© Jacob Khrist

Tonton raconte 20 ans de Nördik Impakt

C’est l’un des événe­ments élec­tron­iques majeurs de l’hiv­er. Tous les ans, au mois d’oc­to­bre, le fes­ti­val Nördik Impakt s’im­pose en réu­nis­sant le meilleur du genre à Caen. Et cette année, encore plus que les autres ! Du 24 au 27 octo­bre, Lau­rent Gar­nier, Daniel Avery, Maceo Plex, Char­lotte de Witte, BLOW, Mad­ben, Rebe­ka War­rior et des dizaines d’autres artistes vien­dront souf­fler la vingtième bougie du fes­ti­val. A l’oc­ca­sion de cette édi­tion anniver­saire, Ton­ton, le pro­gram­ma­teur de Nördik Impakt — tête pen­sante der­rière tous ces beaux noms — nous a livré ses plus beaux sou­venirs du fes­ti­val et ce qui attend les spec­ta­teurs de cette édition.

La vingtième édi­tion approche. Qu’avez-vous prévu de spé­cial, tout simplement ?

Au final, on reste sur un for­mat plutôt clas­sique. On va com­mencer au Cargö le mer­cre­di et con­tin­uer dans des apparte­ments le jeu­di, dans une ambiance plus intimiste. Enfin, les ven­dre­di et same­di, ce sera au tour des soirées au Parc des Expo­si­tions avec des artistes plus con­séquents mais aus­si des artistes locaux qu’on avait envie de voir. Par exem­ple, Lau­rent Gar­nier et Maceo Plex qu’on attend depuis plusieurs années, Hon­ey Dijon ou encore Fakear, désor­mais recon­nu inter­na­tionale­ment, qui a fait ses pre­mières armes au festival.

Donc il n’y a pas d’énorme tête d’af­fiche pour mar­quer le coup, comme on a pu le voir avec Muse pour les 20 ans de Garo­rock par exem­ple, c’est plutôt un bel ensem­ble d’artistes locaux et internationaux.

On est déjà dans un for­mat où on envis­age env­i­ron 10 000 per­son­nes les ven­dre­di et same­di. Aller chercher plus grand, ça voudrait dire un plus gros cachet et donc un prix du bil­let plus élevé. On veut rester dans des raisonnables, de la même manière que la plu­part des fes­ti­vals élec­tro. Notre réflex­ion s’est plutôt portée sur ce melting-pot d’artistes qu’on voulait faire venir, ou revenir, et ce petit clin d’oeil à la scène locale.

Vous avez quand même choisi Jen­nifer Car­di­ni et Vital­ic pour faire office de mar­raine et par­rain de cette édi­tion. Pourquoi ?

C’est un autre clin d’oeil, c’est presque venu d’un micro-gag. Jen­nifer Car­di­ni est venue sur le fes­ti­val de nom­breuses fois. Pareil pour Vital­ic qui est venu présen­ter cha­cun de ses nou­veaux albums. Ce sont deux artistes avec qui un lien affec­tif s’est créé. On s’est dit : “Tiens, ce serait drôle d’af­firmer cette ami­tié avec ces deux artistes, qu’on voit régulière­ment à Caen, qu’on aime et qui nous le ren­dent bien.” Jen­nifer Car­di­ni va jouer et Vital­ic va venir en tant qu’invité.

En l’e­space de vingt ans, le fes­ti­val a énor­mé­ment évolué. Vous êtes passés de 1 500 spec­ta­teurs en 1999 à 22 500 l’an­née dernière. Même si tu n’es arrivé qu’en 2005, qu’est-ce que ça fait en tant que programmateur ?

En temps que pro­gram­ma­teur, il y a un énorme plaisir à pro­gram­mer d’énormes artistes comme Lau­rent Gar­nier ou Maceo Plex mais la joie est aus­si d’aller chercher des artistes un peu moins con­nus. Cette année, nous sommes très con­tents d’ac­cueil­lir Nicole Moud­aber, très rare en France, ou l’I­tal­ien Ilario Ali­cante, qui a encore peu joué mais a tout d’un “artiste de demain”. En évolu­ant de 1 500 à 22 500 per­son­nes, nous sommes arrivés à un for­mat con­séquent qu’on n’a plus for­cé­ment envie de voir grandir. On a envie de rester sur ce côté indépen­dant, direct et acces­si­ble. On n’a pas envie d’ar­riv­er sur des for­mats énormes où on a 50 000 per­son­nes par jour. De toute façon, je pense que le pro­pos musi­cal ne le per­me­t­trait pas. Il faudrait être plus pop­u­laire, ce n’est pas notre envie. 20 ans, c’est l’âge de la maturité.

