« Chiroptera » , la collab JR x Bangalter racontée dans un docu Arte
ARTE vient de sortir un documentaire Dans la lumière – Au coeur de la création du spectacle signé JR, Damien Jalet et Thomas Bangalter. Il dévoile la collaboration artistique entre l’artiste visuel, le chorégraphe et l’ancien membre de Daft Punk. Trois talents réunis pour créer l’oeuvre « Chiroptera » : une performance pour 154 danseurs du monde entier perchés sur les échafaudages du Palais Garnier à Paris, à l’automne 2023. On vous en parle !
Fin 2023, l’Opéra de Paris sollicite l’artiste urbain JR pour transformer, dans le cadre des travaux de restauration du monument, le chantier sur la façade du Palais Garnier en un terrain de jeu créatif. Il s’entoure alors du chorégraphe Damien Jalet et du grand Thomas Bangalter pour créer avec lui ce qu’il a en tête : une performance pour 154 danseurs venus du monde entier.
Cette aventure humaine et artistique devait être documentée, et c’est chose faite grâce au réalisateur Vincent Lorca pour ARTE. Le résultat, c’est une demi-heure de documentaire qui nous plonge dans les coulisses de ce spectacle aux enjeux techniques complexes. Le documentaire s’immerge au coeur de la création de ce spectacle, dont la bande sonore créée par Thomas Bangalter révèle sa vision et son travail de la musique autour de la flûte et de la voix.
« Chiroptera » comme une référence à l’allégorie de Platon
Tout débute par une transformation de la façade du bâtiment en une grande entrée de caverne, référence à l’allégorie de Platon (dit « de la caverne » où le philosophe grec expose les conditions d’accession de l’humain au bien) qui parle énormément à JR. « Cette métaphore est malheureusement très proche de l’époque dans laquelle on vit. Parce qu’aujourd’hui, nos cavernes sont les réseaux sociaux. C’est le fait d’être tous dans nos propres bulles, à travers nos préjugés et nos peurs qui nous sont ramenées dans nos bulles par les gens qui véhiculent ces idées » explique-t-il. « Et c’est très dur de se sortir de ça pour comprendre qu’on peut aller voir une autre réalité, une autre vérité. On est en train de perdre ça. »
Le documentaire présente d’abord le premier acte de son projet : des projections vidéos de danseurs sur la façade, pour inviter les gens à sortir de leur caverne et à aller voir ce qu’il se passe dehors. Ces images ont été projetées lors de quatre soirées en septembre 2023, devant un public nombreux et captivé, même sous la pluie. S’ensuivent des images impressionnantes des danseurs en train de répéter, avec un échafaudage de 30 mètres de hauteur comme terrain de jeu : l’acte 2.
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La bande-sonore abyssale de Thomas Bangalter
Pour compléter l’équipe, JR propose à Thomas Bangalter de se joindre à l’aventure, sans forcément d’idée précise quant au résultat final. « Moi j’avais envie de prendre ces matières de flûtes, ces matières de voix et de les sculpter, les malaxer, d’expérimenter avec » raconte Thomas Bangalter. « Ce qui m’intéressait, comme on partait de la caverne, c’était un point de départ très animal, de la nature, des bruits. Se demander à quel moment ces bruits de la nature deviennent de la musique. »
Le documentaire donne à voir un Thomas Bangalter plus que concentré, travaillant sur la musique du projet en dessinant sur sa tablette puis en écoutant le résultat sonore de ses dessins. Une musique abyssale, fond sonore d’une caverne mystérieuse.
Une fois la musique terminée, place au travail en commun avec le chorégraphe Damien Jalet. Un travail chorégraphique avec les 154 danseurs, dont la danseuse étoile Amandine Albisson qui ouvrira la performance, seule devant le Palais Garnier.
Car le plus impressionnant dans ce documentaire, ce sont les images de l’acte 2. Le 12 novembre 2023, soir de représentation, la place de l’Opéra est noire de monde. Tous les danseurs sont habillés de combinaisons carrées et fluides qui rappellent des ailes de chauves-souris. Ces 154 carrés blancs sur fond noir forment alors un véritable puzzle interactif tout en hauteur et verticalité. La chorégraphie est précise, exécute des mouvements le long de la façade, comme des vagues de lumière créées par les danseurs.
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Le tout est éclairé par les personnes du public qui ont amené des lampes frontales, et cela aussi fait partie de l’allégorie : pour JR, c’est l’idée qu’il faut revenir, entrer à nouveau dans la caverne en apportant sa lumière pour mieux voir. « Parce que dans des moments comme ça où il y a tant d’obscurité autour de nous, on ne chasse pas l’obscurité par l’obscurité » explique-t-il. Et Damien Jalet le rejoint : « Dans l’obscurité la plus totale, c’est là qu’on peut vraiment voir la lumière de certaines personnes. Et je pense que c’est un peu ça, le message secret de « Chiroptera ».
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Dans la lumière, un beau documentaire sur ce projet « Retour à la caverne » de JR, Thomas Bangalter et Damien Jalet. Une superbe mise en avant du processus de création de ce ballet performance présenté sur la place de l’Opéra, l’automne dernier devant plus de 25 000 personnes.
Le documentaire est disponible gratuitement sur ARTE. Bon visionnage !