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12 septembre 2016

L’album du mois : Factory Floor – 25 25

par rédaction Tsugi

Extrait du numéro 95 de Tsugi (septembre 2016)

Issu du bassin noise/post-punk de l’East London, Factory Floor est devenu avec le temps cette redoutable unité attelée à la décomposition de l’ADN de la dance music. Encore en trio, le groupe alignait les jams techno-rock les plus tranchantes du moment et confrontait les deux genres sous un joug industriel impitoyable et une pression sonore qui frisait le nihilisme. Les trois étudiants en art appliquaient alors leurs théories glaciales à l’objet musical, et frayaient avec les pionniers de la cold wave, Chris&Cosey en tête.

Désormais duo, Factory Floor casse ses angles, gobe une pilule et se concentre sur l’espace et la répétition dans l’acid house. Né sous l’influence d’une série de shows dans des clubs, ce 25-25 nouveau semble de prime abord anodin, mais se révèle étonnamment complet et nourrissant à la longue. Il faut d’abord percer la plastique étanche et l’anatomie ultra-utilitaire de l’affaire, avant d’en percevoir tout le fun – bien qu’on sache que la contrainte fait partie du plaisir chez ces Anglais. Fasciné depuis longtemps par les dynamiques de la techno et de la house, jamais le duo ne s’était focalisé sur son aspect le plus hédoniste et n’avait si peu cherché à déséquilibrer ou éprouver son auditeur. 25-25 est donc un concentré de rave culture passée au filtre pointilliste et déclinée en huit tranches égales les unes aux autres, qui optimisent une palette très réduite de pads, hi-hats et basses finement disposés. Dégagés de toute aspérité et tout juste parsemés d’éclairs vocaux, ces tracks se déroulent comme des versions longues de morceaux imaginaires dont chaque pixel est passé au microscope. Le funk par touches de « Relay » se retient et rebondit avec une sécheresse de rigueur, les bleeps de « 25-25 » et « Wave » nous maintiennent en tension sur toute leur longueur, et les boucles vocales ennuyées de « Ya » contrastent joyeusement avec son groove cheap et jouisseur. Ce travail de persistance et de précision trouve sa richesse dans sa linéarité et son imparable design sonore, révélant ainsi un point de vue clinique mais candide sur l’expérience du clubbing. On retrouve donc un Factory Floor routinier et moins saillant, mais toujours plus déterminé dans sa mission. (Thomas Corlin)

25 25 (DFA/PIAS), sorti le 19 août.

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