© Paul Viéban

Geek, rappeur, casanier : Luther nouveau prodige de la “géné’ Internet” ?

Le nou­veau pro­tégé de la mai­son Sub­lime, fondée par Dis­iz alias Dis­iz La Peste alias Dis­iz Peter Punk, s’ap­pelle Luther. Adepte d’un rap nerd, à cœur ouvert et à l’esthé­tique type “bed­room pro­duc­er”, le rappeur de 18 ans a signé, début juin, l’un des pro­jets les plus intéres­sants des prémiss­es de l’été. Présen­ta­tion du prodi­ge à la fois geek et rappeur. 

Luther

© Jeune X

Sep­tem­bre 2021, quelques notes d’in­tro­duc­tion suff­isent pour se le dire : l’in­stru­men­tal est belle, promet­teuse… Puis la basse s’a­joute, la voix de Luther appa­rait sur le spec­tre du track, elle est accom­pa­g­née d’un légère écho, une des mar­ques de fab­rique du prodi­ge, ses pre­mières rimes sont inci­sives, référencées. Le morceau s’ap­pelle “ALAKAZAM”, l’u­nivers est posé… Luther nous emmène avec lui dans son monde ou plutôt dans sa cham­bre. Celle d’un fan de cartes Poké­mon, de par­ties de Fifa, de jeux vidéos vin­tages, de dessins ani­més, et mem­bre d’un groupe de potes qu’il ne voit cer­taine­ment pas aus­si sou­vent qu’il le voudrait, enfer­mé dans sa cham­bre à faire du son. Les thèmes qu’abor­dent Luther sont ceux d’un jeune adulte de son âge mais avec une justesse dans la rime et ce sens de la mélodie qui en font un artiste. Un créatif en marge reclu dans sa cham­bre pour mieux appréci­er et se ren­dre compte de l’im­per­fec­tion de l’être humain. Après tout, à quoi bon d’être par­fait “on va tous finir enter­rés sous terre”.

 

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Son dernier pro­jet se nomme Garçon comme le titre du dernier morceau de ce court mais très solide pro­jet 8‑titres. Fidèle à la tra­di­tion des morceaux d’outro, il est l’un des morceaux les plus aboutis et le plus intro­spec­tif de l’al­bum. D’ailleurs, il méri­tait bien son clip. Chose faite avec Den­zgue à la réal­i­sa­tion d’une vidéo dépeignant l’en­vi­ron­nement fétiche de Luther en dessin et en noir et blanc : sa cham­bre. L’en­droit où il fan­tasme, repense aux filles qui l’en­tourent, rêve de “jantes en noires-rouges chromées”… Comme un gage de qual­ité, il est accom­pa­g­né d’un instru­men­tal de LUCASV, con­nu comme l’un des prin­ci­paux archi­tectes du dernier album du père Dis­iz, le mag­nifique L’Amour. D’ailleurs, on retrou­ve aus­si le pro­duc­teur sur le morceau “BLAKE & MORTIMER”. Sur les autres tracks, Luther est solide­ment entouré d’Amnezzia, pro­duc­teur du poids lourd Freeze Cor­leone et du nou­veau prince de l’un­der­ground Irko,de Pac­co Del Rosso, beat­mak­er pour Damso et de Taem­intekken qui a tra­vail­lé avec Dinos et Bu$hi. Bref, que des poin­tures du rap.

En même temps, le rappeur de 18 ans a du tal­ent et une façon de pos­er ses textes aus­si mélodieuse que tran­chante. Ce qui est sûre­ment l’une des clés du suc­cès de cette nou­velle généra­tion de rappeurs, aus­si attachée à la mélodie qu’au sens de la rime ain­si qu’à l’u­nivers grav­i­tant autour d’In­ter­net. Comme le résume très bien Luther alias L.U.T.H. dans le track LE SANG, c’est “la géné’ Inter­net”, celle qui lâche une référence au per­son­nage de jeux vidéos Toriel, celle qui passe sans com­plexe d’une déc­la­ra­tion d’amour à une punch­line sur un vol de deux roues en deux rimes mais aus­si celle qui préserve son anony­mat… Comme des La Fève, Khali ou H JeuneCrack, Luther avance dis­crète­ment, il est même masqué. Peut-être pour préserv­er son univers des nui­sances de la célébrité. Garder à l’om­bre des pro­jecteurs son cocon, sa chambre…

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