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22 juillet 2020

#ElleSappelleReviens : les solutions de Club Mate pour en finir avec la pollution plastique

par Léonie Ruellan

Publié sur Usbek & Rica, le manifeste #ElleSappelleReviens à l’initiative de la marque de boisson fétiche des clubbeurs berlinois Club Mate appelle au retour de la consigne des bouteilles en verre en France, dans l’ambition de réduire la pollution produite par les emballages plastiques. Le manifeste va plus loin en appelant également à repenser tout le modèle économique autour des contenants alimentaires, en prônant une économie circulaire.

« À la fin du repas, on ne jette pas son assiette pour en acheter une neuve. Alors pourquoi le faire pour ses contenants ? ». C’est sur cette question pleine de bon sens que le manifeste, signé par une cinquantaine d’entreprises, fondations et associations qui militent pour la protection de l’environnement, construit sa démonstration. Parmi eux, on trouve les tiers-lieux parisiens La Cité Fertile, La Machine du Moulin Rouge et La REcyclerie.

« Nous – détaillants, industriels, éco-organismes, institutions, associations, particuliers et sympathisants de l’économie circulaire – faisons le constat suivant : puisque les études scientifiques et les rapports d’experts n’invitent plus les politiques à l’action, nous proposons une série d’actions concrètes et efficaces pour sortir de la pollution plastique. »

Club Mate, la marque à l’initiative de #ElleSappelleReviens, milite depuis cinq ans pour le retour de la consigne et a déjà mis en place des actions : « Toutes nos bouteilles sont consignées (20 centimes par bouteille), ainsi que nos caisses pour les transporter. Récemment, nous avons développé des points de collecte dans des magasins de proximité vendant du Club-Mate. Le système ? J’achète mes bouteilles de Club Mate ici, et quand elles sont vides, je les ramène au même endroit. Beaucoup de buveurs de Club Mate nous ont demandé pourquoi l’action était mise en place uniquement à Paris, voici notre logique : si les gens rapportent leurs bouteilles vides à Paris, alors qu’ils n’ont pas de voiture — et que des bouteilles vides c’est parfois encombrant — alors on aura tout gagné, parce que leur volonté sera suffisante. Paris, c’est le bêta test, si ça fonctionne, on développera des points de collecte dans d’autres villes en France. On essaie aussi de travailler avec des architectes et des designers pour imaginer les récupérateurs de demain. En Allemagne, le système est bien rodé, il y a des installations autour des poubelles. En France, il est nécessaire de repenser la ville et l’adapter pour faciliter ce passage à l’acte », nous explique Agathe Pageaut de Club Mate.

« En France, il est nécessaire de repenser la ville et l’adapter pour faciliter ce passage à l’acte. »

Cette politique de la consigne doit également s’adapter au monde de la nuit, notamment lorsqu’on sait que le verre est souvent interdit en club, concert et festival, pour des mesures de sécurité. Là encore, Club Mate travaille à des alternatives : « La première solution, c’est de consigner les bouteilles auprès des clients, qui doivent ensuite les ramener au bar. Des clubs parisiens comme le Cabaret Sauvage ou le Nouveau Casino le font, et ça fonctionne très bien. D’autres clubs nous disent qu’ils ne peuvent pas prendre le risque de donner du verre. Ceci dit, Club Mate a toujours préféré responsabiliser les gens plutôt que les infantiliser. La seconde solution, c’est de servir au verre et de demander au bar de garder les consignes dans les caisses que nous récupérons quelques jours après. » Ces actions viennent s’ajouter à de nombreuses autres, comme celle de Bye Bye Plastic qui s’attaque au plastique dans l’industrie musicale, et montrent que la fête n’est pas exempte de la transition écologique. Le plastique n’est plus le bienvenu aux soirées.

