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Artwork de "Cavalcade"
28 mai 2021

đŸ„Š Fight Club : le nouveau black midi, pour ou contre ?

par Tsugi

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le dernier album de black midi, Cavalcade. Fight !

Chronique issue du Tsugi 140 : Free Party Story, disponible en kiosque et Ă  la commande en ligne.

Plus vivace que jamais, le revival post-punk britannique semble arriver dans une seconde phase. Après des albums triomphants (les seconds disques d’Idles, Fontaines D.C. ou Shame, par exemple), voilà que les fous sont lâchés. Squid frappe fort, Black Country, New Road mélange avec brio rock, jazz et klezmer. Mais dans tout ça, black midi brigue clairement la palme de formation la plus barrée du royaume. Après un premier disque déjà bien givré, on s’attendait à les voir en héritiers tarés de The Fall. Et les voilà qui s’attellent à réhabiliter le jazz rock, dans l’esprit d’un Frank Zappa. Ou éventuellement d’un Aquaserge sous stéroïdes. De quoi franchement détonner dans la sphère punk. Mais une fois le malentendu clarifié, que reste-t-il ? En premier lieu, un disque toujours inattendu. Passés la claque « John L » et son riff façon Mahavishnu Orchestra passé au broyeur, on croise des ballades décalées, voire atmosphériques (« Diamond Stuff ») pour terminer sur une valse jazzy grandiloquente. Avec ce sentiment d’urgence omniprésent, le bien nommé Cavalcade sonne comme une fuite en avant dans le mélange des styles et registres. En résulte un disque dément. Et on a toujours besoin de ce grain de folie. De cette musique qui va trop loin. D’autant que le résultat est loin d’être abscons. Il faut être préparé, certes, mais cette plongée intense dans la folie a une vertu cathartique. Alors que le monde semble plonger dans l’absurdité, black midi le prend de vitesse, arborant cette folie comme un costume. Ainsi, ce disque tragicomique fonctionne comme un miroir déformant, qui permet de prendre un peu de distance. Et de bien délirer au passage.

Antoine Gailhanou

 

La magie du post-punk, du moins dans son acception contemporaine, tient à peu de choses, à une seule chose même : son immédiateté. Diamant brut et noir, il perd de son éclat dès qu’une substance étrangère l’approche. Se lancer dans une Cavalcade effrénée et convoquer le jazz-rock, ce sous-genre démonstratif qui est au jazz ce que l’EDM est à la techno ou René La Taupe à John Coltrane, c’est proposer à l’auditeur déjà réfractaire de se ripoliner le conduit auditif à la soude caustique ou, dans les cas extrêmes, à ressentir les mêmes souffrances que lors d’une station assise, nu, sur une planche de fakir chauffée à blanc par un troll sociopathe. Alors oui, chez black midi, ça joue. Les instrumentations se font complexes, les envolées lyriques, mais la plupart des titres sont d’une telle dissonance qu’on est incapable de profiter plus de trente secondes du brouhaha. S’écouter l’intégrale d’Autechre passée à l’envers ou tenter de suivre les consignes sanitaires de Jean Castex rend sûrement moins fou qu’un seul titre de Cavalcade écouté à l’endroit. Mais, car il y a toujours un mais, quand black midi s’extirpe de son post-punk pour névrotiques, il devient audible. Des huit titres de cette purge, trois ressortent du chaos et rendent l’épreuve moins difficile à vivre : l’entraînante « Marlene Dietrich » et les très longues ballades « Diamond Stuff » et « Ascending Forth » (grand final de l’album), dramatiques et apocalyptiques dans leurs dernières notes. Trois sur huit, c’est peu, et pas suffisant pour apprécier un disque qui, au final, risque d’altérer un peu plus notre santé mentale. Covid + Cavalcade = septième cercle de l’enfer.

Benoît Carretier

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