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26 novembre 2018

L’album du mois : Cabaret Contemporain — “Séquence collective”

par Dylan Leport

Les passerelles entre musique électronique et acoustique se multiplient d’année en année. Longtemps utilisées pour reproduire les percussions et cordes, les machines se retrouvent à leur tour imitées par des instruments plus traditionnels comme la guitare, le piano ou encore la batterie. C’est le parti pris de Cabaret Contemporain : produire une techno instrumentale où les machines n’ont plus leur place. Les cinq musiciens, Fabrizio Rat au piano – transformé ou non –, Ronan Courty et Simon Drapier sur une paire de contrebasses, Julien Loutelier à la batterie et Giani Caserotto à la guitare, se sont rencontrés au Conservatoire de Paris à la fin des années 2000. Mais loin de tout académisme, la formation virtuose puise notamment son inspiration dans la techno des années 1990. Drexciya, Jeff Mills, Robert Hood… autant de grands esprits qui semblent flotter sur Séquence collective, troisième album en trois ans des cinq musiciens.

Tout commence par « Ballaro » et sa rythmique proche du dub, aux envolées atmosphériques et brumeuses. Une mise en bouche progressive qui prend soin de ne pas dévoiler l’ampleur de la suite. « Transistor » nous emmène dans une course-poursuite effrénée rappelant justement Jeff Mills, où les pistes s’accumulent et se superposent. L’accalmie de « La Selva » installe un climat mystérieux qui débouche sur la trance downtempo de « La Chambre claire ». Arrive alors le premier des deux titres en collaboration avec Arnaud Rebotini (l’album sort sur son label), où on l’entend scander des « boogaloo » plaqués sur une mélodie répétitive et inquiétante. Plus loin, « Cactus » possède des airs de tech-house sous stéroïdes, et si les premières mesures sonnent minimalistes, c’est pour mieux saturer par la suite. Avec « TGV », on retourne à la trance, que l’on se prend de plein fouet. Plus de 160 BPM au compteur, l’engin d’Alstom ne détient pas le record de vitesse sur rail pour rien. L’album se referme après la seconde apparition d’Arnaud Rebotini, telle une arrivée progressive en gare bardée de sirènes avant la douce explosion finale. Séquence collective est un album prodigieux où mettre des noms d’instruments sur des sonorités s’apparente souvent à un casse-tête chinois. Les nuances entre calme et tempête servent sa puissance. On l’écoute d’une traite, parfois en apnée, parfois debout, et après une immersive écoute au casque, on s’impatiente de le vivre en live.

Et si vous êtes plutôt Spotify :

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