Pas de recyclage mais du réemploi

Dans le manifeste, un tableau comparatif de l’état d’avancement de la question zéro déchet en Europe montre que la France, moins bonne élève que la Suède et l’Allemagne, avance sur ces questions mais rien n’est encore tout à fait effectif. Le chemin est encore long. Dans une tribune publiée en septembre 2019 dans Le Monde, des ONG dénonçait une politique gouvernementale pas suffisamment ambitieuse pour relever le défi de la pollution plastique. L’initiative #ElleSappelleRevient fait écho à cette tribune en rappelant qu’il est nécessaire d’encourager non pas la consigne pour recyclage (refabriquer des contenants à partir de bouteilles en plastique), mais la collecte pour réemploi (laver les bouteilles en verre et les remplir à nouveau).

Le manifeste appelle le gouvernement à agir, ainsi que les autres acteurs : transporteurs, enseignes de la grande distribution, et plus largement tous les professionnels et particuliers dont nous-même, en nous citant la liste des actions que nous pouvons faire à notre petite échelle, à commencer par « voter avec notre porte-feuille ». On peut aussi remplir ce formulaire pour rejoindre les signataires du manifeste, acheter une gourde éco-responsable fabriquée par l’association Surfrider Europe, ou participer au No Plastic Challenge qui aura lieu du 18 septembre au 2 octobre 2020.

Les solutions en dix points dans le manifeste sont les suivantes : 

  • Nous demandons à l’État de soutenir les efforts des entreprises volontaires pour les aider à transformer leurs chaînes de production du linéaire vers le circulaire, et à mettre en place des aides financières pour les particuliers et professionnels. Un peu comme les aides à l’achat d’un véhicule électrique, finalement.
  • Nous appelons les enseignes de la grande distribution (Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc, Grand Frais, Picard, Lidl, etc.) de plus de 400m2 à devenir pionnières en matière d’initiative zéro déchet en recueillant les bouteilles consignées dans le cadre de l’expérimentation de la consigne pour réemploi, et à multiplier les produits vendus en vrac.
  • Nous appelons les producteurs-embouteilleurs à couper court au syndrome du parfumeur, technique marketing consistant à distinguer un produit de ses concurrents en adoptant une forme unique de flacon, et à encourager la standardisation des contenants réemployables, à l’image de France Palettes et de ses trois modèles de palettes mutualisés à l’échelle de milliers d’entreprises.
  • Nous appelons les particuliers à soutenir et à s’engager dans les associations de lutte contre la pollution (Zero Waste France, Surfrider Fondation Europe, etc.) et à « voter avec leur porte-monnaie » en achetant des produits en vrac ou en emballage consigné et à exhiber fièrement leurs bouteilles et bocaux sales au bureau, dans la rue et à la maison !
  • Nous appelons les transporteurs et les entreprises possédant une flotte importante (ou pas) à compléter leurs flux en participant à la collecte des contenants consignés. Après tout, sur les routes de France, plus d’un routier sur trois voyage à vide. En contrepartie, nous suggérons au gouvernement français de proposer un allégement de TVA pour les transporteurs qui acceptent de participer à la collecte d’emballages consignés sur leurs trajets à vide.
  • Nous appelons les Chambres de Commerce et d’Industrie à ouvrir leur répertoire d’entreprises pour mutualiser les initiatives en faveur de l’économie circulaire et à encourager les entreprises à adopter une démarche zéro déchet dès leur création.
  • Nous appelons le gouvernement à soutenir la recherche pour permettre aux ingénieurs de modéliser la meilleure manière de déployer la consigne pour réemploi sans générer de pollution supplémentaire.
  • Nous appelons le gouvernement à apporter de la clarté en établissant des normes sur l’hygiène et le lavage des emballages consignés. Nous l’appelons également à ne pas apporter de confusion au débat en modifiant les termes de « consigne pour recyclage », qui est un braquage sémantique puisqu’il s’agit non pas d’un système de consigne pour réemploi, mais d’un nouveau système de collecte de contenants à usage unique.
  • Nous appelons plus largement les particuliers et les professionnels à soutenir toutes les activités en faveur de l’économie circulaire : réparation d’électroménager, reconditionnement de téléphones portables, achat de biens de seconde main, etc…
  • Nous appelons les créatifs et entrepreneurs en tout genre à l’audace pour imaginer des dispositifs simples en faveur de la solidarité et des changements de mentalités.
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