont avoir une influence considérable dans l’évolution de la techno berlinoise, notamment lorsque déferlera la vague minimale.
En 1996, les structures de Mark et Moritz déménagent conjointement dans un immeuble au bord d’un canal dans le quartier populaire de Kreuzberg. Situé en fond de cour et en étage, le magasin Hard Wax devient un passage obligé pour les DJ et fans de techno en visite à Berlin. DJ Pete ou encore Marcel Dettmann y prodiguent leurs bons conseils derrière le comptoir. La sélection n’est pas aussi pléthorique que chez le concurrent Spacehall, mais s’avère extrêmement qualitative. Une tradition informelle consiste à inscrire son nom, la date et sa ville d’origine au marqueur dans la cage d’escalier en repartant. Le magasin s’adresse à une niche, certes, mais une niche mondialisée.
Qui veut gagner des millions ?
À une échelle totalement différente, celle du mainstream, un événement berlinois devient rapidement célèbre aux quatre coins du globe. La Love Parade, initiée en 1989 par Dr. Motte, sa compagne et le DJ WestBam. La première édition se déroule sous la forme d’une manifestation alors que le Mur est encore debout et réclame bien entendu sa destruction. De 150 personnes pour ce galop d’essai, elle enfle bientôt à 6 000 en 1991, 500 000 en 1995 et explose tous les compteurs avec 1 500 000 danseurs en 1999. Nicolas, quadragénaire et désormais bon père de famille rangé des Trabants, avait pour habitude de s’y rendre tous les ans à l’aube des années 2000.
« J’adorais la techno et là j’avais vraiment l’impression d’être au cœur du mouvement.
Il y avait une effervescence dans toute la ville. C’était très utopique, presque naïf. On était avant le 11-septembre, il y avait encore une insouciance générale. »
Par son gigantisme, la Love Parade rencontre vite des difficultés. La ville ne la considère plus comme une manifestation politique et lui demande de prendre en charge les frais de nettoyage, notamment dans le Tiergarten. La musique diffusée tend de plus en plus vers une bouillie eurotrance incarnée entre autres par le DJ star Paul van Dyk.
À partir de 1997 se crée un contre événement, la Fuck Parade imaginée par le DJ gabber Trauma XP. En 2004 et 2005, l’effet de mode étant passé, la fréquentation est en forte baisse et, faute de financement, la Parade est annulée. Elle reviendra une dernière fois à Berlin en 2006, portée par un nouvel investisseur avant de se dérouler dans d’autres villes d’Allemagne. Jusqu’au dramatique accident de Duisbourg en 2010 – 21 morts dans une bousculade qui y mettra un terme définitif.
Au début des années 2000, la techno à Berlin n’est plus très en forme. La minimale venue de Francfort ou Cologne est en train de prendre le pouvoir avec des artistes comme Ricardo Villalobos ou le label Perlon. La plupart des clubs historiques ont fermé depuis longtemps, et même le Tresor se voit chassé par des promoteurs immobiliers en avril 2005.
Un premier cycle semble se clore. Cela n’empêche pas certains acteurs de longue date de tirer leur épingle du jeu, comme Ellen Allien qui, avec son label BPitch Control, fait découvrir à une nouvelle génération qui s’éloigne du son techno pur et dur une approche plus pop et/ou breakée. On retrouve là les Modeselektor, Sascha Funke ou encore Apparat.
« Don’t forget to go home »
Tandis que Boys Noize, fraîchement débarqué de Hambourg, rompt radicalement les ponts avec les canons techno, préférant s’inspirer de l’énergie électro-rock des Français Justice, un artiste de BPitch Control va opérer un hold‐up parfait. En tournant dans le film Berlin Calling, dont il compose aussi la BO, Paul Kalkbrenner réalise un coup de maître qui lui permet bientôt de remplir de grandes salles de concert sur son seul nom. En outre, le film, sorti en 2008 met en lumière, au travers de scènes tournées au Bar25 et au Maria, deux nouveaux clubs en vogue, le retour au premier plan des genres house et techno, après une probable overdose de minimale devenue trop épurée et soporifique.
