DJ Babatr et le miraculeux retour de la Raptor House
En 2022, DJ Babatr aurait sauvé la raptor house des griffes d’Hugo Chávez. Enfin, c’est ce que dit la légende, qu’on y croie ou pas.
Depuis deux ans, un genre musical a émergé des sous-sols de l’underground pour trouver toute sa place aux côtés des pontifes de la musique électronique. Aujourd’hui, plus personne ne peut faire l’impasse sur ce mélange techno, transe et tribal qu’est la raptor house. Pourtant, la raptor house a déjà quelques rides.
Forgée à grands coups de bidouillages sur FruityLoops et ACID, le genre est né au début des années 2000 dans les méandres des grandes villes du Venezuela. On l’a baptisé de tous les noms, ‘Changa Tuki’, ‘Street House’ ou encore ‘Hard Fusion’, mais c’est sans doute le nom de ‘Raptor House’ qui restera. Référence aux velociraptors de Jurassic Park, ou encore à l’équipe de basket-ball des Toronto Raptors, ce nouveau genre est à l’image de ceux qui l’ont façonné : des jeunes aussi fougueux que révoltés. C’est sans aucun doute un de ses pionniers, DJ Babatr aka DJ Baba the Raptor, qui décrit le mieux cet engouement :
« La Raptor House était le son d’une implosion sociale et d’un certain nombre de jeunes qui se sentaient dévalorisés par le système »
Formé sur les soundsystems fiévreux vénézuéliens, DJ Babatr fait ses armes dans l’une des plus grandes « Minitecas » (fête typique du Vénézula aux immenses soundsystems, extravagants jeux de lumières et DJ) du pays : ZC. De là, il y fonde tout un genre aux couleurs de ceux qui font de Caracas, la ville qu’elle est : intense, sans équivoque et caribéenne. On retrouve cet ADN dans la partie rythmique de la raptor house, héritage de la musique indigène afro-vénézuélienne et de ses congas. Insufflant un sentiment viscéral de la communion, DJ et producteurs incorporent aussi les influences acid house et techno exportées des États-Unis dans les années 1990 avec sa patte ludique et tropicalisée.
À lire dans le Tsugi Mag 171 : « Changa tuki, raptor house – Le son des barrios vénézuéliens », un article de David Bola
La flamme de la raptor house et de ses soundsystems mobiles s’éteint sous les répressions politiques, la corruption et la violence. En 2008, DJ Babatr redevient Pedro Elias Corro. En parallèle de sa carrière de coloriste automobile, il produit des sons dans sa chambre. Jusqu’au bien-nommé « Xtasis » en 2022. Après 14 ans, il sort de l’ombre grâce au producteur du label Tratratrax, Nick Léon qui vient le chercher pour réveiller, en un son, la bouillonnante raptor house.
Ce pari est payant puisque depuis, DJ Babatr produit une avalanche d’EPs, de remixes et de collaborations toujours plus brillants. Impossible de passer à côté de « The Journey » sorti le 18 avril 2024 sur Paryìa Records ou encore le cadeau qu’il nous a fait à Noël avec l’EP Chup!
Les plus chanceux l’ont peut-être vu le 23 novembre à la Cité Fertile, pour une soirée Quest 404 accompagnés de Sally C, NeNe H et Alarico. Et si vous n’étiez pas encore convaincu-es, on vous laissera vérifier avec ses deux dernières Boiler Room, de Barcelone et Caracas. En tout cas, peu importe, DJ Babatr pourra toujours se vanter de représenter tout le « raptor continuum ».
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