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© Paul Hudson
16 mars 2022

Sans prévenir, King Gizzard sort un disque house et techno bien planant

par Antoine Gailhanou

On a manqué de le louper. Pourtant, King Gizzard & The Lizard Wizard a déjà publié un album en 2022. Sorti uniquement en vinyle, Made In Timeland est pensé comme un interlude pour un live marathon réalisé le 5 mars. Il dénote surtout par son ambiance techno et house. Mais toujours à la façon unique du groupe australien.

Il faut s’accrocher pour les suivre. Mais les six musiciens de King Gizzard & The Lizard Wizard n’en restent pas moins l’un des groupes de rock les plus passionnants des dix dernières années. Avec une productivité hallucinante (qui culminait en 2017 avec pas moins de cinq albums dans l’année, tous réussis), ils impressionnent également par leur capacité à jongler d’un style à l’autre. Sur la base de leur rock psyché, ils ont su explorer jazz, pop, musique électronique, metal ou musiques orientales sans jamais perdre leur identité. Et voilà que moins d’un an après Butterfly 3000, synthèse de leurs obsessions, et deux mois après sa version remixée, ils publient presque en catimini ce qui est déjà leur 19ème album en 10 ans, Made In Timeland.

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Ce quasi-silence s’explique par la nature particulière du disque. Séparé en deux pistes d’exactement 15 minutes (ce qui rappelle le concept de l’album Quarters en 2015, de 4 fois 10 minutes), il est d’abord pensé comme un interlude musical. Le disque accompagnait en effet un concert marathon du groupe, donné le 5 mars dans leur ville de Melbourne. Chaque participant en conservait d’ailleurs un exemplaire gratuit. Or, ce concert, intitulé « The Return of the Curse of Timeland » devait se tenir bien plus tôt, repoussé plusieurs fois en raison de la pandémie. Un fan avance même que l’album aurait été enregistré dès 2019, pour un concert prévu en 2020. La sortie du disque a ainsi été repoussée avec le concert. Des magasins l’ont même reçu plusieurs semaines avant sa sortie, en raison de ces complications et annulations de dernière minute.

C’est cette genèse particulière qui explique également le contenu du disque. Les différentes sections sont uniquement réunies par un tempo commun à 60 bpm, évoquant le rythme d’une horloge. La musique, elle, fait plutôt l’effet d’un pot-pourri planant, alternant les ambiances sans jamais vraiment s’installer. On a plutôt affaire à un long trip. Pourtant, le disque reste très intéressant par son emploi de styles qui restaient encore inédit chez le groupe : la house et la techno. La première face fait en effet la part belle aux rythmiques acid, donnant un aspect flottant à l’ensemble. Si la suite revient vers des sons psyché plus habituels pour le groupe, le tout glisse à la fin vers une section purement techno. Malgré tout, on y reconnaît chaque fois la patte du groupe, dans ce psychédélisme débridé et fun. Bref, malgré le côté décousu assumé du projet, il pointe encore de nouvelles pistes passionnantes pour le groupe. Et donne l’impression que sa boulimie musicale n’a pas de fin.

Comme si cela ne suffisait pas, King Gizzard a déjà prévu la sortie de son 20ème album dans le courant de l’année. Intitulé Omnium Gatherum, il a été annoncé avec un single de pas moins de 18 minutes, longue jam où le groupe revient à un style garage et hard rock rappelant ses débuts. Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, ils viennent également de publier un EP commun avec leurs compatriotes Tropical Fuck Storm, tout aussi passionnants. Mais quand dorment-ils ?

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