Jacob Khrist

Nördik Impakt : 20 ans de musique électronique à Caen

On a tous un anniver­saire par an, mais on a qu’une seule fois vingt ans. C’était au tour du Nördik cette année. Hasard ou non, GTA a débar­qué sur PlaySta­tion lui aus­si en 1998, et pour fêter ça, on a eu la chance de voir une voiture brûler lorsqu’on était dans la navette pour rejoin­dre le parc expo. Com­pas­sion cependant.

Jacob Khrist

On arrive donc sur le site aux alen­tours de 19h45. L’organisation est bien rodée, le flux de fes­ti­va­liers est plutôt bien géré et ceux-ci parvi­en­nent à se fray­er un chemin entre les gouttes. Plus ou moins. En bons obser­va­teurs, on était sur le site avant même l’ouverture de la pre­mière scène et le set courageux de Surf­ing Leons alias Math­ieu Fon­sny, pro­gram­ma­teur du Dour Fes­ti­val. Il joue pour approx­i­ma­tive­ment 17 per­son­nes dans une salle qui peut en con­tenir 20000, mais il faut bien com­mencer à un moment. C’est d’ailleurs un choix sin­guli­er qui a été fait par les organ­isa­teurs. Com­prenez : Les trois hangars sont alignés côte à côtes, et com­mu­niquent entre eux. Le plus vaste est au milieu, et c’est pré­cisé­ment dans celui-ci que Surf­ing Leons ouvre le bal, à 20h30 pétantes. Les deux autres salles sont alors ouvertes, mais vides de déci­bels. Quelques gen­darmes con­trô­lent on ne sait trop quoi, pen­dant que quelques curieux regar­dent les sys­tèmes lumières comme s’ils voy­aient le Christ. Ce n’est qu’à 22 heures que les enceintes du Hall of Death se met­tent à cracher. Étrange. Il faut encore quinze min­utes de plus pour qu’AWB ouvre le Won­der Hall par un warm-up auda­cieux de vari­a­tions entre tech­no, elec­tro et quelques envolées de breaks. Bien plus intéres­sant que la presta­tion ultra linéaire — pour ne pas dire ran­dom — de Ran­domer. Par ailleurs, on com­prend la démarche mais la dénom­i­na­tion manichéenne des deux salles n’a que peu de sens… Si la musique de Con­tre­façon, Blawan et des deux bon­shommes sus-cités vous évoque l’émerveillement, vous êtes priés de con­sul­ter dans les plus brefs délais. Con­cer­nant la salle opposée donc, elle était dédiée aux musiques plus rapi­des. Dis­ons que ça oscil­lait entre 140 et 200 BPM, avec un hangar rem­pli dès 23 heures d’une horde de far­fadets prêts à en découdre.

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On notera la per­for­mance du danseur de Rebe­ka War­rior qui a réus­si à tournoy­er sur lui-même durant trois bonne min­utes en guise d’intro, sans se cass­er la gueule. Jolie prouesse, mais ce n’est rien à coté de l’exploit réal­isé par les Fant4stik en jouant de la guitare-synthé pen­dant un set de hardtek ! Ce n’était néan­moins pas une bonne rai­son pour s’y éterniser. Un petit tour pour voir une Char­lotte de Witte vis­i­ble­ment fatiguée par le tra­jet ‑son avion a été annulé, elle est venue de Lyon en voiture‑, et on ter­mine la soirée en jonglant avec un Blawan en forme olympique et un Lau­rent Gar­nier goût bacon grillé.

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Le lende­main après-midi, rendez-vous à la bib­lio­thèque Alex­is de Toc­queville. Pour se don­ner bonne con­science bien sûr, mais aus­si pour écouter — ou vivre — la con­férence ultra-captivante de Christophe Brault, célébrant trente ans d’élec­tro. L’aprèm se ter­mine avec une Jen­nifer Car­di­ni au con­trôle des potards et des esprits dans le forum du lieu. Une source de moti­va­tion pour la deux­ième nuit au parc expo ? Pas telle­ment. Encore plus que la veille, les gens tar­dent à venir. Mis­ter météo joue con­tre nous et la soirée d’hi­er a du faire quelques rav­ages. Peu importe, on est là. On com­mence par aller voir le live de Gangue, alias Ful­geance, Har­ing et La Fine Équipe, pour un con­cert d’élec­tro qui groove bien et donne des forces pour le reste de la nuit. Daniel Avery était assez prévis­i­ble jusqu’à ce qu’il passe une demi heure à bal­ancer des trucs breakés à l’im­age du “Touch Absence (Intim­i­dat­ing Still­ness Mix)” de Lanark Arte­fax auquel le pub­lic n’é­tait vis­i­ble­ment pas prêt, mais il s’en est bien sor­ti en bour­ri­nant con­ven­able­ment pour clore. On est con­tent d’ap­pren­dre que Josh Wink est tou­jours aus­si bon dans le mélange house/techno, que Jen­nifer Car­di­ni a tout cassé pour la deux­ième fois de la journée, et que la vio­lence atten­due d’I­lario Ali­cante fai­sait bien son effet. Pas de den­telles néanmoins.

Jacob Khrist

Ça aurait pu être le moment de causer de la déco du fes­ti­val, ou de la con­vivi­al­ité d’un espace chill-out… Ça aurait pu, mais ces deux là étaient aux abon­nés absents. En par­lant avec dif­férents fes­ti­va­liers, plusieurs habitués sont déçus quand les tout juste bap­tisés sont émer­veil­lés. La scène du Hall of Fame, posi­tion­née de façon à être vue à 360° était la pierre angu­laire d’un spec­ta­cle qui aurait mérité d’être plus abouti dans les deux autres salles. Hormis ça, c’est une édi­tion anniver­saire ron­de­ment menée qui célèbre le pas­sage du Nördik Impakt dans la cour des grands, s’il n’y était pas déjà.