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5 mai 2017

En écoute : « This Old Dog », le nouvel album de Mac DeMarco

par Clémence Meunier

On commence à être tellement habitué à ses pitreries sur internet (et plus particulièrement sur son compte Instagram), qu’on en oublierait presque que Mac DeMarco est avant tout un excellent artiste, un artisan folk aux chansons rigolotes et légères, à écouter le dimanche matin… Ou pas ? Car sur ce This Old Dog, le songwriting de Mac, 26 ans, atteint une autre dimension, personnelle, mélancolique et poignante, bien loin de ses blagues pipi-caca qui émaillent la toile. Prenez « My Old Man ». Sur ce titre d’ouverture de l’album, Mac DeMarco se décrit comme fatigué, seul, et ressemblant de plus en plus à son père. Ce qui pourrait être une simple chanson écrite entre deux concerts est en fait bien plus profond que ça. La figure du père absent est un sujet revenant régulièrement dans l’oeuvre du Canadien, et pour cause : son père, alcoolique et drogué, a abandonné sa mère et lui alors qu’il n’avait que 5 ans. Le fantôme du géniteur incapable, fainéant et destructeur se retrouve certes dès les premiers titres de Mac DeMarco, mais c’est la première fois qu’il est évoqué aussi frontalement, DeMarco, gros fumeur et pas mal porté sur la bouteille, semblant tout simplement se retrouver en lui… Signant au passage l’une de ses meilleures chansons, sans aucun effet ajouté sur sa voix, se confiant directement à l’auditeur, et avouant devenir une copie de la personne qui l’a le plus fait souffrir pendant son enfance. Ça vous pose un décor en début d’album. Le premier single, s’habille lui d’un visuel sans équivoque :

Alors oui, écoutées distraitement, les chansons de Mac DeMarco passent très bien sur un transat au soleil. Mais le Canadien de 26 ans est discrètement en train de devenir l’un des meilleurs songwriters de sa génération – de celle qui a bouffé des albums de Bob Dylan toute son adolescence, comme on peut l’entendre sur « A Wolf Who Wears Sheeps Clothes » et son harmonica. D’ici quelques albums, il pourrait bien tutoyer les légendes de la chanson nord-américaine à la Paul Simon ou Tom Waits… S’il ne se noie pas dans ses paquets de Viceroys et ses packs de bière avant.

Si vous êtes plutôt Spotify :

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