Avec ses deux albums Love Songs With A Kick Vol. Two et Vol. Three, entre pop indus’ tourmentée et électronique dansante, David Shaw, le plus français de tous les Mancuniens, retrouve une verve emportée par les années COVID. On s’explique et on ponce les disques.

La réunion d’Oasis n’est, finalement, peut-être pas la meilleure chose qui soit arrivée en 2024 à la musique de Manchester. David Shaw est de retour avec deux albums sortis à une semaine d’intervalle. Profitons d’autant plus du résultat, que la conception de ce disque ne fut pas de tout repos.

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Le projet David Shaw And The Beat peut avoir une dent contre le COVID. En 2020, la release party de Love Songs With A Kick Vol. 1 avait été amputée, ou du moins bien touchée par la crise planétaire : souvenir d’un 12 mars à la Boule Noire pourtant blindax, alors que l’Italie est déjà confinée depuis trois jours. Le lendemain, les rassemblements de plus de 100 personnes deviendront interdits. David mettra du temps à faire le deuil de cet album mort-né, puisqu’il n’a pas pu être défendu sur scène. Depuis Bruxelles où il habite aujourd’hui, il explique :

« Cette période de COVID a provoqué chez moi un dégoût de la musique. J’ai eu une aversion pour cette espèce de désespoir où les artistes devaient absolument s’afficher sur les réseaux pour exister coûte que coûte. Tant mieux pour les personnes qui l’ont fait, mais pour moi tourner des vidéos sur Instagram en live de ma chambre, non, ce n’était pas possible ». Néanmoins, David Shaw rebranche progressivement la guitare et les machines, pour reprendre la composition. Soudain la passion et l’inspiration reviennent frapper à sa porte, de manière insistante. Il crée alors une quarantaine de morceaux. Il en choisit seize et les répartit en deux volumes : cela donne Love Songs with a Kick Vol. Two et Vol. Three

Comme il l’avoue lui-même, ce double-disque est dédié à sa femme, Draghixa Jovanovic, ex-actrice/icône de films pour adultes. « Je connais son parcours et surtout la femme incroyable qu’elle est. Ce n’est pas qu’un bout de viande ». C’est surtout sa muse, qui partage avec David le goût pour un humour grinçant qui plane au-dessus de ces albums. Comme une résistance, une bouée de sauvetage face à une société qui semble couler.

Redémarrage à Shaw

David Shaw s’est affuté dans l’écriture autant que dans la production. On retrouve ce qui a fait le succès de ses précédentes productions, mais en version ‘augmentée’ : le savant contrepoids entre guitares et machines, avec l’esprit punk en toile de fond.

Des influences cold wave et indus assez évidentes, les structures sont droites et sans chichi pour laisser place à des refrains accrocheurs… Et même terriblement efficaces. Punk, kraut, new wave, pop stellaire s’entrechoquent sur ce disque. Et le rendu s’approche bien davantage de l’hypnose que d’un esprit foutraque. David Shaw semble pervertir, salir la chanson pop et ses codes, pour l’emmener vers des chemins plus sinueux certes, mais surtout qui font vivre une aventure plus mouvementée. Et donc plus mémorable.

David Shaw annonce même déjà une quatrième salve, prévue pour 2025 : « Crois-moi, vous n’avez pas fini d’en bouffer du David Shaw ». Nous voilà ravis, rendez-vous est pris.

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Pour profiter de tout ça en live, rendez-vous à Petit Bain le 20 mars prochain !