🔊 TOUT My Bloody Valentine est désormais dispo en digital après 36 ans de carrière
C’éÂtait donc ça que teaÂsait le groupe sur ses rĂ©seaux hier. Le band de shoegaze irlandais My Bloody ValenÂtine signe chez DomiÂno Records et balÂance dans la foulĂ©e l’intĂ©gralitĂ© de son catÂaÂlogue en digÂiÂtal. Ă€ cette occaÂsion, voici quelques extraits de l’inÂterÂview de son crĂ©aÂteur Kevin Shields par JD BeauÂvalÂlet, Ă retrouÂver dans le TsuÂgi 139 le 2 avril en kiosque et en ligne.
VoilĂ de quoi garÂnir vos playlists avec une bonne dose de rĂ©tro-clacissisme, de rock anglais et de guiÂtares qui ont dĂ©railÂlĂ©. Le band psyÂchĂ© My Bloody ValenÂtine, comÂposĂ© de BilinÂda ButchÂer, Kevin Shields (tout deux au chant), Deb Googe et Colm Ă“ CĂosĂłig est un groupe phare des annĂ©es 80, entre rock et Ă©lecÂtronÂique, et l’un des plus novaÂteurs de ces quarÂante dernières annĂ©es. Après de probÂaÂbles dĂ©boires avec son prĂ©cĂ©Âdent label qui empĂŞchaient sĂ»reÂment la digÂiÂtalÂiÂsaÂtion de son traÂvail, il vient de signÂer chez DomiÂno, et de pubÂliÂer l’intĂ©gralitĂ© de son catÂaÂlogue totaleÂment remasÂterÂisĂ© en digital.
Heureux parÂents des albums Isn’t AnyÂthing sorÂti en 1988, LoveÂless en 1991, et de la comÂpile ep’s 1988–1991 and rare tracks, le quatuor qui subÂmerge les sens rĂ©apÂpaÂraisÂsait en 2013 avec un album très mĂ©lodique, plus intime et visÂcĂ©ral que les prĂ©cĂ©Âdents : M B V. EntièreÂment masÂterÂisĂ©s Ă parÂtir de sources analogiques, et de nouÂvelles sources numĂ©riques haute dĂ©fÂiÂniÂtion, tous leurs albums, tĂ©moins de la naisÂsance d’un nouÂveau soufÂfle dans la proÂducÂtion musiÂcale sont dĂ©sorÂmais disponibles Ă grande Ă©chelle pour la preÂmière fois. Mieux encore, des verÂsions physiques de chaque album seront renÂdues disponibles dès le 21 mai 2021, et sont dès Ă prĂ©sent Ă chopÂer en prĂ©commande.
“Tout ce qui compÂtait Ă mes yeux Ă©tait de terÂminÂer cet album qui me hanÂtait, dont je savais qu’il Ă©tait unique.”
Quand vous avez terÂminĂ©, lessivĂ©s, l’enregistrement de LoveÂless en 1991, pensais-tu que tu en parÂlerais encore et touÂjours trente ans après ?
J’avais conÂscience de l’éternitĂ© de cet album. Mais en 1991, j’imaginais qu’en 2021, on vivrait sur la Lune ou sur Mars. Pas qu’on parÂlerait sur Terre de LoveÂless. Je venais juste, dans ma tĂŞte, d’achever un album qui m’obsĂ©dait depuis longtemps. Et il ressemÂblait Ă ce que j’avais entenÂdu dans mon cerveau. MalÂgrĂ© les cirÂconÂstances dĂ©sasÂtreuses de l’enregistrement, la musique en est sorÂtie intacte.
Quelle a Ă©tĂ© la sitÂuÂaÂtion la plus tendue ?
