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5 juillet 2019

Interview : on a parlé avec Dino Lenny de « Fire », son nouvel EP

par Elie Chanteclair

Il nous avait manqué. Après un mix exclusif fin mai pour Tsugi, Dino Lenny est de retour pour discuter de Fire, son tout nouvel EP. En vingt ans de carrière, le producteur italien s’est construit un honorable catalogue, naviguant dans les méandres de la musique électronique, zigzaguant entre les méridiens technoïdes et les parallèles house. Également connu pour ses qualités de remixeur, ayant retravaillé des tracks de Inxs, Underworld ou encore Missy Elliot et Timbaland, Dino Lenny officie sur de multiples labels, que ce soit avec Ellum – illustre écurie techno –  ou encore Fine Human Records, dont il est la figure de proue. Vendredi 5 juillet, il revient avec trois titres inédits : deux morceaux sombres, frénétiques et métalliques, à l’image d’une pochette japonisante en noir et blanc et d’intitulés radicaux – « Fire » et « Dis Konnect » -, ainsi qu’un remix signé par un collègue de Fine Human, Black Mami. À l’occasion de cette sortie, nous en avons profité pour poser quelques questions au DJ-producteur.

La chanson « Dis Konnect » semble évoquer une lutte intense entre la technologie et la vie biologique, avec notamment ce vocal : « Do not leave him control you ». Est-ce une réelle mise en garde, ou simplement l’utilisation d’éléments musicaux intéressants ?

Cela n’a pas été choisi au hasard ; je pense que nous perdons parfois notre perception de la réalité. Nous sommes devenus esclaves des machines, au lieu de garder le contrôle sur notre technologie. Celle-ci est géniale, mais j’ai bien peur qu’elle ne prenne le dessus et n’agisse sur nos cerveaux pour toujours. Nous pensons gérer la situation, mais il devient de plus en plus difficile de s’en passer. Cela devient un problème pour beaucoup de gens.

Dans « Fire », on t’entend chanter distinctement, avec peu d’effets ; ce n’est pas quelque chose de nouveau dans ta musique, mais est-ce important pour toi de développer cette facette vocale ? Prévois-tu à l’avenir de donner plus d’importance à la voix, aux mélodies, aux paroles ?

J’essaie toujours d’ajouter une forte empreinte humaine et organique à mes morceaux. Je veux que les gens comprennent que, derrière les disques et les titres, il se cache un être humain imparfait mais passionné. Triturer des boutons et tourner des potards c’est super, mais j’adore les musiciens qui jouent et les chanteurs qui chantent. Il m’arrive de tomber amoureux des erreurs, des maladresses ; je pense qu’il y a trop de perfection ennuyeuse, j’ai besoin d’émotions. Bien entendu, quand un morceau est bon, qu’il soit organique ou complètement électronique, il est juste bon ; pas de question à se poser.

Ton titre « Feels Like A Prayer » a été utilisé par Madonna lors de sa tournée en 2008. Comment est-ce arrivé ?

C’était un titre électronique de 2007 intitulé « Feels Like Home », il est passé dans le top 40 au Royaume-Uni. Je l’ai écrit avec mon vieil ami Craig Dimech. Madonna l’a entendu, a demandé les pistes et a fait un mash-up de mon a cappella avec sa chanson « Like a Prayer ». Cela s’est plutôt bien passé.

Tu as aussi remixé Missy Eliott et Timbaland, figures majeures du hip-hop, dépassant largement ta traditionnelle sphère électronique. Mais tu ne t’es pas encore consacré à la production derrière des artistes plus pop. Est-ce quelque chose qui t’intéresserait ?

Aucune idée. Je ne sais pas ce que je vais faire dans le futur. Je pense avoir trouvé un bon équilibre récemment. Je change assez souvent de formule et de façon de travailler, sinon je m’ennuie. Ma priorité est de me divertir. Chaque matin, quand je me lève, je ne sais pas ce que je vais faire en studio. Je veux juste faire en sorte que mes disques puissent encore avoir un intérêt, 20 ans après leur sortie.

La pochette de l’EP fait clairement référence à l’esthétique japonaise et aux mangas. Pourquoi ce choix ? 

J’aime le Japon et la culture japonaise… en dehors de la chasse à la baleine, bien sûr. L’illustrateur est un artiste très talentueux de ma ville natale en Italie, Matteo Pirocco. Il s’occupe des visuels de Fine Human Records et j’en suis très heureux.

Quelle est la prochaine étape pour vous ? Vous voulez vous concentrer sur votre carrière de producteur, de DJ, de chanteur ou de directeur de label ?
Je veux tout faire en même temps ! Je ne suis pas intéressé par les charts, je veux juste créer des choses dont je suis fier. C’est toujours un défi et cela peut être frustrant, mais personne n’a dit que c’était facile.

L’EP Fire, sorti sur Fine Human Records, est disponible sur Beatport

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