Les sons de ta journée #1 : Poppy Fusée 📻 🎧
‘Les sons de ta journée’ propose à des artistes de présenter les tracks phares qui rythment leur quotidien, du réveil au coucher, en passant par le goûter, les transports ou l’apéro. Pour ce premier volet, c’est Poppy Fusée qui ouvre le bal avec une vague de douceurs.
———-
Poppy Fusée, alias Pauline Lopez de Ayora, fait partie de celles et ceux qui rêvent haut et fort. Après avoir joué au sein du groupe Part-Time Friends et après une vie d’apicultrice, Poppy reprend du service en solitaire, sous cette tendre identité cosmique. Un plan qu’elle n’avait pas vraiment tissé sur la comète. C’est en re-tombant par hasard sur une vieille chanson, écrite avec son ami d’enfance Clément Doumic – membre du groupe Feu! Chatterton – et envoyée par mail, qu’elle se décide à reprendre le flambeau sonore.
“J’ai été prise d’un shoot d’émotion ultra-puissant. J’en étais inconsolable, à pleurer pendant des jours… Et puis je me suis dit qu’il fallait qu’elle existe, cette chanson” précise Pauline. Pour l’artiste qui avait fait le choix de se concentrer sur un nouveau chapitre de sa vie (les abeilles et le miel), c’est une évidence qui se présente à elle : “La musique est revenue me chercher” confie-t-elle. Inspirée par l’art sous toutes ses formes, Poppy puise ses influences dans le cinéma contemplatif entre autres les œuvres de Sofia Coppola ou encore le film Eternal Sunshine Of The Spotless Mind par Michel Gondry.
“Quand je suis bouleversée par un film, ça peut durer des mois, voire des années. Ça me fait réfléchir. J’adore analyser, regarder toutes les lectures possibles et souvent, ça se répercute sur ma musique ” raconte-t-elle. Descendante du peintre Paul Cézanne, elle laisse une place à la maîtrise du pinceau et des couleurs, qui impacte également ses créations. Sous ses nappes d’indie, synth-pop et bedroom-pop, on retrouve ses inspirations primaires, soit les discographies de Léonard Cohen, Lou Reed et David Bowie.
Et pour construire ses tracks, Poppy ruse en défiant son trouble de l’attention. “J’ai été diagnostiquée à l’âge adulte et ça a été un soulagement de poser des mots sur mon incapacité à commencer ou terminer quelque chose”. N’arrivant pas écrire chez elle, l’artiste réserve des Airbnb pour roder au mieux son processus de création. D’ailleurs, elle ne travaille jamais seule et sait s’entourer de personnes talentueuses comme Alto, un ami en qui elle voue une totale confiance pour arriver à ses fins musicales. Ecouter Poppy Fusée, c’est plonger tête première dans une dimension à l’air doux et rassurant, où les notes sont cajoleuses et réparatrices.
———-
1/ Se réveiller avec Phoenix – ‘Lisztomania’ (Wolgang Amadeus Phoenix, 2009)
“Eh bien, pourquoi pas, en fait ! Pour le réveil, il faut voir pop et grandiloquent. J’aurais également pu donner une chanson d’Arcade Fire ou de The Strokes mais comme Phoenix nous a régalé pendant la cérémonie de clôture des JO, je me suis mise à beaucoup la réécouter. Le petit arpège du début ressemble à une sonnerie de réveil agréable. Ça change des mélodies pré-conçues dans le téléphone qui niquent les oreilles. Les sonorités sont parfaites pour commencer la journée et dynamiser tout le corps”
2/ Prendre sa douche avec The Japanese House – ‘Touching Yourself’ (In the End It Always Does, 2023)
“The Japanese House est un groupe que j’ai découvert au début de l’été et que je n’arrête pas d’écouter ! C’est typiquement tout ce que j’aime dans la musique. Ça sonne indie pop à fond et sur certaines chansons, je retrouve des airs de Shania Twain et Sheryl Crow, des artistes que j’écoutais quand j’étais ado. J’ai particulièrement choisi ce titre parce qu’il parle de masturbation, chose qui fait partie de l’hygiène quotidienne. C’est le moment idéal pour l’écouter !”
3/ Promener son chien avec Frankie Cosmos – ‘If I Had a Dog’ (Next Thing, 2016)
“Frankie Cosmos c’est de l’indie pop aussi, très légère. J’ai adoré son album Next Thing sorti en 2016 et elle fait partie des artistes qui m’ont donné envie d’être seule sur scène avec une guitare. Je trouvais ça drôle de choisir ce morceau, qui a pour thème de promener son chien. De circonstance, parce que j’adore l’écouter quand je me balade avec le mien. C’est bon enfant (rire) !”
4/ Dans les transports avec Slowdive – ‘Sugar for the Pill’ (Slowdive, 2017)
“Dans les transports j’aime bien m’évader, me faire des films. J’écoute beaucoup de musiques cinématographiques où il y a de la place pour l’imaginaire. À chaque fois que j’écoute ce titre et que je suis dans le train, par exemple, j’ai l’impression d’être dans un vaisseau spatial. Le fait que le chant ne soit pas tout le temps présent, ça laisse pas mal d’espace au synthé (qui est très répétitif). Il se passe un truc qui nous incite à la projection.”
