Rue de Brooklyn de nuit © Petr Kratochvil

Le maire de New York en croisade contre la drill

Après le Royaume-Uni, c’est New York qui s’y colle, le maire de la ville Eric Adams souhaite faire inter­dire la drill et notam­ment ses clips sur les réseaux soci­aux, une mesure déjà prise en Angleterre dès 2018. 

Lors d’une élo­cu­tion le 11 févri­er dernier, le maire de New York, Eric Adams s’est exprimé sur le courant musi­cale de la drill relançant au pas­sage un débat aus­si vieux que le genre, la drill incite-t-elle à la vio­lence ? Pour Adams, pas de doute, il faut suiv­re les pas du Royaume-Uni qui avait fait sup­primé près de 30 clips de drill en 2018. “Nous avons retiré Trump de Twit­ter. Pour­tant, nous autorisons l’affichage des armes à feu et de la vio­lence dans la musique”, interroge-t-il. Le maire souhaite “rassem­bler les entre­pris­es de médias soci­aux” pour inter­dire la dif­fu­sion des clips musi­caux de drill.

La drill, sous-genre du rap s’ac­com­pa­gne de toute une iden­tité visuelle liée aux armes, par­ti­c­ulière­ment blanch­es en Angleterre. Là-bas, cer­tains rappeurs appa­rais­sent même masqués dans leurs clips. La rai­son ? La jus­tice anglaise se réserve le droit de présen­ter des vidéos Youtube comme preuve en cas de procès. Au delà de l’im­age, les rappeurs dressent un panora­ma des vio­lences des gangs à tra­vers leurs paroles, inci­tant à la vio­lence selon le maire Eric Adams. Dans un con­texte de recrude­s­cence de la vio­lence des gangs à New York (les rappeurs de 18 et 22 ans Chii Wvttz et Tdott Woo sont décédés par balle entre le 3 et 6 févri­er dernier), l’an­cien cap­i­taine de la police new yorkaise met les deux pieds dans le plat et fait le lien entre la drill music et les vio­lences dans cer­tains quartiers défa­vorisés. Il rejoint la réflex­ion de la patronne de la Met, la police de Lon­dres, Cres­si­da Dick qui déclarait en 2018 : “La musique drill est asso­ciée à des paroles qui ren­dent glam­our de graves vio­lences, des meurtres, des coups de couteau”.

 

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Pour­tant, Eric Adams ne “savait pas ce qu’é­tait la drill” avant que son fils lui envoie “quelques vidéos” il y a peu de temps. Un aveu de faib­lesse qui pèse sur la légitim­ité et l’ar­gu­men­taire de l’homme poli­tique. D’au­tant plus que la Con­sti­tu­tion améri­caine elle-même joue en sa défaveur. Le pre­mier amende­ment empêchent la restric­tion de l’expression artis­tique. Alors véri­ta­ble inci­ta­tion à la vio­lence dans les clips ou expres­sion artis­tique mobil­isant la vio­lence comme biais d’ex­pres­sion ? On pour­rait aus­si voir à tra­vers ce ques­tion­nement une manœu­vre de com­mu­ni­ca­tion poli­tique pour éviter aux insti­tu­tions d’as­sumer l’en­tièreté de leurs bilans soci­aux et économiques dans les quartiers défa­vorisés. Peu importe l’opin­ion. Les débats autour de la drill dure depuis sa nais­sance aux alen­tours de 2008 et ne sont pas prêts de s’arrêter.

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