Crédit : Luc Valigny

Traum und Existenz”, le premier album de Kompromat (Vitalic x Rebeka Warrior)

Le ter­rain était glis­sant. Un duo français, for­mé par Julia Lanoë, alias Rebe­ka War­rior (Sexy Sushi, Mansfield.TYA), et Pas­cal Arbez-Nicolas (Vital­ic, Dima), un nom russe, Kom­pro­mat, un chant en alle­mand, un album présen­té comme un “hom­mage” à la tech­no berli­noise des débuts, une imagerie min­i­mal­iste à base de chemis­es blanch­es, cra­vates noires et têtes passées au goudron et aux plumes. Tout con­cour­rait à l’édification d’un con­cept fumeux. C’était sans compter tout le tal­ent des deux pro­tag­o­nistes qui se com­plè­tent par­faite­ment et s’éloignent de l’intention musi­cale annon­cée. Pas de tech­no “à la berli­noise”, mais une élec­tron­ique noire et ravageuse qui emprunte autant à l’electronic body music belge qu’à la tech­no réimag­inée à qua­tre mains par Vital­ic et Rebe­ka – les meilleurs exem­ples restant “Die tausende Herb­ste” (“Les 1 000 automnes”), qui débute comme Nitzer Ebb et s’achève dans l’ambiance fes­tive de la pre­mière Love Parade de 1989, ou “Herz­tod” (“Arrêt car­diaque”), dont la cav­al­cade effrénée accom­pa­gne des hurlements façon Nina Hagen. L’approche vocale de Rebe­ka War­rior est peut-être l’atout majeur de cet album qui réus­sit à faire aimer la musi­cal­ité de l’allemand. Ne par­lant pas la langue de Goethe, elle se la réap­pro­prie avec mal­ice, la chan­tant, la hurlant, la scansant, ramenant par­fois le français pour offrir un con­tre­point comme sur “Le Goût des cen­dres” ou le splen­dide “De mon âme à ton âme”, déc­la­ra­tion d’amour qui offre sur un tem­po apaisé un duo entre le parlé-chanté alle­mand de Rebe­ka et le chant déli­cat en français de l’actrice Adèle Haenel. Le ter­rain était peut-être glis­sant, mais le résul­tat est magistral.

Kom­pro­mat est à retrou­ver en cou­ver­ture du numéro 121 de Tsu­gi, en kiosque ou sur notre bou­tique en ligne le same­di 6 avril.

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