C’est en pleine canicule, en ayant peine à respirer la nuit, que débarquent ces sorties de la semaine. Rafraîchissements à la carte : Pi’erre Bourne un américain à Paris, la force tranquille de Blonde Redhead, l’énergie belge de PEET, le retour de Kesha, l’alliance de Hyas et Aurèle, la poésie de Kae Tempest et la nouvelle compil’ de Microclimat.
Pi’erre Bourne – Made In Paris
Le nom ne vous dit peut-être rien, mais vous l’avez pourtant déjà entendu. L’Américain Pi’erre Bourne – de son vrai nom Jordan Timothy Jenks – est le rappeur/producteur derrière des gros noms du rap américain comme Playboi Carti ou Trippie Red. Sa recette est ca-li-brée : des basses épaisses et distordues, des boucles de synthés répétitives et entêtantes, une élocution hésitante noyée dans l’autotune.
Avec Made In Paris il propose ici une version so french de son style : les loops hypnotisantes viennent y prendre une teinte bleu-blanc-rouge. Sur « La Loi, C’est La Loi » par exemple, un accordéon virtuel soutient le morceau tout du long. Et il s’essaie même à la langue de Molière, comme sur le morceau « J’adore », où il répète en boucle : « J’adore bitch, pardon my french » — Paris ne cesse d’inspirer l’amour et le bon goût.
Par Bastien Laurent
Hyas & Aurèle – Spider Rituals
Le producteur lyonnais Hyas, figure en constante progression sur la scène électronique, s’associe à Aurèle, pilier de l’underground parisien pour livrer Spider Rituals : un EP audacieux qui navigue entre électronique, breaks et textures d’inspiration britannique.
Les deux musiciens fusionnent leurs univers respectifs et proposent cinq titres parmi lesquels on retient l’énergique « Pryorities », et le groove de « Wow Seen » dont les beats entêtants restent en tête. Enfin « Cash mire » clôt le disque en beauté avec une mélodie aérienne soutenue par des basses profondes.
Par Gil Martel
Blonde Redhead – The Shadow of the Guest
Blonde Redhead, groupe de rock alternatif aux tons noise et shoegaze sort son 11e album… ou plutôt son 10.5e. The Shadow of the Guest, c’est son nom, est en effet une version remaniée de Sit Down For Dinner, son précédent album sorti en 2023. Quatre de ses titres sont réorchestrés avec une chorale, leur apportant un côté cinématographique.
La deuxième moitié du disque est composée de morceaux ASMR baignant dans des nappes synthétiques style ambient. Onirique et surréaliste, The Shadow of the Guest offre ainsi une autre fenêtre, plus intime, sur l’univers de Blonde Redhead.
Par Bastien Laurent
Kae Tempest – Self Titled
Self Titled, huitième disque du chanteur et poète anglais de 39 ans, a pour fil rouge cette quête de soi, qui se manifeste souvent de manière presque naturaliste. Les noms des médicaments, leurs dosages, les effets sur le corps, la perception de son identité par une société occidentale divisée le contexte étasunien… Bourré de constats sans appel desquels émerge sans cesse l’espoir, voici certainement l’album le plus terre à terre de cet artiste qui a pourtant exploré maintes fois les âmes humaines et leur complexité.
Mais loin, très loin d’être disque conceptuel centré sur ce sujet, Self Titled est également celui d’allers-retours entre le passé et le présent (…)
La suite de cette chronique est à retrouver dans le Tsugi Magazine n°182
Par Brice Miclet
Kesha – Period (.)
Après une décennie de procédure judiciaire contre son ancien producteur qu’elle accusait notamment de viol et de harcèlement moral, Kesha débarque avec Period, son sixième album et le premier sorti sous son propre label indépendant. Avec ce retour libérateur à la pop, l’artiste l’affirme haut et fort — elle va bien, et ça s’entend. Dès le morceau d’ouverture, « Freedom », elle surprend avec un gospel planant, rapidement rattrapé par une ligne de basse jazzy-disco portée par un piano entrainant. L’album navigue entre europop, hyperpop avec « Boys Crazy » et même une touche de country sur le déjanté « Yippee-Ki-Yay » en duo avec T-Pain.
La chanteuse réserve malgré tout un moment de catharsis avec « Cathedral », qui clôt l’album sur une note plus intime et lui permet d’évoquer les épreuves qu’elle a traversées.
Par Gil Martel
Microclimat – Microclimat 02
Une jolie clé USB contenant 43 titres, des vidéos et des photos de fêtes, un fanzine… Pour sa compilation Microclimat 02, le collectif parisien Microclimat (cf Tsugi 179) a mis les petits plats dans les grands, conviant des artistes volontiers underground à se fendre d’un inédit. Divisée en trois parties (Night, Chill, After), opus des bonus, Microclimat 02 est la bande-son fidèle des fêtes du collectif et offre un panorama électronique assez complet : house, techno, breakbeat, synth wave, ambient, acid house downtempo… Rien ne manque dans cette petite clé.
Par Benoît Carretier
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Cerrone & Christine and The Queens – Catching Feelings
Remonté comme un coucou suite à sa performance aux JO 2024, l’ancêtre disco convoque l’artiste-dont-on-ne-sait-plus-vraiment-le-nom pour un EP rétro mais pas trop. La reprise de « Supernature » (remixée par Purple Disco Machine) fait le job, « Catching Feelings » tente le tube, « Last Ones » et « Give It To Me » nous rappellent les colis pelle à tarte, les pattes d’euh’ et la boule disco. Sympathique, mais dispensable.
Peet – Live à la Cigale
« Un des meilleurs concerts que j’ai pu faire dans toute ma carrière » : c’est ainsi que le rappeur belge Peet racontait son concert à la Cigale, le 23 novembre dernier.
Pour les quelques uns qui n’y étaient pas (ou celleux qui sont en manque depuis), il est désormais possible de pouvoir revivre le show dans son entièreté. Tout au long des 18 titres du Live à la Cigale, on sent l’énergie et la sueur qui inondent la salle. L’émotion est palpable, le public est en fusion – quand il n’est pas occupé à pogoter.
Surtout, chose pas si évidente dans les live rap, tout est joué par des musiciens. Batterie, basse, saxophone, piano… ça plus quelques guests, et on est bons pour une heure et quart de pur plaisir.
Par Bastien Laurent