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Ariane Roy, Thierry Larose et Lou-Adriane Cassidy © Victor Diaz Lamich
27 juillet 2022

Ces étoiles montantes de la scène québecoise aux Francos de Montréal

par Patrice Demailly

Toujours aussi affriolantes et dédiées cette année à Karim Ouellet, chanteur disparu il y a quelques mois à l’âge de 37 ans, les Francos de Montréal ont livré un panaché à la fois fédérateur et pointu entre affirmation de la musique urbaine, stars locales et belles découvertes. Tour d’horizon de l’excitante nouvelle garde québecoise.

Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy et Thierry Larose

Tout en haut du « sensationomètre ». Le trio a provoqué une vraie déflagration lors de l’ultime journée : criant aussi bien de complicité que de complémentarité, armé de chansons constamment fréquentables – foudroyantes même pour certaines -, intensité folle et sans relâche. Cette réunion musicale placée sous le sceau de l’amitié (les deux jeunes filles ont d’ailleurs annoncé, sur scène, se connaître depuis l’âge de neuf ans) et du partage de répertoire respectif avait comme une allure de déclaration d’intention générationnelle. Si on avait scellé un solide pacte il y a trois ans avec Lou-Adriane Cassidy, confirmé par un emballant deuxième album concis et orageux (Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir), on vient incontestablement de signer un autre accord de totale adhésion à l’égard d’Ariane Roy.

Elle aussi, à mi-parcours de la traversée de sa vingtaine. Elle aussi québecoise. Elle aussi, traversée par une élégance sauvage. Épatants et portés par des vents variables, les morceaux de son premier disque (medium plaisir) sont des petites pépites d’atmosphères accrocheuses. Quant au dernier larron, Thierry Larose, il officie dans les soubassements d’une pop lo-fi et navigue à belle hauteur indie-rock. Mélodiste qu’on imagine déjà imparable, la garçon vient de décrocher le prix Félix Leclerc. Et donc, par la même occasion, son ticket l’été prochain pour les Francofolies de la Rochelle.

Valence

Frustration extrême que celle de ne pas avoir pu assister à son concert solo, annulé en dernière minute pour cause de violents orages. Parce que l’avant-veille du déluge, Valence faisait partie de l’équipage de La Traversée (comme Ariane Roy mais aussi Terrier et Ussar notamment), rencontre croisée franco-canadienne à l’initiative du dispositif d’accompagnement du Fair et de l’École nationale de la chanson de Granby entre huit artistes issues des deux côtés de l’Atlantique. Et difficile de résister à sa présence happante, son plaisir contagieux, sa voix légèrement éthérée ainsi que sa souplesse de musicien. S’en convaincre définitivement avec l’écoute de son album sorti il y a dix mois, le bien nommé Pêle-mêle, entre percée jubilatoire (« America », en boucle), nonchalance funky, nostalgie lumineuse et groove irrésistible.

Fredz

« Tu as vu ma tête et ma coupe au bol ? J’me suis fait ça en pensant que ça allait revenir à la mode, mais c’est jamais revenu…Putain », ironise-il au sein de « Film », l’un des excellents morceaux de son album Astronaute. Ne pas se fier à ses faux-airs de Harry Potter version québecoise, ni sourciller parce qu’il a été repéré et signé par K. Maro. Fredz n’est pas vraiment dans la mouvance à réclamer une « Femme like you » ou à mettre des bourre-pifs dans les aéroports. Seulement âgé de vingt-ans, le jeune montréalais rejoint le peloton de tête de ceux qui roulent pour un rap disponible à accueillir la chanson française et la pop.

Chez lui, un flow rétro et indolent, une alliance des beats et de la chaleur organique, une belle précision dans les textes introspectifs et généralement en phase avec les ressentis de la génération Y. Fredz, pont manquant entre Nefkeu et Les Louanges, se nourrit de sa candeur mais ne s’y noie jamais. Boule Noire parisienne rapidement comble sans promo et vitrine professionnelle imminente à La Rochelle.

Et aussi…

Maryline Leonard a 21 ans à peine mais une maturité déjà impressionnante. Révélée par la version québecoise de The Voice en 2017, elle taille ses chansons en leur injectant une pointe de soul ou de R&B, raconte des amours contrariées au féminin, sans mélo ni trémolo. Et reprend avec aplomb « Baby One More Time » de Britney Spears. Si la production peut encore être rehaussée d’un cran, on sent qu’elle en a sous la semelle. La remarque vaut également pour Allô Fantôme et le fantasque Lumière (protégé de Pierre Lapointe), tous deux happés par la vision musicale débridée des années 70.

Meilleur moment : Le spectacle Le roy, La rose et Le lou(p), en l’occurrence Ariane Roy, Thierry Larose et Lou-Adriane Cassidy. Coups de cœur renouvelés aussi pour Ariane Moffatt, Koriass et Hubert Lenoir.

Pire moment : Corneille. C’est bien beau de vouloir vivre « chaque jour comme le dernier » mais ça ne s’écoute pas.

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