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26 octobre 2021

đŸ„Š Fight Club : le nouvel album de Black Dice, pour ou contre ?

par Tsugi

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le nouvel album de Black Dice, Mod Prog Sic. Fight ! 

Chronique issue du Tsugi 144 : Voyage sur la planÚte ambient, disponible en kiosque et à la commande en ligne.

Le monde de la musique est un Ă©ternel recommencement. En 2002, le quatuor de Brooklyn Black Dice avait l’honneur de devenir le tout premier groupe Ă  publier un album sur le jeune label DFA, fondĂ© par un certain James Murphy et son comparse Jonathan Galkin. Loin du son punk-funk de LCD Soundsystem ou The Rapture, tĂȘtes d’affiche de la maison, Beaches&Canyons Ă©tait une inclassable odyssĂ©e au pays de la dissonance rythmique, de l’expĂ©rimental et du drone. Arty, barrĂ©, limite inaudible
 mais il s’attacha un noyau dur de fans. Vingt ans plus tard, les choses ont changĂ©. DFA est entrĂ© en hibernation, minĂ© par le divorce acrimonieux de ses deux fondateurs. PoussĂ© vers la sortie, Galkin a fondĂ© le label Four Four, embarquant avec lui une partie des artistes. Ironie suprĂȘme, c’est Ă  Black Dice qu’échoit aujourd’hui la tĂąche de publier le premier album de la jeune structure. Black Dice lui aussi a changĂ©, dĂ©sormais trio, il a mis de l’eau dans son bruit, abandonnant sur ce septiĂšme album –le premier en une dĂ©cennie – les tunnels soniques de 16 minutes pour des compositions au format «pop». MĂȘme s’il semble difficile de parler de pop music concernant les douze titres de Mod Prog Sic, il n’existe pas de mot plus adĂ©quat. Eric et Bjorn Copeland, accompagnĂ©s d’Aaron Warren, ont abandonnĂ© leur quĂȘte de la dissonance Ă  tous crins, et parviennent, par la logique interne complexe de leurs vignettes sonores Ă  se rapprocher des productions de Mr. Oizo: beats hip-hop qui tournent au ralenti, basses dĂ©formĂ©es qui occupent tout l’espace, convulsions rythmiques, bribes de vocaux absurdes
 En lĂąchant l’expĂ©rimentation pure, Black Dice rĂ©ussit un vĂ©ritable tour de force: rendre accessible, et pas seulement aux esprits les plus curieux, une musique rĂ©putĂ©e difficile. Rien que pour ça, chapeau bas.

BenoĂźt Carretier

 

Je rebondis d’autant plus volontiers sur tes mots, mon cher collĂšgue et nĂ©anmoins ami, que je suis d’accord avec toi. Effectivement, Black Dice «a mis de l’eau dans son bruit ». Je suis aussi d’accord avec ton utilisation (par dĂ©faut) du terme «pop» (certains utilisent le terme «avant-pop» pour qualifier ce courant pop d’avant-garde, mais on ne va pas se lancer dans une guerre sĂ©mantique). Avec Animal Collective et d’autres, Black Dice fait partie de ces groupes (que nous avons souvent dĂ©fendus Ă  Tsugi) qui tentent de renouveler le genre pour l’amener ailleurs, le rĂ©gĂ©nĂ©rer et on sait Ă  quel point ces expĂ©rimentations rĂ©putĂ©es inaudibles finissent toujours par nourrir des productions autrement plus populaires. Le problĂšme commence quand j’écoute le disque. Est-ce par lassitude ou mauvaise humeur que ces «beats hip-hop qui tournent au ralenti, basses dĂ©formĂ©es qui occupent tout l’espace, convulsions rythmiques, bribes de vocaux absurdes » me semblent aujourd’hui franchement pĂ©nibles ? Black Dice a beau se faire moins extrĂȘme et plus abordable sur cet album, ses cavalcades bruitistes me paraissent aussi crispantes que dĂ©passĂ©es. Je dis cela en ayant conscience qu’en d’autres temps (ou d’une autre humeur) j’aurais Ă©tĂ© beaucoup moins sĂ©vĂšre. Mais comme tu le rappelles toi-mĂȘme, c’est leur septiĂšme album et cela fait vingt ans qu’ils «dĂ©construisent » la pop. En clair, j’ai l’impression d’avoir entendu ça cent fois et j’en ai marre. DĂ©solĂ©. Bon, aprĂšs, ce n’est que mon avis et je ne veux dĂ©goĂ»ter personne d’un groupe dont les ambitions me semblent tourner mĂ©chamment en rond.

Alexis Bernier

 

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