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29 mars 2022

Mort de Mira Calix, artiste expérimentale et fascinante du label Warp

par Antoine Gailhanou

Ce 28 mars, on apprenait le décès à seulement 52 ans de la musicienne Mira Calix. Artiste historique du label Warp, la Sud-africaine produisait une musique audacieuse, tissant des liens entre électronique, classique et field recording.

C’est une pionnière qui s’en va. Mira Calix, de son vrai nom Chantal Passamonte, avait défriché des terres inconnues de la musique électronique. Expérimentant avec le collage sonore, le field recording ou les hybridations avec la musique classique, elle avait multiplié les collaborations bien au-delà du seul champ électronique. De ce fait, elle incarnait parfaitement la démarche du label Warp, dont elle était la première signature féminine. C’est ce même label qui a annoncé son décès ce 28 mars, sans en révéler la cause. Pour eux, elle était « non seulement une artiste et compositrice très douée, mais aussi une belle personne, attentionnée, qui a marqué la vie de tous ceux qui ont eu l’honneur de travailler avec elle ».

 

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Née en Afrique du Sud en 1969 (ou 1970, selon les sources), elle était arrivée en Angleterre en 1991 pour se consacrer à la musique. Très vite, elle est embauchée par le label de Sheffield en tant qu’attachée de presse, avant d’y publier sa propre musique. Son premier album, One On One, en 2000, témoigne déjà de sa réflexion sur la physicalité du son. Elle envisageait sa musique comme de la sculpture, ce qui induit un travail sur une matière première, d’où qu’elle vienne. Sa démarche transcende ainsi les frontières de l’IDM ou de l’ambient pour bâtir un style à part, à la frontière de l’électronique populaire et de la musique électronique. Aussi conceptuel soit-il, son travail cherchait toujours à être accessible, se basant sur une démarche ludique, quasi enfantine.

Après un troisième album en 2007, le très bucolique Eyes Set Against The Sun, Calix avait multiplié les collaborations et travaux de commande. Que ce soit pour l’aventureux ensemble Bang On A Can, ou l’institution de la Royal Shakespeare Company, l’amenant à créer une musique originale pour plusieurs pièces de Shakespeare, elle était partout. On a également pu la voir aux côtés de Radiohead, Godspeed You! Black Emperor, ou Autechre (elle était d’ailleurs mariée à Sean Booth, moitié du duo). L’artiste est également connue pour ses nombreuses installations sonores, comme Nothing Is Set In Stone, commandé par la mairie de Londres en 2012 dans le cadre des Jeux Olympiques. Elle consistait en une grande sculpture faite de pierres, laissant entendre une musique mêlant field recording et chœurs enregistrés en Afrique du Sud. En novembre 2021, elle publiait son sixième et ultime album, Absent Origin, le premier qui soit un pur travail en studio depuis 2007. Elle s’y adonnait à un travail de collage sonore expérimental, se basant notamment sur des voix féminines venues du monde entier. Qui sait où elle se serait aventurée à l’avenir ?

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