C’est sur BPitch toujours qu’un certain Ben Klock signe ses premiers EP. Il vient d’être embauché dans un club ouvert fin 2004 dans une ancienne centrale électrique au cœur de Friedrichshain, le Berghain/Panorama Bar. Il est la deuxième vie de l’Ostgut, un établissement situé à quelques centaines de mètres, détruit dans le cadre de la construction de l’O2 Arena, et dont la réputation s’était surtout faite dans le milieu gay.

© Michael Mayer / Berghain
Avec le Berghain, les discrets patrons Michael Teufele et Norbert Thormann ont décidé de voir plus grand. Au départ axé sur la minimale qui cartonne, le club revient petit à petit aux fondamentaux techno sous l’impulsion de ses DJ résidents, le précité Ben Klock, Marcel Dettmann ou encore Len Faki. Le label Ostgut Ton est créé pour sortir maxis, albums et compilations représentatifs de ce nouveau son berlinois. Une techno à nouveau plus ample, profonde, mais aussi plus léchée, plus sound designée que celle pratiquée dans les années 1990. Le club mise également sur la longueur des sets proposés, 4 h minimum, et jusqu’à plus de 10 h pour le DJ assurant le closing le dimanche soir.
Avec sa sélection drastique, mais sans règles tangibles à l’entrée, ses fameuses backrooms et alcôves nourrissant tous les fantasmes, l’interdiction totale de faire des photos à l’intérieur et son public plus sexy que le vieux raveur en baggy, il devient vite une référence, le club qu’il faut avoir visité au moins une fois dans sa vie.
Il est à l’image du Berlin des années 2010, la capitale du cool, la « pauvre mais sexy » selon la définition de son maire Klaus Wowereit en 2004. Quant au Tresor… « Après sa réouverture en 2007 dans un nouvel endroit, cela n’a pas marché tout de suite. Ils sont restés sur de la grosse techno alors qu’on est encore dans la minimale. Il leur faudra presque dix ans pour redevenir cool », confie Sierra Sam, producteur belge devenu berlinois il y a une vingtaine d’années.
Le crash de l’Easyjetset
Le tourisme explose, bien aidé par les compagnies aériennes à bas coût. On passe de 6 millions de touristes en 2004 à plus de 14 en 2019. Selon la Clubcommission, cette année-là, près d’un touriste sur trois serait venu spécifiquement pour la vie nocturne berlinoise, rapportant près de 1,5 milliard d’euros à l’économie locale.
Pour désigner ce phénomène, le journaliste Tobias Rapp impose le terme d’Easyjetset dans son livre Lost And Sound, Berlin, Techno And The Easyjetset paru en 2008. Depuis de nombreuses années, des artistes du monde entier viennent aussi s’installer dans la ville. Il faut en être. « À un moment donné, n’importe quel DJ, s’il était basé à Berlin, jouissait d’une plus-value et il pouvait aller jouer partout sans être forcément bon », regrette Sierra Sam. Certains sont depuis repartis, en particulier au Portugal, pour des raisons tout autant climatiques que tristement fiscales.
À la fin des années 2010, on sent déjà que les choses déraillent. Les prix de l’hôtellerie s’envolent et l’aspect festif a totalement pris le pas sur la musique, amenant devant les clubs des gens pas très au fait de ce qu’il s’y passe. L’interdiction de prendre des photos est devenue la norme dans tous les clubs – une bonne chose – mais aussi dans de simples Biergarten en pleine journée – ce qui n’a aucun sens. Dans la file d’attente du Berghain – et même ailleurs – tout le monde s’habille en noir, pensant ainsi pouvoir rentrer plus facilement, donnant aux clubbeurs un bien triste uniforme.
