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Live report : We Love Green 2023, les jours d’après

Après une édi­tion 2022 mar­quée par les grandes intem­péries du same­di, le pre­mier très gros fes­ti­val parisien de l’été a repris ses droits au Bois de Vin­cennes. Pour trois jours rem­plis de musiques, de fête et de belles promess­es. Bien­v­enue aux jours d’après de We Love Green.

De retour à We Love Green pour un for­mat trois-jours plein de têtes d’af­fiche, de moments de com­mu­nion et de jolies promess­es — tant dans la prog, que dans le nou­veau “Play­ground”, ou le volet food 100% végé­tarien. Allez évacuons-le tout de suite : le déluge de l’an dernier restait dans pas mal de têtes, mais le fes­ti­val a eu plus de chance cette année. Le temps fut idéal, et le soleil peut-être même trop puis­sant par moments. Quelques accrocs tech­niques évidem­ment, mais rien com­paré aux pluies dilu­vi­ennes qui avaient provo­qué l’an­nu­la­tion du same­di en 2022 : là, on a vu Orel­san enchaîn­er son con­cert sans se pos­er de ques­tions, même quand son micro s’est coupé en plein live. Ni une, ni deux, il est descen­du dans le pub­lic pour chanter a capel­la son “Jour meilleur”. La sen­sa­tion Car­o­line Polachek a dû annuler pour “raisons de san­té” : c’est un sim­ple mes­sage retrans­mis sur les écrans qui nous l’ap­prend, avant le con­cert de Pomme à la Clair­ière. Elle fut rem­placée au pied-levé par Myd en DJ-set, même heure même scène. Enfin, une petite frayeur pour PLK, qui s’est un peu fait brûler la main par les flammes sur le devant de la scène. En même temps, il avait prévenu dans son titre “Émo­tif” : “C’est par le feu si je péris”.

 

From La La Land to Skate or Die

Vous nous con­nais­sez, on aura passé un bon paquet de moments devant la scène élec­tron­ique de La La land. Bon, Bac­cus en ouver­ture était sim­ple­ment là pour démar­rer le week-end en douceur, rien de plus… C’é­tait à peine mieux pour l’Ukraini­enne Miss Monique. Bien plus intéres­sante, Crys­tallmess a réveil­lé la pop­u­lace sous le soleil plom­bant. Après Coachel­la, plus rien ne vous fait peur. On a vu des petits bouts de Two Shell, Skrillex… Mais un trio de tête se détache claire­ment dans ce week-end sous la ver­rière de La La Land : d’abord Jay­da G, dansant à la lim­ite de la pos­ses­sion tout au long de son set entre dis­co funk et house ; la patronne Hon­ey Dijon, qui a joué devant un parterre bien fourni et a tapé fort, faisant mon­ter la tem­péra­ture… Et pour les moins con­nais­seurs, ça a don­né l’occasion à ceux qui avaient raté Bey­on­cé au Stade de France, de prof­iter du meilleur des lots de con­so­la­tion : eh oui, Hon­ey Dijon a tra­vail­lé sur plusieurs titres de B, donc autant en prof­iter en set (“MOVE”, “THIQUE”, “Cosy”…) ; mais la tarte élec­tron­ique du week-end c’é­tait Nia Archives ! La Bri­tan­nique a tabassé ce set, entre drum n bass et jun­gle qui pousse, mêlée de pop par endroits et de voix rag­ga par petites touch­es. Et en plus elle chante, très bien même. Avec elle on a vogué entre les remix­es très effi­caces, que ce soit “Gyp­sy Woman (She’s Home­less)” ‑et pour­tant, qu’est-ce qu’on aime le titre original‑, “What You Wont Do For Love”, “Get Your Freak On” de Mis­sy Eliott ou “Lit­tle Things” de Jor­ja Smith. Et l’én­ergie est dévas­ta­trice. Nia Archives s’en fout qu’on soit dimanche en tout début de soirée : ça envoie aus­si fort que dans un hangar à 4h du matin.

