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Crédit photo : Etienne Saint-Denis
22 octobre 2018

Marie Davidson : redescente en flammes

par Vincent Brunner

Moitié d’Essaie Pas, la Canadienne Marie Davidson jette un regard perçant et sarcastique sur l’univers de la nuit. Son quatrième album Working Class Woman fera danser, mais la tête ailleurs.

« Adieu au dancefloor, allez danser, crier, crever sans moi. Adieu au dancefloor, je n’ai pas envie de finir mes jours comme ça. » La mélancolique chanson « Adieu au dancefloor » qui donnait son titre à son troisième album sorti il y a deux ans reflète bien l’état d’esprit de Marie Davidson. À peine la trentaine, déjà un peu une survivante, la Canadienne a eu au moins deux vies, dont une de clubbeuse sauvage sortant jusqu’à plus soif. « Pendant ma vingtaine, j’ai passé tous les week-ends à me défoncer, à avoir des comportements autodestructeurs. Arrivée à un certain point, je me suis dit que ça suffisait. Bon, en même temps, je me retrouve souvent à performer dans un contexte où les gens font la fête… » En solo ou au sein d’Essaie Pas, l’excellent duo synthétique mené avec son mari Pierre Guerineau et signé sur DFA, Marie n’est pas là pour proposer des hymnes à danser béatement. « Non, rigole-t-elle, mon message n’est pas : « Hey, on fait la fête, on s’amuse, on oublie tout, on danse main dans la main jusqu’à demain matin quand on doit tous rentrer chez nous et que l’on a envie de se tirer une balle. » Je trouve ça extrêmement faux et malhonnête. J’aime la communion, après mes lives, ça m’arrive souvent de rester pour écouter le DJ. Tu me verras encore danser, mais pas avec la même innocence. J’aime la musique, j’aime les gens, mais je ne fais pas vraiment confiance au groupe. Je trouve que les gens sont à leur meilleur quand ils savent prendre leur part d’individualité, honorent la personne qu’ils sont plutôt que de vouloir toujours se conformer aux tendances, au goût du jour et aux mouvements. » Cela explique peut-être l’éclectisme boulimique de cette mélomane absolument pas née dans la techno.

Méta-critique

À 19 ans, Marie choisit de tourner le dos à l’université pour se consacrer à la musique. « Après être sortie dans des clubs hip-hop ou dancehall, j’ai connu la scène rock expérimentale de Montréal. Puis j’ai eu un groupe ambient, un peu flirté avec le rock psychédélique. Ce qui m’a fait tomber en amour avec la musique électronique, ce sont des classiques comme Kraftwerk, l’album Exotika de Chris and Cosey puis la techno de Detroit, Cybotron, Model 500, Jeff Mills, Robert Hood. En parallèle, j’étais fan de disco – les productions de Moroder ou de Mike Mareen – et d’italo-disco. Puis j’ai travaillé avec David Kristian pour notre projet DKMD. Il a été un peu mon mentor, m’a initiée aux séquenceurs. J’ai compris que le matériel hardware était idéal pour moi, je n’utilise pas d’ordinateurs, je préfère toucher les machines. Il y a eu beaucoup d’essais avant que je ne trouve mon chemin. »

… La suite dans Tsugi 116, disponible en kiosque ou à la commande ici.

En écoute :

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