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15 septembre 2016

Move D : « Paris est maintenant l’une des meilleures villes européennes pour danser »

par rédaction Tsugi

Le label londonien Electric Minds fête ses dix ans cette année et en a profité pour lancer une tournée mondiale, accompagné d’artistes et amis proches. Parmi eux, Move D, aka David Moufang, producteur allemand avec vingt ans de carrière et une longue discographie sous le bras. Avec sa house music inspirée pleine de groove et de jazz, il fait partie des vétérans du genre en Allemagne. Il viendra clôturer la tournée anniversaire d’Electric Minds le 4 novembre à Concrete et nous lui avons posé quelques questions pour se mettre en jambe avant une soirée qui s’annonce mouvementée. 

Quel a été ton premier contact avec la musique électronique ? 

Quand j’avais quatre ans, ma mère s’est remariée et mon beau-père avait une super collection de disques. C’était un homme bien et il me laissait fouiller et écouter ses disques quand il n’était pas là. Il y avait quelques pièces de musique électronique comme du Kraftwerk, du Pink Floyd ou du Tangerine Dream. Grâce à lui, j’ai été exposé très jeune à cette musique qui m’a tout de suite attiré. A cet âge-là, j’appréciais beaucoup le fait qu’elle soit instrumentale car je ne comprenais pas encore les paroles des chansons. J’adorais les Beatles mais je ne savais pas quoi ils parlaient (rires).

Tu as monté ton label, Source Records, au début des années 90. Pourrais-tu nous parler un peu de cette expérience ?

Nous avons commencé en 1990 avec Jonas mais officiellement, le label a été lancé en 1992.  A l’origine, nous avions créé Source Records pour pouvoir sortir nos propres disques et puis nous avons eu l’occasion de le faire grandir avec d’autres artistes comme Yoni, Deep Space Network ou Alex Cortex. Il est plus ou moins en hibernation depuis 2004, nous n’avons rien sorti ces dix dernières années car nous avons été pas mal occupés et c’était devenu trop difficile de vendre des disques à ce moment-là, mais pourquoi pas reprendre les choses en main bientôt.

J’ai de mon côté commencé à produire à peu près au même moment. Je jouais avant dans des groupes et ma première apparition sur un disque, c’était en 1983. J’ai commencé à mixer en 1987 et au début, j’étais plus attiré par la black music ou le funk et puis grâce à un ami, en 1990, j’ai vraiment plongé dans la techno et la house. J’ai eu beaucoup de chance.

Quel est le premier disque que tu aies acheté ?

Je crois que c’était un album des Beach Boys. Comme j’avais accès à cette grande collection, il était difficile de trouver quelque chose qui n’y était pas déjà.

Et le dernier ?

Je n’achète jamais qu’un seul vinyle, je les prends par paquets (rires) mais dans ma dernière sélection je crois qu’il y avait du Mad Rey et du Lawrence Guy.

Outre ta prolifique discographie house, tu as eu pas mal de side-projects comme Conjoint, un groupe de  jazz ambiant monté avec Karl Berger, Jamie Hodge et Ghunter Ruit Kraus ou encore tes travaux avec Thomas Meinken. Quelle expérience fut la plus marquante ? 

C’est drôle que tu mentionnes Conjoint, je suis tombé récemment sur une vidéo d’un live de 2000 qui m’a rappelé plein de souvenirs. Ce projet était spécial car aujourd’hui, un des musiciens, Karl Berger, a 81 ans. C’est un célèbre musicien de free jazz. Il vient lui aussi d’Heidelberg, il a été découvert dans les années 60. Je me souviens, je l’ai rencontré après l’un de ses concerts dans ma ville, mon père amateur de jazz m’avait conseillé d’y aller et je n’ai pas été déçu. A cette époque il m’avait gentiment dit de gagner en expérience et de le recontacter par la suite. Peut être deux ans plus tard, je reçois un appel, c’était lui et il me disait qu’il est à Brooklyn et que quelqu’un passait un de mes disques. Il s’est souvenu de moi grâce à ça et on s’est revus juste après. Le premier album de Conjoint est sorti en 1997, le second en 2004 et j’aimerais vraiment pouvoir en refaire un, avant qu’il ne soit trop tard.

Tu vis à Heidelberg, que penses-tu de la scène électronique allemande ? 

Il est évident que l’Allemagne a joué un rôle prédominant dans les premiers jours de la techno. Mais je crois qu’aujourd’hui, cette scène est devenue très conservative, on voit finalement toujours les mêmes artistes depuis dix ans. Ce sont des gens qui ont mon âge (rires) alors c’est encore plus difficile pour les nouveaux. Comme MCDE, ils doivent tout tenter plutôt à Paris ou à Londres qui accueillent à bras ouverts la modernité et la jeunesse. La nouvelle scène house n’aurait pas eu sa chance en Allemagne et ce n’est pas une bonne chose.

Tu viens souvent à Paris ? 

A vrai dire, ma famille vient de Toulouse ! Oui, j’y viens souvent, mais surtout dans les années 90 où je me baladais partout en France. Je suis beaucoup la scène house française qui a toujours su se renouveler. J’ai de très bons souvenirs de Paris il y a vingt ans. Et puis, dans les années 2000, les choses n’allaient pas très bien pour la musique électronique mais heureusement pour nous tous, cela n’a pas empêché la capitale de redevenir florissante. Je dois dire que Paris est une ville magnifique mais tout de même un peu agressive, il y a une certaine pression sociale, plus de démonstrations. En tout cas depuis 2010, on peut admirer l’effervescence autour de la nuit à Paris et du coup, de la musique. Maintenant, c’est l’une des meilleures villes européennes pour danser. Le Rex, le Batofar, Concrete, le Djoon… C’est vraiment super.

Quels nouveaux artistes house t’ont marqué récemment ? 

Le jeune label qui m’a le plus marqué, c’est D.KO Records. Mais pour le reste, il y a vraiment des super vibes, la France est au top.

Cette année, tu participes à une tournée mondiale organisée par le label Electric Minds pour fêter ses dix ans. Quelle est ton histoire avec le label ? 

Dolan, qui a créé le label, est un très bon et très vieil ami. C’est aussi l’un de mes promoteurs préférés. On s’est rencontré il y a longtemps, je dirais dix ans environ, comme le label pratiquement. Maintenant, il organise de grands événements avec des milliers de personnes mais à l’époque, il faisait des soirées dans des greniers (rires). Par le biais de notre amitié, c’était assez naturel pour lui de me demander un morceau pour le label. Jusqu’ici, j’ai pu sortir deux EPs et un troisième est en route, pour les dix ans du label. 

Tu joueras le 4 novembre à Concrete à Paris pour clôturer l’anniversaire, tu es content ? 

Oui, je suis ravi de cette date ! J’ai déjà joué à Concrete mais je n’ai pas encore eu l’occasion de tester le Woodfloor. Ce que je préfère là bas, c’est mixer la journée plutôt que le soir, c’est vraiment une ambiance particulière je trouve, et très appréciable. 

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