Pamela : stade, punk et frites | INTERVIEW
Pamela a pris la France d’assaut, à coups de rock explosif. Première partie à l’Olympia, aux Transmusicales et à la Cigale… Et c’est que le début, pour le duo formé par Sam Sprent et Simon Quénéa. Les deux ont dévoilé ce 7 mars leur premier EP LIVE.SHIFT.DREAM. Avant de les retrouver à la Maroquinerie le 20 mars, on a eu le temps de leur poser quelques questions.
Énergie brute, liberté punk, sourire contagieux : ce n’est pas la devise de Pamela, mais bien son âme. Nourrie de large tranche de sons UK, Pamela est la passerelle entre Sam Sprent et Simon Quénéa, tous deux grands amateurs de ces saveurs brutes et électriques. Pour la célébrer comme il se doit, l’un prend le mic, l’autre se pose derrière batterie et synthés pour confectionner de parfaits hymnes britpop. De cette symbiose spontanée est né un EP : LIVE.SHIFT.DREAM. Et avant de voir Pamela sur la scène de la Maroquinerie le 20 mars, on s’est glissés dans le studio du duo, pour glaner deux-trois recommandations… Pour devenir de vrais punks.

© Jacques Frantz
Comment s’est formé Pamela ?
Sam Sprent : Avant tout, on était tous les deux sur d’autres projets musicaux à Nantes, donc on se connaissait de loin depuis longtemps. Les musiques actuelles, c’est un petit monde en France, encore plus à Nantes. Nos deux projets perso se sont mis en stand-by. Simon s’est mis à faire de la prod’ pour d’autres artistes, tout en développant son projet à côté. Il manquait du chant, il a pensé à moi ! Ça s’est fait naturellement dans son studio, sans prétention, juste pour essayer.
Simon Quénéa : On avait besoin de faire quelque chose de différent, qui nous ressemble davantage. On s’est retrouvés autour des sonorités anglo-saxonnes, qui nous parlent depuis qu’on est gamins. Notre rencontre a été particulièrement intense, une histoire d’amour musicale qu’on voulait partager en live. Ah, et pourquoi Pamela ? C’est le prénom de la grand-mère de Sam. La mienne s’appelle Marie-Claire… ça aurait fait de la concurrence à un truc un peu moins stylé (rires).

