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26 octobre 2018

Interview : Petite Noir et l’expansion de la noir wave

par Simon Brazeilles

« Noir wave is infinite, noir wave is love » : voilà comment Petite Noir décrit son style de musique, celui qu’il a inventé et qu’il explique dans un manifeste. Désormais basé à Londres, le chanteur sud-africain vient de sortir La Maison Noir / The Black House, un mini-album mélangeant new wave, afro beat, soul et même rap. La noir wave, quoi. Dans un mini-film dépassant déjà les millions de vues, Petite Noir évoque la spiritualité, l’immigration et la renaissance, des thèmes qui lui tiennent à coeur. Bloqué ironiquement dans un studio londonien à cause d’un visa tardant à arriver, il nous a quand même parlé de tout ça au téléphone.

Il y a plusieurs années, pendant la promo de ton premier album, une phrase revenait souvent : « Le monde entier est ma maison ». Avec ce nouvel album, tu le penses toujours ?

Oui ! Je ne crois pas aux frontières, le monde entier est ma maison en effet. Où que je sois sur Terre, je me sens bien avec moi-même. Je n’ai plus vraiment besoin de voyager pour être ailleurs. Aujourd’hui est le moment idéal pour le monde de s’ouvrir et laisser les gens vivre librement.

Chacun de ces albums a un titre en français et un autre en anglais. Pourquoi ça ?

Je voulais représenter les deux côtés. J’ai grandi en parlant français puis j’ai arrêté quand j’ai appris l’anglais. J’aime cette diversité.

En effet, tu es né à Bruxelles, ta mère est angolaise, ton père est congolais et tu as grandi au Cap. Ça n’a pas été compliqué de trouver ton identité pendant ton enfance ?

Si, assez. Donc j’ai créé la mienne.

Dans « Blame Fire », tu dis que ton père était un politicien. Est-ce que ça a affecté ta manière de penser ?

Ma famille a toujours été dans la politique, c’est dans mon ADN. Pour moi, ça s’insère plutôt dans ma musique. J’aime communiquer un message à une grande audience.

Plus globalement, tu parles des réfugiés et de l’immigration dans le morceau. Pour toi, c’est important de délivrer un message à travers ta musique ?

Définitivement. Selon moi, la musique n’est pas aussi puissante s’il n’y a pas de message derrière. C’est comme de la nourriture qui aurait un bon goût mais aucun apport nutritionnel.

« Blame Fire » est une expression que tu as inventée, qui signifie « Thank God », c’est ça ?

J’ai créé cette expression à Vienne, en pleine réflexion. Je me sentais reconnaissant du chemin que j’avais parcouru donc j’ai rassemblé ces deux mots afin de remercier Dieu. Je suis pour l’originalité, il est temps pour nous d’étendre notre vocabulaire. Qui a dit qu’on ne pouvait pas créer de nouveaux mots ?

C’est le seul que tu as créé ?

Je suis en création perpétuelle de nouveaux concepts et langages. La noir wave en est l’idée principale.

Dans The Gift And The Curse, le mini-film qui accompagne l’album, tu affirmes « Noir wave is taken to a new level ». Le film enchaîne quatre étapes (naissance, vie, mort, renaissance) et quatre éléments (eau, feu, terre et air) mais aussi quatre sections du cosmogramme congolais (Kala, Tukula, Luvemba et Masoni). Tu peux m’expliquer l’histoire ?

Nous avons utilisé le cosmogramme congolais pour pointer du doigt certains problèmes de la société : la manière dont les personnes noires et les femmes sont traitées, par exemple. Nous voulions montrer comment s’élever au dessus de ça, comme une renaissance. En espérant que le futur soit meilleur. Le film symbolise aussi l’aspect de toujours continuer, ne jamais arrêter.

C’est pour ça que le film se termine sur la citation « The rise of the noir wave is infinite ».

Oui. Avec la noir wave, tu peux faire tout ce dont tu as envie.

Tu devais organiser No Borders, ton propre festival au début du mois de novembre à Londres mais il a malheureusement été annulé. Pourquoi ?

Nous l’avons repoussé à l’année prochaine car il n’était pas encore prêt. Il nous faut du temps pour organiser un événement de ce niveau. No Borders est un festival qui célèbrera la musique mais surtout l’immigration avec des artistes du monde entier, par exemple M.I.A.

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