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@ Cyril Gaborit
12 janvier 2024

Slimka : « J’ai mis beaucoup plus de mon âme dans mon nouvel album »

par Sasha Abgral

Slimka est de retour avec Le Grand Mystico, son nouvel album inspiré des souvenirs de son enfance, dans lesquels le cirque et l’esthétique Tim Burton-esque définissent le paysage. On a discuté avec le rappeur le plus énergique de Suisse, désormais devenu le plus énigmatique.

Vous connaissez sûrement Slimka, mais connaissez-vous ‘Le Grand Mystico’ ? Sous ses nouveaux airs de personnage de SF aux cheveux hérissés, du genre Edward aux mains d’argent qui se prendrait pour Teezo Touchdown (ou l’inverse), le rappeur invoque un univers nouveau venu de ses souvenirs d’enfant, à découvrir dans son dernier clip « Mystico », tout juste publié. Une direction grandiloquente, mais pas étonnante pour le suisse. Car depuis quasi dix ans, il marque son rap d’une empreinte forte.

De ses apparitions avec la Superwak Clique, collectif créé par des artistes compatriotes dont Di-Meh et Makala, à l’assumation de sa carrière solo… De ses deux mixtapes No Bad à son premier album Tunnel Vision en 2021… Slimka est en constante stimulation créative.

Il est en première ligne, avec autres Mairo et Varnish la Piscine, de l’avènement d’une scène rap suisse éclectique pour laquelle il a toute sa dimension folle à apporter. C’est ce qu’il fait sur son prochain album Le Grand Mystico, sorti le 2 février : directement inspiré d’un univers de cirque, mêlé à la bizarrerie ancienne des Freak Shows et de American Horror Story, le tout sur fond de trap. Il s’accompagne d’une tournée spectaculaire « Slimka présenté par Mr. Happy », qui passera notamment au Trabendo le 29 février prochain. On en parle.

 

slimka interview

© Cyril Gaborit

 

Comment tu reviens sur ton premier album Tunnel Vision ? Lui qui avait été retardé à cause de la pandémie et engendré une sortie en deux temps…

Je suis content. J’ai pu faire ma première tournée solo à la suite de cet album. J’ai pu le défendre, le jouer dans des grands festivals. Particulièrement content du travail qui a été fait : je kiffe toujours autant les sons présents dessus.


D’où vient l’univers du Grand Mystico ?

Ça vient de mon enfance. Le cirque est un endroit où j’allais avec ma mère et ma grand-mère. J’ai voulu mettre ma sauce dedans, pour proposer le cirque à ma façon. Et puis dans cet univers, il y a toujours le côté freak. Ces personnes un peu différentes, marginales. Je m’y reconnais. Je trouvais intéressant de ramener ça sans trop rentrer dans la case ‘cirque’. Certaines sonorités t’y feront penser, mais c’est aussi et avant tout une grande fanfare.


Ton style a toujours eu un aspect grandiloquent…

Carrément. Et pour Le Grand Mystico, j’ai pu pousser le délire encore plus loin en m’inspirant directement de références : American Horror Story, Harry Potter dans l’esprit de la magie… En plus, j’ai toujours aimé me présenter sous beaucoup de noms comme Domingo, Diego, ‘Le grand maigre’… Mais Le Grand Mystico résume vraiment bien le projet, sa DA et tout ce qu’on développe visuellement. Mais si t’écoutes mes sons à l’ancienne, j’étais déjà mystique. Mon couplet dans « Cadillac » parle pour moi.


Tyler, The Creator avec IGOR, Eminem avec Slim Shady… Veux-tu te mettre dans la lignée avec cet alter-égo ?

C’est forcément des inspirations, parce qu’ils osent créer des choses différentes dans la musique. Se mettre dans des personnages, c’est ça que j’aime : je peux faire ce que je veux. Je suis dans un accoutrement qui met en valeur tout un univers.


On peut parler d’album concept ?

C’est un album plus radical. Il a une plus grande identité par rapport à Tunnel Vision, c’est plus ‘niché’. J’y ai mis beaucoup plus de mon âme. J’ai travaillé avec mon gars Mr. Lacroix, un producteur et ingé son avec qui je travaille depuis longtemps. Je sais qu’il n’aime pas le terme ‘d’ingé son’ quand on parle de lui, c’est un artiste avec qui j’ai imaginé le projet.

