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🥊 Fight Club : le nouveau Parcels, pour ou contre ?

par Tsugi

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le nou­v­el album de Parcels, Day/Night. Fight ! 

Chronique issue du Tsu­gi 145 : les grandes Ă©nigmes de la musique, disponible en kiosque et Ă  la com­mande en ligne.

C’est vrai qu’ils peu­vent par­fois paraître agaçants les Parcels avec leurs belles gueules, leur style impec­ca­ble ou leur col­lab­o­ra­tion avec une mar­que de luxe comme Guc­ci. Mais les Daft Punk, qui ont décou­vert le groupe dès son pre­mier con­cert à Paris en 2016, ne s’y sont pas trompés. Et ce for­mi­da­ble deux­ième album en est bien la preuve. Pour Day/Night, le quin­tette orig­i­naire de Byron Bay – un bled de sur­feurs au sud-est de l’Australie – a vu grand, et on l’en remer­cie. Pas de panique pour les fans de la pre­mière heure : les bal­lades pop ont tou­jours la part belle, de “Day­walk” et ses inspi­ra­tions jazz, bande-son idéale pour un same­di matin ensoleil­lé, une tasse de café fumant entre les mains alors que le soleil tra­verse les per­si­ennes, jusqu’au sin­gle «Free», rude­ment bien tail­lé. Mais la plus grande qual­ité de Day/Night, c’est sa capac­ité à pren­dre son temps. Né au cœur des bois, dans une mai­son cham­pêtre trans­for­mée en stu­dio de rêve par le groupe, le disque se divise en deux faces, séparées par deux intro­duc­tions qua­si­ment ciné­matographiques. Nor­mal, puisque les Aus­traliens ont imag­iné ce nou­v­el album comme la bande orig­i­nale d’un film imag­i­naire. Une super­pro­duc­tion, si l’on en juge par toutes les cordes et les pas­sages orches­traux qui nour­ris­sent des chan­sons aus­si somptueuses que “Icallth­ishome” ou “Lord­Hen­ry”. On ne peut que savour­er ce temps qui s’étire, à mesure que ces vingt morceaux s’allongent, aus­si élas­tiques que du chewing-gum.

Loli­ta Mang

 

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Entendons-nous bien, je ne suis pas rĂ©elle­ment “con­tre” Parcels. Bien au con­traire, l’ambition dont le groupe aus­tralien fait preuve avec ce deux­ième album impres­sionne et sĂ©duit. Sa prĂ©sence dans cet espace de dĂ©bat con­tra­dic­toire n’est due qu’à une chose: la nĂ©ces­sitĂ© de tem­pĂ©r­er un peu les ardeurs de ceux qui, ici ou lĂ , cri­ent dĂ©jĂ  au chef‑d’œuvre. Il est vrai que lorsqu’on dĂ©cou­vre Ă  la suite les trois impec­ca­bles sin­gles que sont “Com­ing­back”, le très dis­co 70s “Famous” et “Some­thin­greater” avec son feel­ing rĂ©tro proche des Daft Punk de “Get Lucky”, il y a de quoi ĂŞtre bluffĂ©. NĂ©an­moins, quand on Ă©coute ce dou­ble album en entier, mĂŞme si on est bien con­scient que très peu d’adeptes du stream­ing le fer­ont en rĂ©al­itĂ©, le plat est plus lourd Ă  digĂ©r­er. Avec leurs lux­ueux arrange­ments de cordes (en col­lab­o­ra­tion avec le Cana­di­en Owen Pal­lett) et leurs har­monies vocales lĂ©chĂ©es, les cinq Parcels regar­dent claire­ment dans le rĂ©tro en se faisant une haute idĂ©e de la pop. Le dis­co, la musique des annĂ©es 1970 ou le jazz-rock Ă  la Steely Dan (influ­ence Ă©vi­dente du morceau “Day­walk”) sont con­viĂ©s tout au long de cette ving­taine de titres rob­o­rat­ifs. Le prob­lème, c’est que l’ensemble ressem­ble un peu trop Ă  une col­lec­tion de pas­tich­es, sincères, mais pas tou­jours aus­si effi­caces que les sin­gles Ă©vo­quĂ©s. Ce dou­ble album est trop long et, mal­grĂ© leurs qual­itĂ©s, les arrange­ments ont par­fois du mal Ă  mas­quer une inspi­ra­tion mĂ©lodique pas tou­jours au rendez-vous. En clair, les Parcels ne sont pas encore Ă  la hau­teur de leur Ă©norme ambi­tion, mais vu la pro­gres­sion entre leur pre­mier et leur deux­ième album, on peut espĂ©r­er qu’ils trou­veront rapi­de­ment le Graal.

Alex­is Bernier

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