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Rue de Brooklyn de nuit © Petr Kratochvil
16 février 2022

Le maire de New York en croisade contre la drill

par Guillaume Monnier

Après le Royaume-Uni, c’est New York qui s’y colle, le maire de la ville Eric Adams souhaite faire interdire la drill et notamment ses clips sur les réseaux sociaux, une mesure déjà prise en Angleterre dès 2018. 

Lors d’une élocution le 11 février dernier, le maire de New York, Eric Adams s’est exprimé sur le courant musicale de la drill relançant au passage un débat aussi vieux que le genre, la drill incite-t-elle à la violence ? Pour Adams, pas de doute, il faut suivre les pas du Royaume-Uni qui avait fait supprimé près de 30 clips de drill en 2018. « Nous avons retiré Trump de Twitter. Pourtant, nous autorisons l’affichage des armes à feu et de la violence dans la musique« , interroge-t-il. Le maire souhaite « rassembler les entreprises de médias sociaux » pour interdire la diffusion des clips musicaux de drill.

La drill, sous-genre du rap s’accompagne de toute une identité visuelle liée aux armes, particulièrement blanches en Angleterre. Là-bas, certains rappeurs apparaissent même masqués dans leurs clips. La raison ? La justice anglaise se réserve le droit de présenter des vidéos Youtube comme preuve en cas de procès. Au delà de l’image, les rappeurs dressent un panorama des violences des gangs à travers leurs paroles, incitant à la violence selon le maire Eric Adams. Dans un contexte de recrudescence de la violence des gangs à New York (les rappeurs de 18 et 22 ans Chii Wvttz et Tdott Woo sont décédés par balle entre le 3 et 6 février dernier), l’ancien capitaine de la police new yorkaise met les deux pieds dans le plat et fait le lien entre la drill music et les violences dans certains quartiers défavorisés. Il rejoint la réflexion de la patronne de la Met, la police de Londres, Cressida Dick qui déclarait en 2018 : « La musique drill est associée à des paroles qui rendent glamour de graves violences, des meurtres, des coups de couteau« .

 

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Pourtant, Eric Adams ne « savait pas ce qu’était la drill » avant que son fils lui envoie « quelques vidéos » il y a peu de temps. Un aveu de faiblesse qui pèse sur la légitimité et l’argumentaire de l’homme politique. D’autant plus que la Constitution américaine elle-même joue en sa défaveur. Le premier amendement empêchent la restriction de l’expression artistique. Alors véritable incitation à la violence dans les clips ou expression artistique mobilisant la violence comme biais d’expression ? On pourrait aussi voir à travers ce questionnement une manœuvre de communication politique pour éviter aux institutions d’assumer l’entièreté de leurs bilans sociaux et économiques dans les quartiers défavorisés. Peu importe l’opinion. Les débats autour de la drill dure depuis sa naissance aux alentours de 2008 et ne sont pas prêts de s’arrêter.

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