Crédit : Patrice Brylla

En écoute : “SoMe”, le retour aux sources d’Anja Schneider

Il y a quelques semaines, Anja Schnei­der pub­li­ait une annonce plutôt inhab­ituelle. Certes, elle sig­nalait qu’elle allait sor­tir un nou­v­el album — clas­sique. Mais, et c’est là que les sour­cils se fron­cent, pas sur mobilee, le label qu’elle a fondé il y a douze ans. Sur Sous, une nou­velle mai­son qu’elle démar­rait, quit­tant offi­cielle­ment mobilee, alors que le label berli­nois était totale­ment iden­ti­fié comme “la boîte d’An­ja Schnei­der”. Bizarre.

C’est donc avec ce drôle de mer­ca­to en tête qu’il fau­dra écouter SoMe, son deux­ième album, débar­quant neuf ans après le plutôt culte Beyond The Val­ley. Et puis, aus­si, avec pas mal de nos­tal­gie dans le casque : c’est en déci­dant de réé­couter les vieux vinyles qui pre­naient la pous­sière dans sa cave que frau Schnei­der a eu l’idée de ce disque. De la jun­gle, de la drum’n’bass, de la vieille house et de la tech­no berli­noise des nineties, la même dont elle est tombée amoureuse quand elle a emmé­nagé dans la cap­i­tale alle­mande il y a presque 25 ans. Ces inspi­ra­tions, la d’n’b en tête, se retrou­vent évidem­ment dans l’al­bum, comme sur le très chou­ette “WMF” (du nom d’un club berli­nois où elle a ses habi­tudes) qui emprunte sa ryth­mique au style fétiche de Goldie, tout en y ajoutant une flopée de cuiv­re, pour un résul­tat liq­uid et apaisé.

Mais atten­tion, SoMe ne sent pas la naph­taline non plus, porté par un lanci­nant mais très fin fea­tur­ing avec Rob Birch de Stereo MC, ou par les plus clas­siques et enlevés DJ-tools “Got Me With A Bang” et “Night Out”, que l’on enten­dra sans aucun doute en club cet hiv­er — et mar­quant le retour d’An­ja Schnei­der à la tech­no de ses débuts sur Beyond The Val­ley. Ou encore par “The Sun”, qui n’est pas sans rap­pel­er un cer­tain “Sun” de Cari­bou sur son sam­ple de voix. Tour à tour planant, dansant, inspiré ou effi­cace, SoMe est une réus­site. Mais, surtout, il mar­que le retour d’une pro­duc­trice à ses pre­mières amours, qu’elles ser­vent à se déhanch­er ou à rêver, le tout sur un label vierge de toute sor­tie. Un nou­veau départ dont elle — et nous avec — avait besoin pour éviter à sa car­rière de ron­ron­ner, bien au chaud sur la scène berli­noise. Se remet­tre ain­si en ques­tion et pren­dre un tel risque après 17 ans de car­rière ? Respect Anja Schneider.

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