 

À lire sur Tsugi :: Portrait : Nia Archives, l’étoile montante de la jungle n’a déjà plus rien à prouver

 

La nou­veauté de l’an­née, c’é­tait aus­si le Play­ground : un nou­v­el espace avec une toute petite scène, et une énorme rampe/bowl juste devant. Il y avait d’ailleurs des ini­ti­a­tions au skate chaque soir, sur une plus petite rampe bien sûr. Y ont défilé quelques cracks du skate­board mon­di­al, comme Edouard Damestoy (France) Jim­my Wilkins (US) Allessan­dro Maz­zara (Ital­ie) ou Rony Gomes (Brésil). Coté musique, on y aura notam­ment vu deux duos qui fonc­tion­nent tout aus­si bien : Mad Rey et Jwles d’un coté, Tatyana Jane et GЯEG de l’autre ; mais aus­si Busy P et son ‘Ed Banger XX’ : après un set le same­di soir, scène Canopée, il est revenu clore le fes­ti­val au Play­ground le dimanche, invi­tant Break­bot, Skrillex, Myd, Tatyana Jane et GЯEG en spe­cial guests.

 

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C’est les émotions”

On retien­dra évidem­ment l’é­mo­tion pen­dant les lives de Pomme (tou­jours aus­si fou de voir sa pro­gres­sion pour devenir une très grande artiste), de Dinos (mer­ci pour “93 mesures” “Helsini­ki” et “Namek”) et Dis­iz (mer­ci pour tout, pour les larmes et la folie libéra­trice). On retien­dra le con­cert de NxWor­ries, où Ander­son .Paak a notam­ment fait mon­ter une armée de danseuses pour lancer une ses­sion Soul Train… Les har­monies et les superbes com­bi’ vert anis de Super­jaz­zclub, avec leur hip-hop sur gui­tares claires, ça tire sur la bossa, entre Sopi­co et Daniel Cae­sar… Lit­tle Simz et son charisme à couper le souf­fle, qui nous ont fait penser à Lau­ryn Hill époque Fugees… PLK, sa tête à claques qu’on adore et son nou­veau disque d’or ‑mérité- pour le pro­jet 2069’ fêté sur scène… Et bien sûr la presta­tion INCROYABLE du groupe Gabriels : Jacob, le chanteur, a une voix hors-norme et sait par­faite­ment la manier, il se balade autant dans les aigus que dans les très graves. Prestance, orches­tra­tions grandios­es, tout cela vient d’une autre époque sans qu’on puisse l’i­den­ti­fi­er. Un con­cert plein de soul, de vio­lons, d’har­monies à trois voix… Du gospel pur.

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Pomme © WLG23

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Dis­iz © WLG23

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Gabriels © WLG23

 

Beds Are Burning”

Et puis on est à We Love Green, alors le fes­ti­val s’ac­com­pa­gne de nom­breuses actions -même si des asso­ci­a­tions dénon­cent l’im­pact de l’événe­ment sur la bio­di­ver­sité locale. Avant cer­tains lives, on a eu droit à des pris­es de parole à visée écologique : par exem­ple celle de The Plas­tic Fore­cast sur la pol­lu­tion plas­tique, avant la pres­ta de Pomme. Il y avait égale­ment pas mal de con­férences à l’e­space Think Tank avec notam­ment Camille Eti­enne, Thomas Wag­n­er, Aurore Stéphant, Salomé Saqué, Raphaël Glucks­mann… Mais on y a aus­si vu de nom­breux con­certs, où des artistes ‑très- promet­teurs ont mal­heureuse­ment été relégués à cette petite scène, comme Lazuli, Var­nish La Piscine, Jyoty, Win­nterzuko et évidem­ment Mau­reen, nou­velle queen du shat­ta. En revanche, très heureux de voir que le pub­lic a répon­du présent tout au long du week-end : le mini-chapiteau était presque tou­jours plein à cra­quer. Gros coup de coeur pour le volet food, où grands chefs et restos en vogue ont rival­isé d’ingéniosité pour pro­pos­er une carte 100% végé­tari­enne : par ici on a opté pour un sand­wich au chou pané de chez Soma San­do, un mafé de chez BMK, et des grilled cheese au Saint-Marcellin et raclette.

C’est donc un retour majori­taire­ment gag­nant pour We Love Green, qui con­tin­ue chaque année à lancer l’été parisien avec un événe­ment d’en­ver­gure et rassembleur.

 

Meilleur moment : Nia Archives, de manière assez évi­dente, même si Gabriels n’est vrai­ment pas loin derrière

Pire moment : met­tre deux heures et demie à ren­tr­er chez soi quand on habite Paris XVI­I­Ie, sim­ple­ment parce que le réseau télé­phonique est trop sat­uré pour com­man­der un taxi, et qu’il n’y a plus ni métro ni RER après 00h40. Oh Valérie, faut pas char­ri­er.