Si tu devais com­par­er ta pre­mière édi­tion en 2005 et la dernière en 2017, qu’est-ce que tu retiendrais ?

Très hon­nête­ment, c’est tou­jours le même plaisir. Cette exci­ta­tion pré-festival, cette envie d’y être, cette magie des dif­férentes soirées pro­posées. Voir les gens sourire, s’a­muser, prof­iter, ça pro­cure un vrai plaisir. De ce côté, rien n’a changé entre 2005 et aujourd’hui.

En treize édi­tions, tu as eu l’oc­ca­sion de vivre plein de choses. Quel est ton meilleur souvenir ?

Il y a eu des sets assez mémorables. Voilà pourquoi Lau­rent Gar­nier revient pour cette vingtième édi­tion : quand il a joué il y a treize ans, on devait ter­min­er à 9 heures du matin mais la soirée était belle, ça s’est fini à 11 heures 30. On a com­plète­ment débor­dé. Je cite celui de Lau­rent Gar­nier mais le dernier set du fes­ti­val est tou­jours mémorable. Dans l’or­gan­i­sa­tion, tout passe telle­ment vite qu’on ne voit pas grand chose mais lors de ce dernier set, l’équipe arrive enfin à prof­iter de la musique.

Et ton pire souvenir ?

On a vécu l’an­nu­la­tion con­séquente de Kay­trana­da en 2013 à cause d’un prob­lème de trans­port. C’est com­pliqué d’aller vers le pub­lic et d’es­say­er d’ex­pli­quer qu’un artiste, majeur sur ce coup, ne sera pas présent. C’est un moment assez dur pour l’ensem­ble de l’équipe.

Y a‑t-il un nom que tu rêvais d’avoir, as essayé d’avoir pen­dant des années et as enfin réus­si à avoir ?

J’ai peur de me répéter mais je vais encore citer Lau­rent Gar­nier. Je suis arrivé il y a treize ans et cette année, c’é­tait ma treiz­ième demande pour Lau­rent Gar­nier. Vu le côté mag­ique de son set, il y avait une énorme envie de le revoir. Pen­dant toutes ces années, les dates ne col­laient pas car il était à l’autre bout du monde ou jouait en même temps à l’Ams­ter­dam Dance Event. Au final, ça tombe bien car ça tombe sur les 20 ans. Dans les autres têtes d’af­fiche, il y a aus­si Maceo Plex que je voulais depuis plusieurs années. Le tra­vail de pro­gram­ma­teur, c’est aus­si la récur­rence : “Si ce n’est pas cette année, ce sera l’an­née prochaine !” Il y a tou­jours quelque chose de mieux en face. Dans notre cas, c’est sou­vent l’ADE mais à force de per­sis­tance, on y arrive.

Plus per­son­nelle­ment, y a‑t-il un artiste que tu rêverais de pro­gram­mer mais que tu n’as jamais réussi ?

Je ne réus­sir­ai jamais à les avoir mais j’ai pris une telle claque avec leur show en 2007 : ce sont les Daft Punk ! C’est sûre­ment l’ul­time de la musique élec­tron­ique. J’ai aus­si pu voir Kraftwerk aux Trans Musi­cales, ce serait un rêve de les voir jouer à Nördik Impakt mais ils ne tour­nent mal­heureuse­ment plus. C’est un tas de paramètres : ce sont des artistes trop gros, qui ne jouent plus, qui ne sont pas acces­si­bles. A l’époque, on avait pu pro­pos­er Jus­tice mais ils sont devenus telle­ment grands, ce n’est plus pos­si­ble dans le for­mat actuel. Tant mieux pour eux !

Plus d’in­for­ma­tions sur le site du festival

(Vis­ité 604 fois)