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27 août 2018

Coup de pouce : Laurel

par Simon Brazeilles

Parfois, on tombe dans nos mails ou totalement par hasard sur un morceau, un artiste ou un clip qui nous colle à notre chaise. Alors on en parle, tout simplement, comme ici avec Laurel, venant de révéler un premier album poignant et déchirant. Ce sont les “coups de pouce” de la rédac’.

En 2014, Laurel a à peine la vingtaine qu’elle s’offre déjà les louanges de Vogue, Interview Magazine et une session VEVO DSCVR. Accompagnés de clips esthétiques et travaillés, ses deux premiers EPs, To The Hills et Holy Water, décantent une électro-pop légère mais marquante alors que les médias l’érigent déjà en « nouvelle Lana Del Rey« . Tout comme elle, la Londonienne dégage une aura forte, grâce à des paroles évocatrices et une voix envoûtante. Jusqu’à se faire remarquer par la BBC et jouer au prestigieux festival Radio 1’s Big Weekend – devant une vingtaine de personnes, certes – l’année suivante. Pourtant, malgré tout cela, le succès ne décolle jamais et Laurel reste cantonnée aux tréfonds intimes de la scène alternative britannique. Puis, outre la sortie officielle – le titre était déjà disponible sur Internet depuis des années – du single « Blue Blood » à l’été 2015, la chanteuse se fait plutôt discrète.

Mars 2016, elle sort enfin du silence et dévoile « Life Worth Living ». On comprend vite la raison de cette pause : Laurel a annulé son album et troqué son clavier pour une guitare. Le résultat est brut, profond, enivrant. On n’avait jamais aussi bien entendu sa voix, qui apparaît plus brisée que jamais. « San Francisco », « Hurricane », « Maybe Baby » : les titres continuent d’affluer dans ce même mélange pop-rock, bien plus sombre qu’auparavant. Et pour marquer ce soudain revirement de style, tous ses anciens clips sont aujourd’hui introuvables sur YouTube.

Quatre ans plus tard, après avoir écumé les scènes européennes, Laurel a enfin dévoilé son premier album tant attendu. Dogviolet – nommé après la fleur violette, célébrant l’amour timide et discret – débute inévitablement par le symbolique « Life Worth Living ». Du haut de ses 24 ans, celle qui a voulu devenir chanteuse grâce à Britney Spears extériorise ses émotions dans une succession de douze titres crus. Rien n’est fait pour essayer de cacher les imperfections, à l’image de ses concerts qu’elle joue seule avec sa guitare. La Britannique explique : « J’ai écrit ces chansons à la maison, souvent en m’enfermant pendant un certain temps, pour capturer la réelle frénésie qui vient de l’amour; bien que ce soit une belle sensation, on ressent souvent des choses bien pires. » 

Incroyablement personnel mais tout aussi universel, l’album explore l’amour dans son côté le plus dramatique. Après un morceau d’ouverture jovial et heureux, l’obscurité prend le dessus. Avec son déchirant pré-refrain (« If you loved me, why did you leave? If you need me, why did you go? If you want me, why don’t you see? »), « All Star » donne le ton. Sur les plus sombres « South Coast », « Hold Tight » et « Empty Kisses », la chanteuse part dans des sublimes envolées lyriques et vocales poignantes, l’apogée intervenant dans l’intense « Sun King » et ses « All I have been dreaming of is you. Now what is life but a dream? ».

Ces paroles lourdes n’empêchent pas la Britannique de diverger vers des titres plus rythmés. Dès les premières secondes (« You’ve been wasting my time, honey, I’ve been wasting your life, baby »), le somptueux « Adored » montre tout le potentiel de sa voix dans ses moments les plus énervés. Plus pop, « Same Mistakes » et « Take It Back » apportent une agréable touche de légèreté rappelant ses premiers essais.

Avec ce premier album, Laurel s’est affranchie de toutes les comparaisons pour créer sa propre essence : celle d’une fille de 24 ans, pleine d’émotions et de rancoeur mais surtout pleine de talent.

Laurel viendra présenter Dogviolet lors de son concert au Pop-Up du Label le 5 octobre prochain.

En écoute :

Si vous êtes plutôt Spotify :

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