© Paul Hudson

Sans prévenir, King Gizzard sort un disque house et techno bien planant

On a man­qué de le louper. Pour­tant, King Giz­zard & The Lizard Wiz­ard a déjà pub­lié un album en 2022. Sor­ti unique­ment en vinyle, Made In Time­land est pen­sé comme un inter­lude pour un live marathon réal­isé le 5 mars. Il dénote surtout par son ambiance tech­no et house. Mais tou­jours à la façon unique du groupe australien.

Il faut s’accrocher pour les suiv­re. Mais les six musi­ciens de King Giz­zard & The Lizard Wiz­ard n’en restent pas moins l’un des groupes de rock les plus pas­sion­nants des dix dernières années. Avec une pro­duc­tiv­ité hal­lu­ci­nante (qui cul­mi­nait en 2017 avec pas moins de cinq albums dans l’année, tous réus­sis), ils impres­sion­nent égale­ment par leur capac­ité à jon­gler d’un style à l’autre. Sur la base de leur rock psy­ché, ils ont su explor­er jazz, pop, musique élec­tron­ique, met­al ou musiques ori­en­tales sans jamais per­dre leur iden­tité. Et voilà que moins d’un an après But­ter­fly 3000, syn­thèse de leurs obses­sions, et deux mois après sa ver­sion remixée, ils pub­lient presque en cati­mi­ni ce qui est déjà leur 19ème album en 10 ans, Made In Time­land.

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Ce quasi-silence s’explique par la nature par­ti­c­ulière du disque. Séparé en deux pistes d’exactement 15 min­utes (ce qui rap­pelle le con­cept de l’album Quar­ters en 2015, de 4 fois 10 min­utes), il est d’abord pen­sé comme un inter­lude musi­cal. Le disque accom­pa­g­nait en effet un con­cert marathon du groupe, don­né le 5 mars dans leur ville de Mel­bourne. Chaque par­tic­i­pant en con­ser­vait d’ailleurs un exem­plaire gra­tu­it. Or, ce con­cert, inti­t­ulé “The Return of the Curse of Time­land” devait se tenir bien plus tôt, repoussé plusieurs fois en rai­son de la pandémie. Un fan avance même que l’album aurait été enreg­istré dès 2019, pour un con­cert prévu en 2020. La sor­tie du disque a ain­si été repoussée avec le con­cert. Des mag­a­sins l’ont même reçu plusieurs semaines avant sa sor­tie, en rai­son de ces com­pli­ca­tions et annu­la­tions de dernière minute.

C’est cette genèse par­ti­c­ulière qui explique égale­ment le con­tenu du disque. Les dif­férentes sec­tions sont unique­ment réu­nies par un tem­po com­mun à 60 bpm, évo­quant le rythme d’une hor­loge. La musique, elle, fait plutôt l’effet d’un pot-pourri planant, alter­nant les ambiances sans jamais vrai­ment s’installer. On a plutôt affaire à un long trip. Pour­tant, le disque reste très intéres­sant par son emploi de styles qui restaient encore inédit chez le groupe : la house et la tech­no. La pre­mière face fait en effet la part belle aux ryth­miques acid, don­nant un aspect flot­tant à l’ensemble. Si la suite revient vers des sons psy­ché plus habituels pour le groupe, le tout glisse à la fin vers une sec­tion pure­ment tech­no. Mal­gré tout, on y recon­naît chaque fois la pat­te du groupe, dans ce psy­chédélisme débridé et fun. Bref, mal­gré le côté décousu assumé du pro­jet, il pointe encore de nou­velles pistes pas­sion­nantes pour le groupe. Et donne l’impression que sa boulim­ie musi­cale n’a pas de fin.

Comme si cela ne suff­i­sait pas, King Giz­zard a déjà prévu la sor­tie de son 20ème album dans le courant de l’année. Inti­t­ulé Omni­um Gatherum, il a été annon­cé avec un sin­gle de pas moins de 18 min­utes, longue jam où le groupe revient à un style garage et hard rock rap­pelant ses débuts. Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, ils vien­nent égale­ment de pub­li­er un EP com­mun avec leurs com­pa­tri­otes Trop­i­cal Fuck Storm, tout aus­si pas­sion­nants. Mais quand dorment-ils ?

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