Cassius, Naajet, Minuit Machine.. Les sorties de la semaine
Cette semaine, la scène musicale est en pleine effervescence avec des sorties d’albums qui ne manqueront pas de faire vibrer vos oreilles. Au programme : Cassius, The Horrors, Minuit Machine, J-Silk, Tour-Maubourg Ensemble, Japanese Breakfast, Naajet, Greentea Peng, TH da Freak, Beatrice Melissa, Samurai Breaks et Goya Gumbai. On écoute ça ?
Par Siam Catrain et Oumeyma Aouzal
Cassius – 1999 DJ Tool
Six ans après la mort de Philippe ‘Zdar’, Boombass alias Hubert Blanc-Francard, moitié du duo légendaire Cassius a sorti un best of augmenté intitulé 1999 DJ Tool. L’album est taillé pour les clubs, avec des versions extended de tous les titres cultes du premier album 1999, comme ‘Cassius 1999‘, ‘La Mouche‘, ‘Feeling For You‘ et autres classiques qui ont marqué la French Touch. De quoi replonger dans cette époque où le duo faisait trembler les dancefloors avec ses beats et ses samples imparables.
Pour célébrer cette sortie, Boombass a annoncé une tournée mondiale en 2025, qui a débuté au Rex Club à Paris.
The Horrors – Night Life
Avec Night Life, The Horrors renaissent dans la tourmente. Faris Badwan et Rhys Webb, rescapés du groupe, transforment cette amputation en un livre blanc rock – à prendre ou à laisser. Enregistré entre Londres et Los Angeles, sous la houlette d’Yves Rothman, l’album a deux mojos : tensions synthétiques (‘Lotus Eater‘) et éclats brûlants (‘Ariel‘). La voix de Badwan hante ce nouveau projet et culmine sur ‘The Silence That Remains’, confession douloureuse sur la perte paternelle. Night Life n’est pas ‘que’ nostalgie et embrasse avant tout l’urgence et la nuit, sur un son brut et cathartique. Un retour sombre et à votre appréciation.
Minuit Machine – QUEENDOM
Seule avec son laptop. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, la pochette du cinquième album de Minuit Machine fera office de mise à jour : le duo est devenu solo. Des problèmes d’audition survenus pendant l’enregistrement du précédent album ont en effet contraint Hélène de Thoury à quitter le groupe il y a trois ans, laissant Amandine Stioui seule aux manettes de ce projet électro-dark-pop démarré en 2013.
Un changement de configuration pas anodin : jusqu’à présent Hélène s’occupait de la partie instrumentale, Amandine de la partie vocale. Il est pourtant moins question de rupture que de continuité sur ce premier album en solo pour lequel Amandine qui s’est fait épauler par Lloyd Philippon, connu pour ses productions techno rentre-dedans, mais mélodiques sous le nom de RAUMM.
Les fans de Minuit Machine ne seront a priori pas décontenancés : les arpèges synthétiques eighties et beats électro /techno tranchants dominent pour l’essentiel. Pour les textes, on reste dans le romantisme queer même si pour la première fois, Amandine Stioui s’est essayé au chant en français. Il y a quand même une évolution notable : un son plus pop, plus gonflé, qui décolle plus haut, à l’image des redoutables ‘Hold Me‘, ‘Cent fois‘ et ‘Party People’.
Une chronique de Gérome Darmendrail disponible dans le mag 178
J-Silk – §imone
Avec §imone, J-Silk affine encore son groove, jonglant entre 2-step saccadé, accords de jazz feutrés et textures RnB nappées d’harmonies vocales. La recette J-Silk ? C’est le résultat de l’équilibre parfait de ce duo. D’une part, Joanna pose sa voix sur des beats ciselés à la J Dilla, entre ghost notes et shuffle minimaliste. D’autre part, Louis trame des lignes de basse moelleuses façon Pino Palladino, jouant sur des progressions harmoniques néo-soul à la D’Angelo.
Les percussions souvent déconstruites, flirtent avec la UK garage tandis que les synthés colorent l’ensemble d’une chaleur venue des belles contrées analogiques. Chaque morceau respire l’organicité, entre samples réarrangés et breaks jazz. Résultat ? On voudrait se mettre §imone autour du cou pour qu’il ne puisse plus jamais nous quitter.
Tour-Maubourg Ensemble – The Panorama Sessions Vol.2
C’était logique. À force d’être qualifiée d’organique, la deep house jazz de Pierre d’Estienne d’Orves devait un jour ou l’autre rencontrer de ‘vrais’ musiciens. C’est une réalité avec cet EP de réinterprétation de ses œuvres avec un groupe live. À l’écoute de ces versions irradiantes, on se dit quand même que le Français est un sacré compositeur. Forcément sublime.
Une chronique de Patrice Bardot disponible dans le mag 178
Japanese Breakfast – For Melancholy Brunettes (& Sad Women)
Le nouvel album de Japanese Breakfast, For Melancholy Brunettes (& Sad Women), marque une évolution notable dans la discographie du groupe américain. S’éloignant de l’optimisme pop de Jubilee, cet opus explore des territoires plus introspectifs et mélancoliques. La production, assurée par Blake Mills, confère une profondeur sonore avec des arrangements orchestraux subtils et des progressions d’accords dissonantes qui créent une atmosphère tendue.
