Coup de pouce : Laurel

Par­fois, on tombe dans nos mails ou totale­ment par hasard sur un morceau, un artiste ou un clip qui nous colle à notre chaise. Alors on en par­le, tout sim­ple­ment, comme ici avec Lau­rel, venant de révéler un pre­mier album poignant et déchi­rant. Ce sont les “coups de pouce” de la rédac’.

En 2014, Lau­rel a à peine la ving­taine qu’elle s’of­fre déjà les louanges de Vogue, Inter­view Mag­a­zine et une ses­sion VEVO DSCVR. Accom­pa­g­nés de clips esthé­tiques et tra­vail­lés, ses deux pre­miers EPs, To The Hills et Holy Water, décan­tent une électro-pop légère mais mar­quante alors que les médias l’éri­gent déjà en “nou­velle Lana Del Rey. Tout comme elle, la Lon­doni­enne dégage une aura forte, grâce à des paroles évo­ca­tri­ces et une voix envoû­tante. Jusqu’à se faire remar­quer par la BBC et jouer au pres­tigieux fes­ti­val Radio 1’s Big Week­end — devant une ving­taine de per­son­nes, certes — l’an­née suiv­ante. Pour­tant, mal­gré tout cela, le suc­cès ne décolle jamais et Lau­rel reste can­ton­née aux tré­fonds intimes de la scène alter­na­tive bri­tan­nique. Puis, out­re la sor­tie offi­cielle — le titre était déjà disponible sur Inter­net depuis des années — du sin­gle “Blue Blood” à l’été 2015, la chanteuse se fait plutôt discrète.

Mars 2016, elle sort enfin du silence et dévoile “Life Worth Liv­ing”. On com­prend vite la rai­son de cette pause : Lau­rel a annulé son album et tro­qué son clavier pour une gui­tare. Le résul­tat est brut, pro­fond, enivrant. On n’avait jamais aus­si bien enten­du sa voix, qui appa­raît plus brisée que jamais. “San Fran­cis­co”, “Hur­ri­cane”, “Maybe Baby” : les titres con­tin­u­ent d’af­fluer dans ce même mélange pop-rock, bien plus som­bre qu’au­par­a­vant. Et pour mar­quer ce soudain revire­ment de style, tous ses anciens clips sont aujour­d’hui introu­vables sur YouTube.

Qua­tre ans plus tard, après avoir écumé les scènes européennes, Lau­rel a enfin dévoilé son pre­mier album tant atten­du. Dogvi­o­let - nom­mé après la fleur vio­lette, célébrant l’amour timide et dis­cret — débute inévitable­ment par le sym­bol­ique “Life Worth Liv­ing”. Du haut de ses 24 ans, celle qui a voulu devenir chanteuse grâce à Brit­ney Spears extéri­orise ses émo­tions dans une suc­ces­sion de douze titres crus. Rien n’est fait pour essay­er de cacher les imper­fec­tions, à l’im­age de ses con­certs qu’elle joue seule avec sa gui­tare. La Bri­tan­nique explique : J’ai écrit ces chan­sons à la mai­son, sou­vent en m’en­fer­mant pen­dant un cer­tain temps, pour cap­tur­er la réelle frénésie qui vient de l’amour; bien que ce soit une belle sen­sa­tion, on ressent sou­vent des choses bien pires.” 

Incroy­able­ment per­son­nel mais tout aus­si uni­versel, l’al­bum explore l’amour dans son côté le plus dra­ma­tique. Après un morceau d’ou­ver­ture jovial et heureux, l’ob­scu­rité prend le dessus. Avec son déchi­rant pré-refrain (“If you loved me, why did you leave? If you need me, why did you go? If you want me, why don’t you see?”), “All Star” donne le ton. Sur les plus som­bres “South Coast”, “Hold Tight” et “Emp­ty Kiss­es”, la chanteuse part dans des sub­limes envolées lyriques et vocales poignantes, l’a­pogée inter­venant dans l’in­tense “Sun King” et ses “All I have been dream­ing of is you. Now what is life but a dream?”.

Ces paroles lour­des n’empêchent pas la Bri­tan­nique de diverg­er vers des titres plus ryth­més. Dès les pre­mières sec­on­des (“You’ve been wast­ing my time, hon­ey, I’ve been wast­ing your life, baby”), le somptueux “Adored” mon­tre tout le poten­tiel de sa voix dans ses moments les plus énervés. Plus pop, “Same Mis­takes” et “Take It Back” appor­tent une agréable touche de légèreté rap­pelant ses pre­miers essais.

Avec ce pre­mier album, Lau­rel s’est affranchie de toutes les com­para­isons pour créer sa pro­pre essence : celle d’une fille de 24 ans, pleine d’é­mo­tions et de ran­coeur mais surtout pleine de talent.

Lau­rel vien­dra présen­ter Dogvi­o­let lors de son con­cert au Pop-Up du Label le 5 octo­bre prochain.

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