Pour ce qui est de la création, c’est moi qui me suis enregistré sur presque la totalité. J’ai fait les arrangements, de la production… Même quand j’ai ramené les feats, j’ai essayé de le faire comme un chef d’orchestre. J’ai voulu utiliser leurs capacités à bon escient. C’est la première fois que dans ma carrière, je me retrouve dans une position où je collabore avec plus de gens extérieurs. C’est un autre level. Maintenant, j’ai plus de moyens pour plus pousser les idées plus loin.

 

slimka interview

© Cyril Gaborit


On peut s’attendre à plusieurs volet ?

Je ne suis pas trop dans le calcul. Je fais et je regarde comment ça prend. Peut-être que l’année prochaine, je partirais dans une direction toute autre. Comme font The Weeknd ou Playboi Carti le font en ce moment. Ils représentent plus que la musique. Un gars comme Kanye West, il arrive en nounours, puis en costume, puis en mec de la lune, puis pieds nus ! À chaque fois, il propose une nouvelle vision. Donc tu n’aimes ou pas mais au moins, ça change.


L’image compte beaucoup pour toi ?

Ça compte, bien sûr. Même plus que la musique aujourd’hui. L’image, c’est le marketing. Tu peux ne pas être très bon, tout en ayant les bonnes personnes qui bossent autour de toi. Et puis tu peux être très bon, et avoir les mauvaises personnes autour de toi.


Quel regard portes-tu sur la scène suisse émergente, depuis quelques années ?

C’est trop lourd. Je défends cette scène depuis que je fais de la musique, et particulièrement la scène genevoise. Ça me fait encore plus plaisir de voir des mecs de chez moi remplir des salles à l’étranger, de faire des sold-out à Paris en 48 heures. Pour parler de Mairo en particulier, c’est un gars que je connais depuis très longtemps. Les premiers sons pour lesquels j’ai commencé à m’enregistrer seul, c’était avec lui. Dans sa chambre avec un vieil ordinateur. De voir qu’aujourd’hui les gens le respectent, ça me fait plaisir.


Je reviens sur la vision très spontanée que tu revendiques. Quand tu as commencé à travailler sur le nouvel album, t’es-tu directement dit que tu allais dans cette direction ?

Ce sont mes résidences à Bruxelles et à Paris qui m’ont donné l’envie de créer cet univers de cirque. En rentrant au studio à Genève, j’ai fait écouter quelques tracks à Mr. Lacroix. Puis on a fait « Jamais comme les autres », un morceau où il est à la production. Je le trouve original par rapport à ce qui se fait aujourd’hui dans la trap. En restant dans l’univers, on a aussi essayé de ramener des choses différentes.


Tu avais des appréhensions avant de sortir le titre ?

Un peu. De toute façon, tu te poses toujours des questions, que ce soit dans le vie ou en tant qu’artiste. Tout de même, je suis très conscient et confiant en ce que je fais. Ça ne m’a pas empêché d’avoir des faux-semblants, bons ou mauvais. C’est le marathon !


Également sur l’aspect nostalgique, on a fait le lien avec
Astroworld de Travis Scott, tu es d’accord ?

Je suis d’accooooord. Cet album m’a giflé.


Je trouve que celui-ci mise un peu plus sur les émotions que procurent la nostalgie. Sur Le Grand Mystico, je dirais que tu es plutôt axé sur l’aspect sonore, avec des sons bruts et loufoques. C’est un choix ?

J’ai voulu rester fidèle à ma DA. Comme je l’ai dit, je ne suis pas trop dans le calcul. Tout est dans dans l’énergie du moment, donc ce ne sont pas des choses que je prévois de faire.


Tu peux nous en dire plus sur le fameux spectacle présenté par Mr. Happy ?

Je ne peux pas en dire trop ! Il faut prendre ses places et venir voir. Je veux créer un vrai spectacle, il suffit de voir le teaser qui va avec pour comprendre.

 

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