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Sophia Saze
14 juin 2019

Ça sort aujourd’hui : vendredi 14 juin

par Lolita Mang

C’est vendredi, c’est jour de sortie ! Vu qu’il est parfois difficile de s’y retrouver avec tous les disques qui sortent chaque semaine, Tsugi a décidé de vous faciliter la tâche en vous faisant une petite sélection de galettes – LPs et EPs confondus – qui viennent de paraître et qui nous font vraiment envie : voici donc de quoi accompagner votre week‐end avec la techno introspective de Sophia Saze, celle impitoyable de SHDW & Obscure Shape,  la house cosmique de Spaceandtime, les influences pop de Daymark, le R’n’B chic de Basile di Manski, les expérimentations de The Toxic Avenger et l’électro épuré de Jumo.

Sophia Saze — Self – Part I [Kingdoms]

Commençons avec un disque pour le moins inquiétant. Sophia Saze, productrice géorgienne, nous avait habitué à des sons conçus pour le dancefloor. Avec Self – Part I, il n’en est rien. Entre ses textures granuleuses et son ambiance atmosphérique, ce long-format nous ferait volontiers décoller, avec au passage quelques frissons. Née en Géorgie de parents réfugiés politiques, la jeune femme a beaucoup voyagé durant son enfance entre la Russie, la France ou les Etats-Unis. La perte de repères, c’est bien ce que Self nous impose : « L’album incarne l’histoire de ma dualité dans un contexte identitaire, soit l’idée que chaque personne possède différentes couches plus ou moins profondes qu’elle dissimule sous la surface. » Conçu en 48 heures dans son studio, ce bijou cache quelques fragments du passé, comme des dessins-animés soviétiques ou des enregistrements VHS intimes de sa famille. Impossible de savourer cette pièce sans être attentif et concentré : il y a trop de couches à saisir. Pour ce qui est de la suite, Self – Part II sort le 12 juillet prochain. Un mois pour digérer la première partie.

Daymark — Phare [Colligence Records]

On avait déjà été séduits par « Reaching« , le titre introductif de Phare, sorti en avril dernier. Une techno mélodique, presque religieuse, dont les premières notes donnent franchement l’impression de pénétrer dans un sanctuaire. Second EP pour le duo de producteurs de Daymark, qui prouve une nouvelle fois son amour des influences pop sur la techno. « Spirit », le second titre de Phare, en témoigne, avec ses voix lointaines et ses textures stellaires. Deux ans après DAYMARK, son premier EP, le duo nous livre un court-format plus travaillé. Tandis que les deux premiers titres  s’aventurent sur des terrains plus minimalistes, les deux derniers se réconcilient avec l’exubérance et l’émotion des débuts. Une réussite.

SHDW & Obscure Shape — Die Zunge Des Todes [From Another Mind]

La Langue de la mort. Telle est la version gallicisée d’un titre en langue germanique aux consonances dures et gutturales – parfaitement adaptées à ces quatre titres de SHDW & Obscure Shape. Le duo fondateur de From Another Mind propose une techno atmosphérique et brute, auréolée de nappes atmosphériques et soutenue par des rythmiques impitoyables. Les musiques sonnent comme les intitulés : « Marques de morsure »; « Regard noir » ou encore « Pas d’échappatoire ». Bonne chance.

Spaceandtime — Cabin Fever [Capsule]

5ème sortie pour Spaceandtime. Ces spécialistes d’une house cosmique se sont cette fois alliés au producteur canadien Mathew Jonson, friand de techno futuriste. La collaboration s’est faite de manière totalement spontanée : après s’être rencontrés en soirée, les trois producteurs se sont rendus dans le studio de Spaceandtime sur les canaux d’Amsterdam, où ils ont joué, composé et produit jusqu’au lever du jour. Ainsi est né Cabin Fever, un court EP comprenant un titre et deux remixes. L’original est une embarquée planante qui joue à nous faire retenir notre souffle, entre montées et descentes savamment travaillées. Un travail d’orfèvre. Le remix de De Sluwe Vos & Sjamsoedin apporte quelques touches d’acid bien amenées, tandis que celui de Darko Esser revient vers une techno plus sèche qui s’étend vers la trance. Un chouette travail d’équipe.

Jumo — Que des gens de passage [Nowadays Records]

Tout est éphémère. Clément Leveau, alias Jumo, a décidé d’explorer cette idée avec Que des gens de passage, son tout dernier EP au nom bien trouvé. En trois titres, il explore cette thématique : celle des regards qui se croisent dans la rue pour la première et la dernière fois. C’est sans surprise qu’une certaine mélancolie transparaît donc dès « Parfois », le premier morceau de cet opus. Epuré et progressif, le court-format est savamment construit, s’achevant sur un titre pour faire danser à coup sûr, « Carré », qui arrive en dernier pour clôturer cette montée en puissance. Alors on applaudit, et on retourne sur le dancefloor.

The Toxic Avenger — Modular Session #2 [Enchanté Records]

La contrainte crée la performance. Conçus en l’espace de quatre jours, ne s’octroyant qu’une prise, composés uniquement avec un ensemble hardware de synthétiseurs modulaires, ces quatre nouveaux titres sont le fruit des expérimentations et des improvisations du producteur français The Toxic Avenger. Le deuxième volet des Modular Sessions n’est donc pas dans la même veine que ses autres productions : on y trouve une musique électronique minimaliste et expérimentale, badigeonnée de belles textures. Un retour à l’essence même de sa musique, à la manière d’un combattant retournant au dojo pour travailler ses katas, épaulé par Greg Kozo sensei.

Basile di Manski — Transworld [Pain Surprises Records]

Mutation audacieuse mais réussie. Lorsque Basile Di Manski débarquait avec deux EPs en 2016, tout le monde n’avait qu’un mot à la bouche : « dandy ». Parfait pour définir un élégant moustachu s’engouffrant dans la trentaine avec une imagerie arty et psychédélique, dauphin-banane sur fond cosmique en pochette. Parfait également pour dépeindre la pop à synthés délirante qui lui servait de style musical. Mais Basile a changé. Exit les batteries lofi, les petites guitares glonflées à la reverb, la voix de crooner désinvolte. Transworld, son premier long format de douze titres, est définitivement un album de R’n’B pesé et pensé comme tel. Les rythmiques sont déchaînées et syncopées, reproduisant régulièrement des patterns trap, en se permettant quelques touches d’originalité et de folie. Car si les productions sont toutes extrêmement chiadées, on se raccroche ici aux mélodies du chanteur, enrobées pour l’occasion dans une coulée d’autotune et de vocoders. Son timbre devenu vaporeux nous rappelle tantôt The Weeknd et le 808s And Hearthbreaks de Kanye West, tantôt les chansons plaintivement déconstruites du Japonais Joji, mais aussi le mélancolique second degré du cloud rap allemand et les textures électroniques de Club Cheval. Un virage synthétique et très sympathique pour les amateurs de bon R’n’B made in France, avec quelques touches de jolis synthés.

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