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© Kirk Lisaj
22 avril 2025

Toronto : plus d’alcool, plus de raves ?

par Siam Catrain

Ce 18 avril, la ville de Toronto a proposé une motion pour donner au conseil municipal la possibilité de bloquer les licences temporaires de vente d’alcool. Sous prétexte de sécurité, elle a dans le viseur un bouc émissaire : les raves. On s’explique.

Toronto est en train de saboter l’un des derniers espaces où sa jeunesse respire ? Ce mercredi 23 avril, le conseil municipal se prononcera sur la très discutée motion 29.5, portée par le conseiller Chris Moise. Sous couvert de sécurité publique et de « respect du voisinage », elle vise à redonner à la ville le pouvoir de bloquer l’octroi de « Special Occasion Permits (SOPs) », des licences temporaires pour la vente d’alcool.

Alors si certains hochent vigoureusement la tête au rythme de leur vie healthy, les raves, elles, font la moue. La vente d’alcool, qui permettait d’exister hors des clubs et des circuits commerciaux, est menacée — et c’est toute une manière de vivre la musique et de faire la fête qui est en danger.

 

Le prétexte : sécurité, bruit, « éléments nuisibles »

La motion évoque une minorité d’événements non conformes qui « sapent la confiance du public ». Traduction : il y a eu quelques fêtes bruyantes, peut-être mal gérées, peut-être mal encadrées. C’est possible et ça arrive.

Chris Moise ne parle pas de guerre culturelle. Dans cette motion, il avance le besoin de réglementation, pour pallier les « plaintes liées à la sécurité », les « surcharges », et les « organismes à but non lucratif qui exploitent des failles réglementaires ». Ainsi, il annonce, sans se cacher, vouloir « donner plus de contrôle aux villes pour approuver les événements ».

 

À lire sur tsugi.fr : UK : « aller en club devient un luxe » ?

 

Derrière des éléments de langage lissés, ce que propose la motion est clair : renforcer le contrôle politique sur la scène rave et, en cas de besoin, transférer le pouvoir de blocage aux mains d’un seul conseiller. Un événement ne plaît pas ? Il saute. Pas de discussion.

Toronto

© capture d’écran de la motion 29.5 sur les « Special Occasion Permit » provenant du site internet de la ville de Toronto

 

Les SOPs , dernier rempart pour les espaces alternatifs

Les « Special Occasion Permits (SOPs) » sont les rustines de la vie nocturne. Pas parfaites, aux allures de bouts de scotch, mais souvent indispensables. Grâce à elles, des collectifs non commerciaux peuvent organiser une soirée dans un entrepôt, dans un parc, un coin de ville oublié des promoteurs — tant qu’ils arrivent à trouver un lieu et une sono.

Si le dicton (ou Mr Cocktail) dit : « sans alcool, la fête est plus folle », il ne prend pas en compte la capacité du bar à faire vivre les événements festifs. Finalement, ce sont ces SOPs qui font encore battre le cœur de la rave : là où se rencontrent queers, racisé·es, freaks, les fous du son — dans des lieux sans jugement, sans portier, sans marketeux en embuscade.

 

À lire sur tsugi.fr : Rave ou pas rave ? On a tenté de clarifier le terme

 

Et aujourd’hui, ce que la Ville de Toronto semble vouloir faire, c’est verrouiller cette liberté avec une clé administrative.

Comment sauver la rave à Toronto ?

Face à la motion, la riposte s’organise. Le collectif Save Our Raves a lancé une lettre ouverte, à signer dès maintenant, appelant le conseil à rejeter — ou au moins repousser — la motion 29.5. Il rappelle :

  •  Ces espaces sont plus que des lieux de fête : ce sont des lieux de culture, de mémoire et de transformation sociale.
  • Le problème, ce ne sont pas les SOPs : c’est l’absence de soutien et de dialogue entre la Ville et ses scènes alternatives.
  • Surtout : on n’éteint pas une culture avec une motion.

 

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Il ne reste alors qu’une chose à faire : signer la pétition de Save Our Raves.

 

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