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©Pierre-Ange Carlotti
13 novembre 2020

Dans son premier album, Bonnie Banane parle vrai autant qu’elle joue avec talent

par Estelle Morfin

Après trois EPs et des featurings remarqués avec Flavien Berger, Myth Syzer ou Jazzy Bazz, Anaïs Thomas alias Bonnie Banane livre aujourd’hui son premier album, Sexy Planet.

Chronique issue du Tsugi 135, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

Bonnie Banane parle vrai autant qu’elle aime jouer. C’est ce subtil balancement entre des mots lourds de sens et des textes gorgés d’humour qui fait que l’on embarque sans se faire prier pour la Sexy Planet. Dans ce premier album qu’on attendait de pied ferme, Bonnie Banane se prend pour la planète Terre, « par respect pour l’univers », une Gaïa qui porte en elle le pouvoir d’avancer cartes en main dans sa vie d’artiste et de femme, avec les symboles, les idées, un certain sixième sens.

Bonnie Banane

Artwork

Depuis son single « Muscles », produit avec Walter Mecca en 2012, elle nous a convaincus de sa force d’impact et de sa sensibilité toute particulière, en multipliant les collaborations, avec par exemple Myth Syzer (« Le Code »), Flavien Berger (l’incroyable « Contre-Temps »), Jazzy Bazz (« Stalker »)… Aujourd’hui encore, elle s’est entourée de producteurs de choix (Para One, Varnish La Piscine, Loubensky, Monomite…) pour déployer son projet solo, où elle se dévoile un peu plus : incorrigible, exposant sa vision du R&B « de genre » et à la française, drôle, voire régressive, comme sur « La Lune & le soleil », titre funky à souhait. Affirmée aussi, ne serait-ce que par sa voix à la tessiture si reconnaissable, qui chante les nuances de ses passions et sa science des relations, ou par sa façon de se mettre en scène – le dernier clip de « Flash », tourné en haut de la Tour Eiffel et réalisé par Mati Diop permet d’ailleurs parfaitement de s’en rendre compte. Autodérisoire encore, fantasque même dans la plupart des quatorze titres de l’album, parfois maladroite (« Mauvaise foi »), mais aussi engagée, comme lorsqu’elle évoque le consentement (« Limites ») ou l’effondrement de notre monde malade (l’émouvant « Deuil »). Inspirante, en fait.

Et c’est parce que Bonnie Banane assume et théâtralise toutes ces facettes d’elle-même sur un socle d’optimisme qu’elle est la parfaite incarnation de la femme puissante et sexy d’aujourd’hui. Direction le monde nouveau.



Chronique issue du Tsugi 135, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

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