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©Bart Heemskerk
30 janvier 2020

Ces 5 filles qui ont marqué le festival Eurosonic 2020

par Clémence Meunier

Du 15 au 18 janvier 2020, nous étions dans la ville de Groningen aux Pays-Bas pour tenter de repérer les artistes qui sont en train de construire le futur de la scène musicale européenne, au festival Eurosonic. On vous raconte.

On espère un jour ne plus avoir besoin de le noter. Mais en attendant, ne boudons pas cet encore trop rare plaisir : cette année, la programmation d’Eurosonic, ou en tout cas les cinq coups de cœur qui s’en dégagent côté Tsugi, faisait la part belle aux femmes, de celles qui portent leur projet solo sur le devant de la scène. Ou plutôt des scènes, Eurosonic s’installant du 15 au 18 janvier dans les nombreux bars, clubs et salles de Groningen, au nord des Pays-Bas, pour des concerts d’une demi-heure portés sur la découverte d’inconnus européens. Quatre jours de course, 350 artistes programmés, avec 4300 bookeurs, programmateurs, agents ou journalistes trottant d’un concert à l’autre. Le réconfort entre deux shows ? Les croquettes brûlantes et au contenu incertain que les noctambules chopent traditionnellement dans des distributeurs du centre-ville. C’est dégueulasse mais on s’y fait. Ce descriptif, dieu merci, ne sera pas celui de ces cinq coups de cœur au féminin du festival.

Sinead O’Brien

©Jorn Baars

L’Irlandaise (avec un nom pareil, on aura deviné) scandait ses paroles en spoken-word sur fond de guitares nerveuses, plantée tout en charisme sur la scène du Vera – salle mythique de Groningen aillant accueilli Joy Division, les Cure, Sonic Youth ou Nirvana. Sinead O’Brien oscille plutôt entre Patti Smith et Kurt Vile. Impossible de détacher les yeux de cette poétesse aux longs cheveux bruns.

Sylvie Kreusch

Même constat chez Sylvie Kreusch, le dernier jour du festival, avec ses chansons de pop étrange portées par des percussions et un sens de la dramaturgie certain. Entre meneuse de cabaret et créature vaudou possédée, elle ondule depuis les cages de la discothèque Kokomo, qui ont vraisemblablement plus l’habitude d’accueillir des fêtardes bourrées en fin de soirée. Mais là, entre prière a cappella et futurs hits de l’indie-pop (en tout cas, on l’espère pour elle), l’ancienne choriste du chanteur belge Warhaus a beau en faire des caisses, la magie prend, comme à l’Ubu de Rennes un mois plus tôt, où elle clôturait les Trans Musicales.

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Coup de pouce : Sylvie Kreusch

 

Camilla Sparksss

©Jorn Baars

Ne vous fiez pas à son pseudo : il n’est pas question de paillettes dans le live de Camilla Sparksss. Ou alors elles seront plus noires que noires, et là uniquement pour illustrer son album d’électro expérimentale Brutal (ça ne s’invente pas) sorti en avril dernier. On avait déjà croisé la Canadienne à la basse et au chant dans le duo rock noise Peter Kernel, on la retrouve aujourd’hui derrière ses machines, pour un voyage d’électronique vantablack chantée. Inquiétant, tranchant, sépulcral, fascinant.

Joy Crookes

Changement d’ambiance au Huize Maas avec la jeune (20 ans !) Londonienne Joy Crookes et sa voix soul rappelant parfois Amy Winehouse. On a eu un coup de cœur ultime pour la ballade « Don’t Let Me Down », un bijou.

Charlotte Adigéry

Protégée des frères Soulwax, Charlotte Adigéry a chauffé à blanc un Huize Maas plein comme un œuf le vendredi soir, avec un live brut, percussif et sexy, où elle mêle un son house organique à des influences caribéennes.

©Bart Heemskerk

Mais aussi…

Pongo et Flohio, qui avec deux styles différents (kuduro pour la première, grime pour la seconde), ont remporté un Music Moves Talent Award (MMETA pour les intimes) lors de la traditionnelle remise des prix qui récompense chaque année des talents européens. A revoir également cette année : la Française Oklou voguant entre électro et r’n’b, les rappeuses Muthoni Drummer Queen, Tribade et Alyona Alyona, la soul de Celeste, et la rencontre post-punk/électronique des deux Françaises d’Oktober Lieber. Who run the world ?

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