#ElleSappelleReviens : les solutions de Club Mate pour en finir avec la pollution plastique

Pub­lié sur Usbek & Rica, le man­i­feste #Elle­Sap­pelleRe­viens à l’ini­tia­tive de la mar­que de bois­son fétiche des clubbeurs berli­nois Club Mate appelle au retour de la con­signe des bouteilles en verre en France, dans l’am­bi­tion de réduire la pol­lu­tion pro­duite par les embal­lages plas­tiques. Le man­i­feste va plus loin en appelant égale­ment à repenser tout le mod­èle économique autour des con­tenants ali­men­taires, en prô­nant une économie circulaire.

« À la fin du repas, on ne jette pas son assi­ette pour en acheter une neuve. Alors pourquoi le faire pour ses con­tenants ? ». C’est sur cette ques­tion pleine de bon sens que le man­i­feste, signé par une cinquan­taine d’en­tre­pris­es, fon­da­tions et asso­ci­a­tions qui mili­tent pour la pro­tec­tion de l’en­vi­ron­nement, con­stru­it sa démon­stra­tion. Par­mi eux, on trou­ve les tiers-lieux parisiens La Cité Fer­tile, La Machine du Moulin Rouge et La REcy­clerie.

« Nous — détail­lants, indus­triels, éco-organismes, insti­tu­tions, asso­ci­a­tions, par­ti­c­uliers et sym­pa­thisants de l’économie cir­cu­laire — faisons le con­stat suiv­ant : puisque les études sci­en­tifiques et les rap­ports d’experts n’invitent plus les poli­tiques à l’action, nous pro­posons une série d’actions con­crètes et effi­caces pour sor­tir de la pol­lu­tion plas­tique. »

Club Mate, la mar­que à l’ini­tia­tive de #Elle­Sap­pelleRe­viens, milite depuis cinq ans pour le retour de la con­signe et a déjà mis en place des actions : « Toutes nos bouteilles sont con­signées (20 cen­times par bouteille), ain­si que nos caiss­es pour les trans­porter. Récem­ment, nous avons dévelop­pé des points de col­lecte dans des mag­a­sins de prox­im­ité ven­dant du Club-Mate. Le sys­tème ? J’achète mes bouteilles de Club Mate ici, et quand elles sont vides, je les ramène au même endroit. Beau­coup de buveurs de Club Mate nous ont demandé pourquoi l’action était mise en place unique­ment à Paris, voici notre logique : si les gens rap­por­tent leurs bouteilles vides à Paris, alors qu’ils n’ont pas de voiture — et que des bouteilles vides c’est par­fois encom­brant — alors on aura tout gag­né, parce que leur volon­té sera suff­isante. Paris, c’est le bêta test, si ça fonc­tionne, on dévelop­pera des points de col­lecte dans d’autres villes en France. On essaie aus­si de tra­vailler avec des archi­tectes et des design­ers pour imag­in­er les récupéra­teurs de demain. En Alle­magne, le sys­tème est bien rodé, il y a des instal­la­tions autour des poubelles. En France, il est néces­saire de repenser la ville et l’adapter pour faciliter ce pas­sage à l’acte », nous explique Agathe Pageaut de Club Mate.

En France, il est néces­saire de repenser la ville et l’adapter pour faciliter ce pas­sage à l’acte.”

Cette poli­tique de la con­signe doit égale­ment s’adapter au monde de la nuit, notam­ment lorsqu’on sait que le verre est sou­vent inter­dit en club, con­cert et fes­ti­val, pour des mesures de sécu­rité. Là encore, Club Mate tra­vaille à des alter­na­tives : « La pre­mière solu­tion, c’est de con­sign­er les bouteilles auprès des clients, qui doivent ensuite les ramen­er au bar. Des clubs parisiens comme le Cabaret Sauvage ou le Nou­veau Casi­no le font, et ça fonc­tionne très bien. D’autres clubs nous dis­ent qu’ils ne peu­vent pas pren­dre le risque de don­ner du verre. Ceci dit, Club Mate a tou­jours préféré respon­s­abilis­er les gens plutôt que les infan­tilis­er. La sec­onde solu­tion, c’est de servir au verre et de deman­der au bar de garder les con­signes dans les caiss­es que nous récupérons quelques jours après. » Ces actions vien­nent s’ajouter à de nom­breuses autres, comme celle de Bye Bye Plas­tic qui s’attaque au plas­tique dans l’industrie musi­cale, et mon­trent que la fête n’est pas exempte de la tran­si­tion écologique. Le plas­tique n’est plus le bien­venu aux soirées.

Pas de recyclage mais du réemploi

Dans le man­i­feste, un tableau com­para­tif de l’é­tat d’a­vance­ment de la ques­tion zéro déchet en Europe mon­tre que la France, moins bonne élève que la Suède et l’Alle­magne, avance sur ces ques­tions mais rien n’est encore tout à fait effec­tif. Le chemin est encore long. Dans une tri­bune pub­liée en sep­tem­bre 2019 dans Le Monde, des ONG dénonçait une poli­tique gou­verne­men­tale pas suff­isam­ment ambitieuse pour relever le défi de la pol­lu­tion plas­tique. L’ini­tia­tive #Elle­Sap­pelleRe­vient fait écho à cette tri­bune en rap­pelant qu’il est néces­saire d’en­cour­ager non pas la con­signe pour recy­clage (refab­ri­quer des con­tenants à par­tir de bouteilles en plas­tique), mais la col­lecte pour réem­ploi (laver les bouteilles en verre et les rem­plir à nouveau).