Les compositions se distinguent par des structures plus complexes, intégrant des éléments de musique classique et de folk, tout en conservant l’essence indie rock du groupe. Le single ‘Orlando in Love‘ illustre cette approche, mêlant des mélodies délicates à une orchestration riche, tandis que ‘Men in Bars‘, en duo avec Jeff Bridges, offre une profondeur émotionnelle particulière.
L’album se caractérise également par une utilisation inventive des textures sonores, avec des guitares entrelacées, des réverbérations prolongées et des arrangements ambiants qui enveloppent l’auditeur. Cette approche confère à l’ensemble une chaleur et une profondeur qui témoignent de la maturité artistique de Michelle Zauner.
Naajet – High On Heat (EP)
Naajet, force de la scène parisienne, s’impose comme DJ, productrice et co-fondatrice du collectif Bande de Filles. Avec des années d’expérience en tant que danseuse, sa maîtrise du groove s’immisce naturellement dans ses sets où elle mélange house, soulful, UK garage et techno.
Elle vient de lâcher son nouvel EP High On Heat sur son label SWEAT Records. Un vrai cocktail électronique explosif. Entre house, techno et vibes un peu plus expérimentales, elle nous embarque entre sensualité et énergie à chaque morceay. Avec ses quatre titres, l’EP oscille entre ambiance profonde et rythmes qui te donnent juste envie de bouger.
Greentea Peng – Tell Dem It’s Sunny
Greentea Peng, artiste britannique aux multiples facettes, revient avec un nouvel album, Tell Dem It’s Sunny. Cet opus fusionne habilement des rythmes breakbeat, trip-hop, jungle et grime, le tout imprégné d’une essence dub omniprésente. Les nappes psychédéliques et mélancoliques servent d’écrin à la voix envoûtante de Greentea Peng, capable de passer du spoken word à des envolées vocales lumineuses en un clin d’œil. Les paroles à la fois politiques, spirituelles et parfois absurdes, s’accordent parfaitement avec les boucles et les lignes de basse élaborées.
TH da Freak – Negative Freaks
TH Da Freak, collectif musical français, vient de dévoiler son quinzième album, Negative Freaks, ce vendredi 21 mars. L’album est une fusion de grunge, proto-punk et autres influences, offrant une palette sonore riche et variée. Des morceaux comme ‘I’m Still’ illustrent cette diversité, mêlant des rythmes effrénés à des paroles introspectives. Écoutez donc.
Beatrice Melissa – Secret
Le duo Beatrice et Mélissa, ou plutôt Beatrice Melissa, vient de sortir l’album Secret. C’est un projet où deux univers parallèles se croisent, s’entrelacent et disparaissent dans un même souffle. Beatrice, l’âme de la club music, apporte un côté brut électronique. Mélissa, pianiste classique et fan de folk installe la douceur, l’émotion et cette ambiance jazzy qui fait fondre tout le reste. Ensemble, elles créent un monstre hybride qui ne ressemble à rien d’autre.
Cet album est une explosion de genres comme un puzzle déstructuré : club music, ambient, trip-hop, UK garage, et techno qui se glissent dans chaque recoin, un morceau à la fois. ‘Days’ t’attrape direct, comme un voyage dans le temps, un trip-hop nostalgique des années 90. Puis, t’es propulsé dans ‘Emergency’, une satire grinçante sur la bureaucratie française, où les voix se télescopent sur une house qui déjoue les règles. Et ça continue, avec des morceaux comme ‘Fight’, où l’amitié devient une bataille sonore, un tango entre tension et catharsis.
Samurai Breaks – Cooking With Gas
Samurai Breaks est un incontournable de la UKG. Difficile pour les fans du genre de ne pas avoir des étoiles dans les yeux en apprenant qu’il sort un nouvel album. Nouveau projet longuement teasé, Cooking with Gas. La recette n’a pas changé, elle s’est améliorée. Les ingrédients aussi. Ghetto tech sauvage, breakbeat sautillant et samples venus de la pure tradition UK garage ont été mijotés avec soin. Après un tel travail derrière les fourneaux, difficile de ne pas glisser dans sa playlist (ou sa clé) un ‘Untameable Booty‘ ou un ‘Flip It On Top‘ pour se mettre correctement à table.
Goya Gumbani – Warlord Of The Weejuns
Pour ses débuts sur le label Ghostly International, Goya Gumbani a décidé de rendre hommage à ses deux villes de cœur : Londres et New York. Sur Warlord Of The Weejuns, il mélange dans un shaker la nouvelle génération du jazz londonien, avec un phrasé et un sens de la narration inspirés du hip-hop new-yorkais. Cet adroit mélange a su en séduire plus d’un·e. La preuve avec les collaborations qui viennent trôner sur ce disque : Will Stowe, Yaya Bey et Joe Armon-Jones (Ezra Collective).