« Selon la Clubcommission, en 2019, près d’un touriste sur trois serait venu pour la vie nocturne berlinoise, rapportant près de 1,5 milliard d’euros à l’économie locale. »
Mais, depuis le coup d’arrêt du Covid, puis la guerre en Ukraine qui a fait s’envoler les prix de l’énergie, Berlin est en crise. « Il a eu beaucoup de monde à la fin des restrictions, les gens étaient frustrés et voulaient faire la fête. Mais depuis, ça s’est beaucoup tassé », confirme Quelza, un artiste techno français installé à Berlin depuis 2017.
Les raisons sont multifactorielles. La plupart des clubs ne sont pas propriétaires de leurs murs, et ont rarement signé des baux de longue durée. Ils restent ainsi à la merci de la spéculation immobilière. C’est ce qui est arrivé au Watergate qui a récemment vu son loyer doubler et ses entrées fondre. La gentrification engendre toujours plus de nouvelles constructions, comme la tour Amazon à Warschauer Strasse, véritable plaie dans ce haut lieu de la vie nocturne, et qui pousse les clubs à s’éloigner toujours plus du centre.
« Un club comme le RSO, qui marche plutôt bien en ciblant les très jeunes avec de la fast-techno et de la hard-trance, a dû partir s’installer à Schöneweide à près de 30 minutes de S-Bahn (le RER allemand, ndr) de l’Alexanderplatz », indique Walter Puyet de Berlin Techno Narrative, organisateur de visites des hauts lieux électroniques de Berlin, éditeur de plusieurs guides spécialisés et impliqué dans la promotion de Rave The Planet, la nouvelle parade de l’increvable Dr. Motte.
Les touristes, ensuite, sont moins nombreux qu’auparavant. D’une part, les scènes électroniques, comme à Paris, se sont énormément développées depuis dix ans. Pourquoi aller à Berlin quand on a désormais tout près de chez soi ? D’autre part, la hausse des prix des billets d’avion et la raréfaction des villes de départ malgré l’ouverture tant attendue de l’aéroport flambant neuf de Berlin-Brandebourg.
« Ils n’utilisent que deux terminaux sur cinq pour l’instant. Ils auraient des problèmes de recrutement de personnel », précise Quelza. Pour tous nos interlocuteurs, la solution passerait par la scène locale, les petits collectifs comme Multisex, dont les soirées cartonnent et se voient désormais ouvrir les portes des grands clubs. Pour s’en sortir, Berlin doit à nouveau se réinventer, tout simplement.
Discographie sélective
Tresor II – Berlin Detroit – A Techno Alliance
(NOVAMUTE, 1993)
Rencontre techno transatlantique : tout est dans le titre.
Basic Channel – BCD (BASIC CHANNEL, 1995)
Le classique dub-techno ultime, intemporel !
Jeff Mills –Metropolis (TRESOR, 2000)
De passage à Berlin, le globe-trotteur invente une BO pour le chef-d’œuvre de Fritz Lang.
Ellen Allien – Berlinette (BPITCH CONTROL, 2003)
La pionnière techno se réinvente avec une électro-pop sensible.
Ricardo Villalobos – Alcachofa (PLAYHOUSE, 2003)
L’album qui impose le producteur germano- chilien comme le pape destroy de la minimale.
Richie Hawtin DE9 | Transitions (M_NUS, 2005)
Le Canadien s’installe à Berlin et redéfinit la notion du DJ-mix.
Paul Kalkbrenner – Berlin Calling (BPITCH CONTROL, 2008)
Carton mérité pour la bande originale du film Berlin Calling.
Marcel Dettmann – Berghain 02 (OSTGUT TON, 2008)
Le mix qui pose les bases du son Berghain pour la décennie à venir.
Moderat – Moderat (BPITCH CONTROL, 2009)
Les rythmes savants de Modeselektor alliés aux nappes texturées d’Apparat. Irrésistible.
Shed – The Killer (50WEAPONS, 2012)
Techno breakée mâtinée d’ambient par l’un des meilleurs producteurs de la ville.
Quelza – Les Somnolentes (MORD, 2023)
Superbe techno infusée à l’IDM par un Français expatrié.