The Limiñanas, Cerrone, Boys Noize, Saya Gray… Les sorties du vendredi
Pas besoin de vous rappeler que le vendredi rime avec sorties. Non, on ne parle pas de votre soirée de ce soir, mais des disques de The Limiñanas, Cerrone, Boys Noize, Saya Gray, ELOI et Blue Puma. Sur ce, bonne écoute !
The Limiñanas – Faded
The Limiñanas poursuit son odyssée garage rock avec Faded, un album où son univers sixties comme Ulysse fait quelques escales à la poursuite de nouvelles couleurs. Toujours portés par leur fuzz hypnotique et leur humour rétro, Lionel et Marie Limiñana s’entourent, avec toujours autant de panache, à une belle brochette d’invités. Rover convoque Bowie (« Shout »), Penny joue les nouvelles Nancy Sinatra (« Faded »), tandis que Bobby Gillespie et Jon Spencer insufflent une énergie néopsychédélique et abrasive. Même Françoise Hardy se refait une jeunesse façon Velvet Underground (« Où va la chance ? »). Plus qu’un simple concept album sur les stars oubliées, Faded est un kaléidoscope sonore où chaque collaboration apporte un nouvel éclat.
Cerrone – Disco Symphony
Cerrone réorchestre la légende. Avec Disco Symphony, le maître du groove revisite 21 de ses titres iconiques, de « Give Me Love » à « Supernature », en les parant d’arrangements symphoniques flamboyants. Plus qu’un simple lifting, cet album est un hommage à un courant musical qui a su briser les barrières et célébrer l’égalité, la diversité et l’expression de soi. Batteur visionnaire, Cerrone a encore imposé son tempo, sensuel et irrésistible. Pour cette réinterprétation magistrale, Cerrone s’est entouré du prestigieux Orchestre Symphonique de Cannes, composé de plus de 50 musiciens et dirigé par le légendaire Randy Kerber. Le résultat ? Une fusion magistrale entre beats percutants, cordes majestueuses et synthés planants, qui sublime son héritage disco.
Boys Noize – Ones and Zeros
Avec ONES and ZEROS, à la fois compilation et surtout nouveau label, Boys Noize prouve encore la richesse de la techno en mêlant brutalité industrielle et glitchs numériques pour arranger un chaos parfaitement dompté. La compilation oscille entre kicks saturés, textures abrasives et spatialisation éclatée, où chaque artiste — de Dj Babatr à umru — insuffle sa propre vision du futur sonore. Entre breakcore, hyperpop et ballroom, rien n’est laissé au hasard dans cet album de uns et de zéros. Les tensions rythmiques et les filtrages dynamiques créent des pics d’intensité, alternant transe et surcharge sensorielle. Plus qu’un simple projet club, c’est une exploration radicale des émotions brutes à travers la machine. Résolument avant-gardiste, ONES and ZEROS propulse la techno dans un futur hybride et déchaîné.
Saya Gray – SAYA
SAYA, c’est le deuxième album de Saya Gray, mais aussi une preuve de maturité d’un projet musical prolifique. En 10 tracks, l’excentrique canado-japonaise façonne son art-pop fragmenté pour lui donner une forme plus cohérente, mais toujours biscornu. Derrière des mélodies faussement sages, elle dissèque avec finesse les désillusions amoureuses, oscillant entre vulnérabilité et ironie mordante.
Alors que des morceaux comme « How Long Can You Keep Up a Lie? » pourraient flirter avec la convention, Saya Gray y injecte sa patte singulière, sur une production minutieuse et songwriting incisif. Sa capacité à mêler douceur et chaos éclate sur « Line Back 22« , où jazz-pop et expérimentations vocales s’entrechoquent. Entre éclats folk sombres (« 10 Ways (To Lose a Crown) ») et détours shoegaze (« EXHAUST THE TOPIC« ), Saya Gray s’amuse avec les genres. En refermant l’album sur « Lie Down..« , elle laisse planer une certitude : sa musique est une métamorphose constante, piquante et imprévisible.
ELOI – BLAST.
Avec BLAST., Éloi délaisse les guitares abrasives de « Dernier Orage« pour plonger pleinement dans l’énergie brute des musiques électroniques. L’EP fusionne BPM effrénés, textures saturées et lignes de basse percutantes, tout en jouant sur des contrastes saisissants entre nappes de synthé et kicks martiaux. Sa voix, malléable à l’extrême — scandée, autotunée ou à vif — devient un véritable instrument, oscillant entre rage et vulnérabilité. Éloi explore les codes de la techno, de la new-wave et de l’hardcore tout en flirtant avec ses débuts hyperpop. Certains la verront peut-être en SOPHIE ou Rebeka Warrior du futur. En tout cas, BLAST. frappe fort, entre chaos sonore, texte revanchard et souffle libérateur.
Puma Blue – antichamber
Puma Blue ne passe pas par l’Antichamber avec cet album surprise, mais avec grâce par la grande porte. Exit les guitares électriques et les arrangements lo-fi caractéristiques de ses précédents travaux, ce nouveau projet se distingue par sa simplicité épurée : une guitare acoustique, un piano et des textures électroniques aussi sobres que sombres. À travers 13 titres introspectifs, Puma Blue nous s’enfonce dans un dédale onirique.
Chaque morceau déploie une mélancolie profonde et enveloppante. Le falsetto délicat et maitrisé de Puma Blue se mêle parfaitement à cette ambiance pour cultiver une beauté brute et vulnérable. Antichamber offre ainsi une exploration de l’intimité et de la solitude, portée par la subtilité de ses arrangements minimalistes et l’émotion palpable de chaque note. Un album à la fois simple et d’une profondeur écrasante.