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© Diogo Lima
14 août 2018

Neopop Festival : la capitale de la techno se cache au Portugal

par Adrien Bertoni

Un petit coin de paradis. Située à une heure de route au Nord de Porto, la petite ville de Viana Do Castelo a tout de la station balnéaire idéale. De sa plage aux ruelles du centre historique, la cité est devenue une destination aussi bien prisée par les surfeurs que les touristes venus en famille. C’est donc ce paisible écrin qui accueille depuis plus d’une dizaine d’années le Neopop Festival, devenu l’un des rendez-vous majeurs des musiques électroniques au Portugal. Du mercredi 8 au samedi 11 août, l’événement était de retour avec un mot d’ordre affiché sur panneau géant dès l’entrée de la ville : « Capital of Techno ». Et une fois sur place, on ne peut que constater à quel point Viana Do Castelo et le Neopop ne font qu’un.

Cela peut s’expliquer par la situation géographique du festival, en plein cœur de la ville et dans un cadre privilégié. Là où certains festivals jouent la carte de l’industriel et d’autres optent pour une touche plus rétro, le Neopop offre le meilleur des deux. En bord de mer, l’événement prend place entre les ruines du château Santiago da Barra et les grues du port. Une situation parfaitement résumée par l’Anti Stage, une des deux scènes du festival, qui vient se loger entre les murs du fort et une rangée de containers. Cette opposition entre ancien et nouveau résonne aussi avec l’ensemble de la cité portugaise partagée entre son patrimoine (à l’image du sanctuaire de Santa Luzia qui surplombe l’ensemble de la ville) et des constructions contemporaines (dont une bibliothèque conçue par l’architecte Siza Vieira) qui lui valent désormais le surnom de la « Mecque de l’architecture ».

© Marta Santos

Si le Neopop et Viana do Castelo semblent si liés c’est aussi parce que le festival dépasse de ses murs et s’invite dans toute la ville à travers une série d’événements parallèles. Red Bull Music nous donnait par exemple rendez-vous au théâtre municipal Sá de Miranda. Opposition des époques encore dans ce prestigieux théâtre à l’italienne plus habitué aux opéras mais qui a accueilli le temps de deux soirées des artistes de musiques électroniques. Aux cotés de Clark venu présenter son live Death Live, on y retiendra surtout la prestation de GPU Panic. Passé par la Red Bull Music Academy, l’artiste portugais est venu offrir une performance captivante et expérimentale basée sur le travail des textures, aussi bien électroniques que celles de sa propre voix. Contraste toujours, après avoir trituré ses machines GPU Panic se met derrière le piano et commence alors à jours pendant quelques minutes. Et au moment où l‘on s’attend à ce qu’il nous renvoie une salve de beats, il finit tout simplement sur ces notes de douceur. Au cœur du vieux théâtre, le temps semblait alors totalement suspendu.

© Hugo Silva

Evidemment si le Neopop prétend au titre de capitale de la techno c’est aussi parce que le festival peut se targuer d’un line-up des plus conséquents. De Nina Kraviz à Ricardo Villalobos en passant par Ben Klock, Josh Wink ou DJ Nobu, c’est la crème de la scène internationale qui s’était donnée rendez-vous au Portugal. De quoi profiter d’un b2b entre Paula Temple et Rebekah qui n’aura pas fait dans la dentelle ou encore d’un Jeff Mills toujours aussi magistral derrière les platines. Aux côtés de ces mastodontes, le festival était aussi l’occasion de mettre en avant de nombreux artistes émergents ou moins médiatisés. Ainsi le jeudi pendant que Solomun livrait sur la Neo Stage un set certes des plus efficaces mais manquant peut-être un peu de relief ou de fantaisie, sur l’Anti Stage Dexter nous livrait une prestation particulièrement plaisante. Malheureusement la foule captivée par le DJ star (et nouveau personnage de GTA) était des plus éparses devant le résident du club de Lisbonne LuxFrágil. Du côté de l’Anti Stage on retiendra aussi les passages le jeudi de Dopplereffekt, le vendredi d’Anna Haleta, pionnière de la scène électronique israélienne, et le samedi de Lewis Fautzi figure d’une scène techno portugaise particulièrement dynamique et très bien représentée au Neopop.

© Rui Soares

Au milieu de cette programmation où la techno était reine, le festival offrait aussi quelques moments de respiration. C’est ainsi qu’on a retrouvé en tête d’affiche du premier jour du Neopop St Germain accompagné de ses musiciens. Le live du Français basé sur le jeu de ses instrumentistes et aux influences très jazz avait de quoi détonner au milieu de cette armada de DJs. Pourtant c’est justement ce décalage qui a rendu cette parenthèse organique encore plus agréable. Le public a d’ailleurs été au rendez-vous (malgré la pluie qui s’est abattue au cours de la soirée) et très réactif aux tubes du pionnier de la house française. La France était particulièrement bien représentée au Neopop que ce soit par ses artistes (Ivan Smagghe, Apollonia, Voiski, etc.) mais surtout par son public francophone présent en nombre au Portugal. De quoi se sentir un peu plus comme à la maison dans un festival qui marque aussi par son ambiance familiale. Car oui, encore une fois à l’image de sa ville, le Neopop a su rester un événement à taille humaine. Si le line-up a de quoi impressionner par sa richesse, le festival est loin des grosses machineries que l’on peut connaitre ailleurs. Seulement deux scènes, un site facilement parcouru à pied, des prix abordables et surtout une qualité d’accueil et un état d’esprit positif comme seul le Portugal peut en offrir. Définitivement, le Neopop n’a pas volé son titre de capitale de la techno.

Meilleur moment : Jeff Mills. A l’heure où certains DJs se font de plus en plus bourrins, il nous a rappelé que la techno est aussi une affaire de sensations, pour ne pas dire de spiritualité.

Pire moment : En allant au Portugal en plein mois d’août on avait tout prévu, sauf de passer la première soirée du festival sous la pluie…

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