Chronique : Rone – Spanish Breakfast
Quoi de plus cale-pouffe qu’un petit-déjeuner ibère ? En toute logique, Spanish Breakfast aurait dû être lourd, gras et sucré à souhait. Or l’album de Rone s’inscrit aux antipodes : à la fois aérien, élégiaque et racé. Révélé en 2007 sur le mix At The Controls d’Agoria (qui le signera fissa sur son label InFiné), son premier maxi “Bora” vacillait de l’électronica la plus mélodieuse à la techno la plus ambient, entre deux envolées psychés. Depuis, ce jeune producteur parisien au physique de chouchou de la maîtresse n’a cessé d’envoûter les platines d’Ellen Allien ou Lawrence. Rone figure encore sur le dernier mix de Sasha aux côtés de Thom Yorke, Matthew Dear ou Telefon Tel Aviv. Y’a pire dans la vie… Alors voilà, son Spanish Breakfast déploie des compositions aussi ravissantes que complexes.
Serti de synthés sinusoïdaux, de basses prognathes et de rythmiques heurtées, il évoque tantôt un Boards Of Canada tachycardique (“Spanish Breakfast”), un Trentemøller qui aurait pris un sacré coup de lune sur le pif (“Aya Ama”), un Apparat sous amphés (“Poisson pilote”) ou un Yann Encre du 93 (le featuring crépusculaire de “Bora” par le romancier SF Alain Damasio). Seul (petit) bémol : les solos de saxo façon Saint Germain vs Vangelis sur “La Dame blanche”. (Eléonore Colin)
Spanish Breakfast (InFiné/Discograph)