© Jacques Frantz
Votre musique sonne profondément anglaise. Vos concerts eux, sont majoritairement en France. Comment articulez-vous cette double nationalité ?
Simon Quénéa : On est basés à Nantes, c’est là qu’on a fait nos armes. Mais comme on chante en anglais et que c’est la langue maternelle de Sam, on veut savoir comment les anglophones reçoivent Pamela. On a fait une première date à Londres en octobre dernier, qui s’est bien passée. Là, on retourne à Brighton pour le Great Escape pendant deux jours.
Sam Sprent : Hâte de se frotter à un public majoritairement anglais.
Quelle a été votre méthode pour créer de ce EP ?
Simon Quénéa : Le studio ! Je l’ai monté il y a 4 ans avec Pierre Cheguillaume, mon acolyte avec qui je travaille depuis que j’ai 15/16 ans. Il y a plein de guitares, de basses, de synthés… C’est un fourre-tout qui nous permet d’être créatifs. Là-bas, il nous faut généralement une après-midi pour poser les grandes lignes d’un morceau. On parle d’abord de ce qu’on écoute. On se partage les trucs qui nous touchent sur le moment, qui nous inspirent. Ce temps à deux est ultra-précieux, d’autant plus dans ce lieu.
Sam Sprent : Pendant nos voyages pour d’autres projets musicaux, on amasse des expériences qu’on ramène au studio. Tout est branché et dès qu’on a une idée, on joue dessus, on enregistre… Et on a tout de suite une idée de ce que ça peut donner. Sur les 30/40 démos qu’on a faites, on en a sélectionné cinq : celles qui nous faisaient le plus de bien.
Sur ‘G.R.E.A.T’, on retrouve l’âme d’un chant de stade. Quelles étaient vos envies et intentions autour de ce son ? Qu’est-ce qui crée la ferveur ?
Simon Quénéa : Il y a trois ans, j’étais en studio avec Disiz pour l’enregistrement de l’album L’Amour. Il arrive et nous dit « j’ai écouté Laurent Voulzy toute ma vie, j’aimerais qu’on fasse du Laurent Voulzy ». J’ai trouvé ça super fort d’assumer des influences qui t’ont bercé gamin. Ça m’a fait un déclic : j’avais envie d’assumer pleinement qui je suis. Enfant, j’écoutais Oasis, LCD Soundsystem, Franz Ferdinand à fond.
Je suis fan de ces moments de liesse où tout le monde chante. De cette culture pub qui rassemble et entraîne un lâcher-prise. Aujourd’hui j’ai 30 ans, j’ai moins peur d’y aller. Que ce soit un hymne ou non, si ça résonne chez les gens, je suis heureux ! Les barrières que je me mettais avant — du genre « si tu fais pas du free-jazz, c’est éclaté » — ont disparu. Aujourd’hui, si c’est stadium, c’est pas grave.
Sam Sprent : Je viens d’une formation rock indé, qui cherchait à complexifier la musique. Cette liberté m’a permis de faire ressortir toute la pop culture anglaise qui m’a bercé. Cette simplicité n’est pas calculée. Pour les paroles de « G.R.E.A.T » je voulais chanter ça, je l’ai fait sans me mettre de barrière.
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© Pamela – « LIVE. SHIFT. DREAM. »
Combien de frites faut-il pour faire une pochette d’EP ?
Sam Sprent : 12 kilos !
Simon Quénéa : Oui, 12 kilos de frites bien dégueu (rires). Mais il y avait un carton en dessous, pour faire genre qu’il y en avait plus. C’était encore une idée de Guillaume. Il aime bien les stations-service et nous, on aime bien manger.
Sur vos visuels, synthés et autres machines sont ultra-présents. Quelle place ont-ils dans le cœur de Pamela ?
Simon Quénéa : Ils sont omniprésents. J’ai toujours voulu avoir un groupe de rock, mais j’ai toujours eu des potes qui ne jouaient que des synthés. Dans Pamela, finalement, je fais du rock avec ce que j’ai sous la main, ce que je sais faire : la synthèse. Le studio est blindé de synthés. Je suis persuadé qu’on peut trouver quelque chose qui mêle rock, synthés et danse, comme le fait Soulwax.
Les visuels ont été faits par Guillaume Ménard, qui a aussi réalisé le clip « Les dormantes » de Zaho de Sagazan. Pour nos visuels sur les plateformes de streaming, il a recréé en carton tout notre studio à l’échelle 1/100. Puis il a photographié ces maquettes faites à la main.
Le lien entre votre musique et celle de Zaho de Sagazan est évident. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Simon Quénéa : Je travaille avec Pierre Cheguillaume depuis plus de 15 ans. On a monté un label au moment du Covid, puis un studio. On a produit l’EP d’un groupe nantais. La choriste s’appelait Zaho de Sagazan et elle nous a fait écouter ses chansons. Magnifique rencontre ! Aujourd’hui le studio de Zaho, c’est aussi celui de Pamela.
Quel est l’endroit parfait pour écouter l’EP ?
Sam Sprent : Pas mal de gens m’ont dit qu’ils l’avaient passé en soirée et que ça avait fait l’unanimité. J’aime bien l’idée que cette musique motive et rassemble.
Simon Quénéa : En ce moment, j’ai besoin de sentir qu’on peut être forts ensemble. Tout ce qui se passe autour me touche avec une violence folle ! Je rêve de faire des morceaux qui changent un peu le monde des gens.
Sam Sprent : On veut juste pas entendre ça dans un meeting d’extrême droite !
Après une première partie à l’Olympia et un passage aux Transmusicales, quelle est la prochaine étape ?
Sam Sprent : Ça serait déjà de faire aussi bien en Angleterre et même dans le reste de l’Europe. Quand on a rencontré nos tourneurs, on a été clairs avec eux. Le but c’est développer autant chez nous qu’à l’étranger. On a un rêve commun : jouer à Glastonburry !

© Jacques Frantz
En attendant les plaines du sud de l’Angleterre, retrouvons Pamela à la Maroquinerie le 20 mars et au Trianon le 6 novembre !
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