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© The BRIT Awards 2025 / Myles Smith / Erza Collective / Chappell Roan
3 mars 2025

Aux BRITs, les discours ont défendu la scène émergente

par Siam Catrain

Ce premier mars, sur la scène de l’O2 Arena de Londres se tenait la 45e édition des BRIT Awards. Si la soirée était majoritairement aux couleurs vertes flashy de l’album BRAT par Charli XCX, Ezra Collective, Chappell Roan et Myles Smith ont profité de leurs discours pour soutenir la scène émergente.

Des discours lors des cérémonies de remise de prix, on en a vu beaucoup qui se terminaient par un « merci papa, merci maman ». Lors de cette 45e édition des BRIT Awards, les quelques minutes accordées lors de la remise de la statuette ont été utilisées à d’autres fins.

Couronné meilleur groupe de 2025 après leur excellent disque Dance, No One’s Watching, Ezra Collective a pris le micro pour plaider en faveur des artistes émergents. La bande a dénoncé le manque de place et d’opportunités offertes à ceux qui souhaitent apporter de nouvelles couleurs à l’industrie.

« La raison pour laquelle nous continuons à frapper ce tambour, c’est qu’il y a tant de problèmes auxquels est confrontée la société au sens large au Royaume-Uni, que nous nous demandons comment les résoudre. Mais la solution consiste à donner une trompette à un jeune, la solution consiste à donner un saxophone à un jeune. En faisant cela, on lui donne un rêve, une aspiration et un objectif. »

 

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À son tour, Myles Smith a interpelé le gouvernement sur sa politique culturelle. Les salles de concert et les clubs ferment, tandis que le financement des arts fondent. L’austérité des conservateurs est remise en cause : elle plonge dans la précarité les acteurs qui font rayonner la scène culturelle.

« Ce soir, alors que j’ai l’attention de la nation et ce prix qui me donne un pouvoir d’expression vraiment génial, je voudrais poser trois questions.

La première s’adresse au gouvernement : si la musique britannique est l’une des exportations culturelles les plus puissantes que nous ayons, pourquoi l’avons-nous traitée comme un second couteau pendant tant d’années ? Combien de salles devront fermer, combien de programmes musicaux devront être supprimés avant que nous ne réalisions que nous ne pouvons pas nous contenter de célébrer le succès, mais que nous devons protéger les fondations qui le créent.

Ma deuxième question s’adresse aux plus grandes salles du monde : les artistes qui font salle comble dans vos arènes et vos stades ont commencé dans des salles ‘de base’, que faites-vous pour les maintenir en vie ?

Enfin, ma troisième question s’adresse à l’industrie, aux cadres présents dans la salle et aux personnes qui travaillent en coulisses : construisons-nous des carrières ou ne faisons-nous que courir après des moments ? Parce que les moments s’effacent et que les carrières prennent du temps. Alors s’il vous plaît, restez avec les artistes au-delà de leur premier succès viral, au-delà de leur première tournée, parce que c’est vraiment important pour nous. »

Récompensée pour la chanson internationale de l’année avec « Good Luck, Babe!« , Chappell Roan a mis les points sur quelques I : une carrière se construit à travers plusieurs échecs. Ce sont les morceaux ratés et les shows catastrophiques qui forgent un-e artiste et l’amènent à créer une musique qui rassemble.

« Les artistes méritent la liberté d’écrire de mauvaises chansons et d’explorer des concepts horribles, de faire des flops et de se relever. De ne pas être contraints de faire de la musique sur la base de ce qui est à la mode. Nous devons continuer à soutenir ces artistes, afin qu’ils puissent connaître le succès selon leurs propres termes et avoir une longue carrière. »

Les termes ont été posés. Reste plus qu’à espérer qu’ils feront écho dans les bureaux des maisons de disques et les cabinets des gouvernements. Merci en tout cas, aux artistes dans la lumière et-ou mainstream, qui prennent la parole pour les plus précaires/ménacés.

 

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