5/ La pause déjeuner avec November Ultra – ‘Thelma & Louise’ (bedroom walls : le salon, 2023)
“Directement, je me suis dit : un déjeuner avec Nova, ma meilleure amie. Il y a dix ans, on se rencontrait sur les blogs tumblr. À cette époque, on commençait tout juste avec mon groupe. De son côté, elle faisait des reprises de One Direction dans sa chambre avec son iPhone. La première fois que j’ai entendu sa voix, j’ai pété un plomb ! Très vite, on s’est parlées et quand on s’est vues, ça a été le coup de foudre immédiat. Elle a écrit ‘thelma & louise’ lorsqu’on était en vacances ensemble. J’adore cette chanson : elle parle d’évasion, de partir à la plage avec l’être aimé…”
6/ La sieste avec Flyte – ‘Speech Bubble’ (Flyte, 2023)
“Je conseille même d’écouter tout l’album ! C’est sûrement celui que j’ai le plus écouté cette année. Là, on est dans de la folk et ce n’est pas le style que j’écoute le plus. Seulement par période. Quand j’ai découvert les Flyte, ils m’ont donné tout ce que j’avais envie d’entendre. C’est doux, sans prétention, il n’y a rien qui me fait tiquer. Tout coule merveilleusement bien… Leurs deux voix vont dans le cœur du sujet, c’est super bien écrit. Un doudou pour s’endormir.”
7/ Le goûter avec Alanis Morissette – ‘Ironic’ (Jagged Little Pill, 1995)
« Aujourd’hui, je ne prends plus trop de goûter. Mais j’en faisais chaque jour quand j’étais au collège. Ça m’a replongée dans des souvenirs où je rentrais des cours en jetant mon sac à dos pour rapidement allumer les clips. Étant de la génération MTV, j’ai été très marquée par le clip de ce track d’Alanis Morissette, où elle est dans une voiture. Je trouvais ça trop stylé qu’elle joue tous les personnages qu’il y avait dedans. Le fait que ce soit très vocal avec ce refrain qui monte dans les aigus, c’est fascinant ! Je pense que c’est elle qui m’a ouvert la porte du rock indé.”
8/ L’apéro avec St. Vincent – ‘New York’ (Masseducation, 2017)
“Je prends très peu l’apéro et je ne bois pas d’alcool. Mais j’aime bien me dire que je suis dans une vibe New York. Je m’imagine sur un rooftop à écouter St. Vincent : une femme qui, en plus de bien écrire, a une liberté au niveau de la structure de ces morceaux. Contrairement à moi qui suis encore très classique dans mon protocole de création, elle, se fiche pas mal de l’ordre couplet-refrain basique. Ça me surprend pas mal et dans le bon sens !”
9/ La soirée avec Oasis – ‘Supersonic’ (Definitely Maybe, 1994)
“À la base, je ne fais pas trop de soirées. Je préfère être chez moi, tranquille, posée sur mon canapé à lire des trucs et être dans mes petites obsessions. Mais Oasis, c’est mon groupe préféré. Je pense que c’est la plus grosse claque musicale de toute ma vie. Avec Part Time Friends, on a enregistré certains de nos albums au Pays de Galles. Souvent, on allait fêter la fin des enregistrements à Londres et là-bas, quand il y a du Oasis qui passent en fin de soirée dans les pubs, tout le monde chante à l’unisson. J’en garde un très beau souvenir, l’un des plus marquants que j’ai pu vivre.”
10/ S’endormir avec The Smiths – ‘Asleep’ (Louder Than Bombs, 1987)
“C’est un titre de The Smiths qui me plait beaucoup. Morrissey qui chante – Sing me to sleep, Sing me to sleep -, c’est parfait pour sombrer dans une grande nuit de sommeil. Rien à dire de plus, l’ensemble du morceau est juste sublime.”
TRACK BONUS / En cas d’insomnie avec Poppy Fusée – ‘Insomnia Party’ (Better Place, 2024)
“’Insomnia Party’ a une place particulière dans mon album. J’y parle de la dépression, mais aussi de la solitude et de ces nuits d’errance que suggèrent l’insomnie. Des choses un peu compliquées que l’on a toutes et tous rencontrées, un jour ou l’autre. Ça évoque aussi le rapport au corps, surtout quand je dis – In my mind, I’m dancing but my body doesn’t know – (Dans ma tête, je danse, mais mon corps n’est pas au courant).”
———-
Better Place, sorti en en janvier 2024, est le premier album de Poppy Fusée. Un aboutissement qu’elle décrit comme une création la plus fidèle à elle-même. À découvrir et ré-écouter pour ceux et celles qui le connaitrait déjà. Parfait sous les étoiles ou au coin du feu, lumière tamisée avec supplément tisane.