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©Paul Sanders
16 janvier 2020

Le chef-d’œuvre de 1982 Blade Runner en ciné-concert à Paris

par Marthe Chalard-Malgorn

Le 21 mars prochain à 20h, le Palais des Congrès de Paris diffusera Blade Runner en ciné-concert. Réalisé par Ridley Scott en 1982, ce classique de la science-fiction doit notamment son titre de chef-d’œuvre au compositeur de sa bande originale : Vangelis. Pour l’occasion, elle sera interprétée par les douze musiciens australiens du Avex Ensemble sur la version final cut de 2007 (restaurée) et sous-titrée du film. Adapté du livre de Philip K. Dick intitulé Do Androids Dream Of Electric Sheep, le film Blade Runner raconte l’histoire de Rick Deckard (Harrison Ford), homme engagé pour traquer les Replicants, esclaves androïdes dont l’apparence est similaire à celle des humains. Il erre alors dans les rues lugubres et inquiétantes d’un Los Angeles cyberpunk vivant les dernières heures du XXe siècle.

Le défit est de taille puisque le travail de composition de Vangelis reste inégalé. Mêlant instrumentations électroniques rétro-futuristes à des codes musicaux traditionnels empruntés au rock progressif, au jazz et à la musique classique, on pourrait presque comprendre le film rien qu’en écoutant sa BO. Cette relation inquiétante, présente aussi bien dans le film que dans sa musique, vis-à-vis des machines à la fois charmantes et effrayantes, est une sorte d’extension du sentiment de Vangelis à l’égard des instruments électroniques. Dans le Dictionnaire du Rock de Michka Assayas, il confie vouloir toujours se situer au-dessus du monde électronique « pour ne pas en devenir l’esclave car [ce monde] constitue la plus grande menace pour l’humanité. » C’est comme si l’intrigue s’appliquait au travail de composition de l’artiste. Selon Ridley Scott, dans le documentaire On The Edge of Blade Runner, « il s’asseyait et regardait chaque image, observait chaque expression des acteurs », puis composait et enregistrait d’une traite sans rien programmer.

Dans une chronique de la bande-son de Blade Runner, issue de la très belle revue transmédia Carbone Ink, on apprend que la légèreté distendue et cotonneuse de cette BO provient de deux instruments électroniques principaux : le synthétiseur Yamaha CS-80 et le processeur de réverbération digitale Lexicon 224 XL. Le premier permet une certaine sensibilité de la mélodie dont le son chaud se rapporte à l’humanité fragilisée. L’autre participe à la création de nappes sonores aériennes et étirées, dont l’écho constitue le terrain propice à la paranoïa ambiante. Précurseur en la matière, la composition instrumentale de Vangelis montre comment la musique électronique et l’emploi de synthétiseurs, très prisés dans les années 80 par des artistes comme Giorgio Moroder ou encore Tangerine Dream, ouvre des possibilités sonores inédites.

La maîtrise de cette BO constitue donc un pilier central pour la compréhension et le succès du film. Ce ciné-concert sera donc l’occasion pour l’ensemble australien de rendre hommage à l’aura instinctive et inquiétante de l’œuvre collective de Vangelis et Scott. Welcome to the machine.

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