Plusieurs fois, nous avons litÂtĂ©raleÂment kidÂnapÂpĂ© nos proÂpres banÂdes. C’étaient les masÂters, des grossÂes banÂdes, dont il n’existait aucune copie de sauveÂgÂarde. Il n’y avait pas encore d’ordinateurs dans notre gamme de stuÂdios. Des mois d’enregistrements Ă©taient donc conÂsignĂ©s sur ces banÂdes. Dès le dĂ©but, notre label CreÂation a comÂmencĂ© Ă laissÂer des ardoisÂes dans les stuÂdios, qui menaçaient de saisir nos banÂdes. Nous Ă©tions obligÂĂ©s de les embarÂquer en pleine nuit. Un soir, un techÂniÂcien du stuÂdio s’en est renÂdu compte, il nous a pourÂsuivÂis, nous nous sommes batÂtus dans la rue, les banÂdes sont tombĂ©es et se sont dĂ©roulĂ©es sur le goudron… Comme si ça ne suffÂiÂsait pas, notre batÂteur Colm a Ă©tĂ© expulÂsĂ© de son squat et a ensuite passĂ© des nuits Ă chercher un nouÂveau lieu vide Ă inveÂstir. Du coup, il ne jouait plus. Et ça ne s’est pas arrangĂ© quand il a dĂ©velopÂpĂ© une grave malÂadie Ă une jambe.
“Les gens s’imaginent que nous avons passĂ© des annĂ©es Ă expĂ©riÂmenter. Ça n’a en fait durĂ© que l’étĂ© 1990.”

©Paul RidÂer
Quels Ă©taient vos rapÂports avec votre label ?
Nous avions signĂ© avec eux, plutĂ´t qu’avec des majors qui nous offraient beauÂcoup plus d’argent, car ils nous garanÂtisÂsaient sur le papiÂer le conÂtrĂ´le absolu de notre musique. Mais notre avance ne nous perÂmeÂtÂtait mĂŞme pas de vivre au quoÂtiÂdiÂen. Colm (batÂteur) est devenu sans-abri, BilinÂda (guiÂtariste & chanteuse) et moi vivÂions dans un logeÂment social. Tout ce qui compÂtait Ă mes yeux Ă©tait de terÂminÂer cet album qui me hanÂtait, dont je savais qu’il Ă©tait unique. Il Ă©tait d’ailleurs quaÂsiÂment fini au bout de six mois. Les gens s’imaginent que nous avons passĂ© des annĂ©es Ă expĂ©riÂmenter. Ça n’a en fait durĂ© que l’étĂ© 1990.
Tu viens de passÂer des mois Ă remasÂtĂ©risÂer tes albums. Qu’as-tu appris ?
C’est la troisième et sans doute pas la dernière fois que j’y reviens… Je suis surÂpris Ă chaque fois. J’ai comÂpris en rééÂcoutant LoveÂless pourquoi tant de gens le trouÂvaient bizarre. Je me suis demandĂ© si nous n’étions pas alors trop radÂiÂcaux, trop agresÂsifs. Mais je ne pouÂvais plus rien changÂer, beauÂcoup des imperÂfecÂtions Ă©taient dĂ©libĂ©rĂ©es. J’ai fait deux nouÂveaux masÂterÂings pour LoveÂless. L’un m’a pris deux heures, il suffÂiÂsait de monÂter le niveau gĂ©nĂ©ral de deux dĂ©ciÂbels. L’autre m’a demandĂ©, en parÂtant des banÂdes origÂiÂnales, six mois de traÂvail. S’il y a une leçon Ă tirÂer de l’aventure LoveÂless, c’est de ne jamais plus enregÂistrÂer dans un stuÂdio qui ne m’appartient pas. C’est ce que j’aime ausÂsi chez les musiÂciens Ă©lecÂtronÂiques : ils bossent tous dans leur proÂpre espace. Mon stuÂdio fait parÂtie de ma musique, c’est un lieu très perÂsonÂnel. Mon stuÂdio, mes chiens, ma musique : ça sufÂfit Ă mon bonÂheur. Je suis comme un vieilÂlard, mes plaisirs sont simÂples. […] LĂ , aujourd’hui, nous traÂvailÂlons ensemÂble sur de nouÂvelles chansons.
❏
Retrouvez l’interview intégrale dans le Tsugi 139, le 2 avril en kiosque et sur la boutique en ligne
Écoutez My Bloody ValenÂtine en streaming
Voir cette pubÂliÂcaÂtion sur Instagram