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Tout cet automne, des concerts Covid-compatibles où l’improvisation est le maître-mot

Qua­torze musicien·es regroupés sous le col­lec­tif Tenaces investis­sent la salle parisi­enne du Hasard Ludique tous les ven­dredis soir depuis le 2 octo­bre et jusqu’au 18 décem­bre, pour des con­certs d’im­pro­vi­sa­tion et covid-compatible. 

Rien n’ar­rête un peu­ple qui danse ? À voir. Ce qui est cer­tain, c’est que rien n’ar­rête un peu­ple qui écoute de la musique, même s’il doit rester assis. C’est la con­di­tion sine qua non des douze con­certs organ­isés par le col­lec­tif Tenaces au Hasard Ludique (18e arrondisse­ment), pen­dant lesquels trois des qua­torze musicien·es impro­visent ensem­ble sur scène. Des instru­men­tistes aux divers pro­fils qui baig­nent dans la pop et l’électronique.

Les deux pre­mières édi­tions ont été un suc­cès et affichaient com­plets (on vous con­seille donc de ne pas traîn­er pour réserv­er vos bil­lets — sur dona­tion à par­tir de 5€). Ce ven­dre­di 16 octo­bre, c’est Matthieu Souchet (bat­terie ; moitié du groupe elec­tro Tur­fu), Loya (clavier syn­thé­tiseur mod­u­laire) et Manon Duche­mann (vibra­phone ; mem­bre du pro­jet élec­tron­ique Medi­um Douce) qui mon­teront sur scène.

Ren­con­tre avec les organ­isa­teurs, qui nous en dis­ent plus sur le pro­jet Tenaces et ses géniales ses­sions musicales.

Tenaces Hasard Ludique

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Com­ment vous est venue l’idée d’or­gan­is­er ces con­certs improvisés ?

Depuis son com­mence­ment, cette crise nous force à repenser nos mod­èles. La flex­i­bil­ité et l’im­pro­vi­sa­tion sont devenus nos maîtres mots. Et c’est pré­cisé­ment ce que nous avons décidé de met­tre à l’hon­neur ! Nous n’avons rien inven­té, l’im­pro­vi­sa­tion musi­cale existe depuis tou­jours mais elle est sou­vent réservée à des styles défi­nis comme le jazz. Les « jam » ou impro sont rares en musiques élec­tron­iques et encore plus dans la pop. Nous avons donc réu­ni 14 artistes de ces deux styles qui, tous les ven­dre­di, se ren­con­trent sur notre scène. C’est aus­si l’oc­ca­sion d’être sol­idaire vis-à-vis des artistes qui subis­sent de plein fou­et cette crise en leur pro­posant – fait rare en ce moment – de jouer en live !

C’est aus­si l’oc­ca­sion d’être sol­idaire vis-à-vis des artistes qui subis­sent de plein fou­et cette crise en leur pro­posant – fait rare en ce moment – de jouer en live !”

Pour des con­certs assis, il a cer­taine­ment fal­lu adapter sa pro­gram­ma­tion… Qui sont ces artistes ? En quoi sont-ils par­faits pour ces conditions ?

Pour ce qui est du pro­jet Tenaces, ce n’est pas tant les artistes qui se prê­tent à la con­fig­u­ra­tion assise mais plutôt le for­mat pro­posé. On est vrai­ment dans l’e­sprit des clubs de jazz. Le pub­lic se laisse guider par les artistes en totale impro tout en sirotant un petit cock­tail. C’est finale­ment une expéri­ence dif­férente de ce qu’on fait d’habi­tude, mais assez intéres­sante et confortable.
Le col­lec­tif TENACES regroupe 14 artistes :

  • Armelle Dous­set – accordéon
  • Axel Rigaud — clavier syn­thé­tiseur mod­u­laire, saxophone
  • Clé­mence Lasme — basse, con­tre­basse, clavier (Moodoïd, Pomme…)
  • Ed Mount — gui­tare basse
  • Juli­ette Ser­rad — vio­lon­celle, chant (Piers Fac­ci­ni, Laake,…)
  • Kas­bah — per­cus­sions, basse, sam­pleur et boite à rythmes
  • Lucie Marsaud — flutiste, clav­iériste, chant (Brns,…)
  • Loya — clavier syn­thé­tiseur modulaire
  • Manon Duche­mann — vibra­phone (Medi­um Douce)
  • Mathilde Vrech- voix, vio­lon, alto (Canine,…)
  • Matthieu Souchet — bat­terie (Tur­fu,…)
  • Ricky Hol­ly­wood — bat­terie, boite à rythme, chant
  • Theodo­ra – basse
  • Toro/Azor — chant, boite à rythme, sam­pleur, clavier (Le Vasco)

On est vrai­ment dans l’e­sprit des clubs de jazz. Le pub­lic se laisse guider par les artistes en totale impro tout en sirotant un petit cocktail.”

collectif Tenaces

©Camille de Cussac

Finale­ment, de la con­trainte peut naître de beaux pro­jets, on peut dire ça ?

La sit­u­a­tion que nous vivons actuelle­ment n’est pas ten­able et met en grave dan­ger l’ensem­ble du secteur. Mais nous ne pou­vions pas nous résoudre à rester les bras croisés en atten­dant que les con­di­tions s’améliorent. Et c’est en effet là que la con­trainte est dev­enue créa­tive. Com­ment imag­in­er un for­mat com­pat­i­ble avec les mesures san­i­taires qui reste sim­ple, intimiste, informel tout en gar­dant un intérêt artis­tique ? L’im­pro­vi­sa­tion musi­cale est apparue comme une évi­dence. Cette crise nous force à repenser nos mod­èles et recon­sid­ér­er les col­lab­o­ra­tions sur le moyen et long terme, à tra­vailler en plus grande prox­im­ité avec les artistes, à revenir à des échelles humaines, etc. Et c’est tout ce que faisons avec ce projet.

Que voyez-vous pour le futur ?

Beau­coup de musique live, de la fête, des gens qui s’en­la­cent (à nou­veau) ! Bon ok, ça ce n’est pas pour tout de suite… Plus sérieuse­ment, si on rêve un peu on voit plein de beaux pro­jets artis­tiques qui, dans leur for­mat et mode de col­lab­o­ra­tion, innovent et intè­grent une vraie dimen­sion écologique. On se ques­tionne pas mal sur l’im­pact envi­ron­nemen­tal et social de nos activ­ités au Hasard Ludique sans pour autant avoir toutes les solu­tions. Com­ment repenser nos mod­èles en priv­ilé­giant (autant que faire se peut) des pro­jets au long court, à impact posi­tif sur le ter­ri­toire, qui mobilisent les ressources locales ? Finale­ment le pro­jet Tenaces répond un peu à cette ques­tion… Le TURFU, c’est main­tenant au Hasard Ludique !

Évène­ment Face­book du Tenaces #3 — ven­dre­di 16 octobre

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