Seabed a pour ambition de devenir le disque ultime à écouter au fond de son lit.

Chronique : Vondelpark — Seabed

Lewis Rains­bury, le leader de ce trio anglais, avait annon­cé la couleur dès le départ : selon lui, Seabed a pour ambi­tion de devenir le disque ultime à écouter au fond de son lit. On vous laisse choisir ce que vous avez envie de faire avec ce genre de bande orig­i­nale, mais per­son­nelle­ment, on pencherait plutôt pour du ­cra­puleux. Kitsch, Von­del­park l’est un peu, mais avec une approche de la pop si sophis­tiquée qu’on se sent d’humeur indul­gente. Ce disque sent le stupre feu­tré, les phéromones soul et les déhanche­ments lan­goureux en contre-jour, à en faire tourn­er la tête. Mais c’est bien le R&B, ver­sion love, qui pré­domine sur l’équation. Le fan­tôme de James Blake souf­fle ses bons con­seils là où il faut (“Always For­ev­er”, sub­tile­ment auto­tuné, fait claire­ment écho au tim­bre du pro­duc­teur qui squat­te la couv’ de ce numéro), un peu trop même, si bien qu’on se réori­ente naturelle­ment vers les pistes qui s’en détachent suff­isam­ment pour paraître hon­nêtes (les sub­limes “Cal­i­for­nia Ana­log Dream” et “Drac­u­la”). À ceux qui reprocheront à Von­del­park son manque de punch, nous répon­drons que cette vérité est aisé­ment con­tre­bal­ancée par un impres­sion­nant sens des ambiances. Presque dan­gereux de sen­su­al­ité. (Math­ias Riquier)

Seabed (R&S/Modulor)

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