Le man­i­feste appelle le gou­verne­ment à agir, ain­si que les autres acteurs : trans­porteurs, enseignes de la grande dis­tri­b­u­tion, et plus large­ment tous les pro­fes­sion­nels et par­ti­c­uliers dont nous-même, en nous citant la liste des actions que nous pou­vons faire à notre petite échelle, à com­mencer par « vot­er avec notre porte-feuille ». On peut aus­si rem­plir ce for­mu­laire pour rejoin­dre les sig­nataires du man­i­feste, acheter une gourde éco-responsable fab­riquée par l’as­so­ci­a­tion Surfrid­er Europe, ou par­ticiper au No Plas­tic Chal­lenge qui aura lieu du 18 sep­tem­bre au 2 octo­bre 2020.

Les solu­tions en dix points dans le man­i­feste sont les suivantes : 

  • Nous deman­dons à l’État de soutenir les efforts des entre­pris­es volon­taires pour les aider à trans­former leurs chaînes de pro­duc­tion du linéaire vers le cir­cu­laire, et à met­tre en place des aides finan­cières pour les par­ti­c­uliers et pro­fes­sion­nels. Un peu comme les aides à l’achat d’un véhicule élec­trique, finalement.
  • Nous appelons les enseignes de la grande dis­tri­b­u­tion (Car­refour, Casi­no, Auchan, Leclerc, Grand Frais, Picard, Lidl, etc.) de plus de 400 m² à devenir pio­nnières en matière d’initiative zéro déchet en recueil­lant les bouteilles con­signées dans le cadre de l’expérimentation de la con­signe pour réem­ploi, et à mul­ti­pli­er les pro­duits ven­dus en vrac.
  • Nous appelons les producteurs-embouteilleurs à couper court au syn­drome du par­fumeur, tech­nique mar­ket­ing con­sis­tant à dis­tinguer un pro­duit de ses con­cur­rents en adop­tant une forme unique de fla­con, et à encour­ager la stan­dard­i­s­a­tion des con­tenants réem­ploy­ables, à l’image de France Palettes et de ses trois mod­èles de palettes mutu­al­isés à l’échelle de mil­liers d’entreprises.
  • Nous appelons les par­ti­c­uliers à soutenir et à s’engager dans les asso­ci­a­tions de lutte con­tre la pol­lu­tion (Zero Waste France, Surfrid­er Fon­da­tion Europe, etc.) et à « vot­er avec leur porte-monnaie » en achetant des pro­duits en vrac ou en embal­lage con­signé et à exhiber fière­ment leurs bouteilles et bocaux sales au bureau, dans la rue et à la maison !
  • Nous appelons les trans­porteurs et les entre­pris­es pos­sé­dant une flotte impor­tante (ou pas) à com­pléter leurs flux en par­tic­i­pant à la col­lecte des con­tenants con­signés. Après tout, sur les routes de France, plus d’un routi­er sur trois voy­age à vide. En con­trepar­tie, nous sug­gérons au gou­verne­ment français de pro­pos­er un allége­ment de TVA pour les trans­porteurs qui acceptent de par­ticiper à la col­lecte d’emballages con­signés sur leurs tra­jets à vide.
  • Nous appelons les Cham­bres de Com­merce et d’Industrie à ouvrir leur réper­toire d’entreprises pour mutu­alis­er les ini­tia­tives en faveur de l’économie cir­cu­laire et à encour­ager les entre­pris­es à adopter une démarche zéro déchet dès leur création.
  • Nous appelons le gou­verne­ment à soutenir la recherche pour per­me­t­tre aux ingénieurs de mod­élis­er la meilleure manière de déploy­er la con­signe pour réem­ploi sans génér­er de pol­lu­tion supplémentaire.
  • Nous appelons le gou­verne­ment à apporter de la clarté en étab­lis­sant des normes sur l’hygiène et le lavage des embal­lages con­signés. Nous l’appelons égale­ment à ne pas apporter de con­fu­sion au débat en mod­i­fi­ant les ter­mes de « con­signe pour recy­clage », qui est un braquage séman­tique puisqu’il s’agit non pas d’un sys­tème de con­signe pour réem­ploi, mais d’un nou­veau sys­tème de col­lecte de con­tenants à usage unique.
  • Nous appelons plus large­ment les par­ti­c­uliers et les pro­fes­sion­nels à soutenir toutes les activ­ités en faveur de l’économie cir­cu­laire : répa­ra­tion d’électroménager, recon­di­tion­nement de télé­phones porta­bles, achat de biens de sec­onde main, etc…
  • Nous appelons les créat­ifs et entre­pre­neurs en tout genre à l’audace pour imag­in­er des dis­posi­tifs sim­ples en faveur de la sol­i­dar­ité et des change­ments de mentalités.
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