Une nouvelle application permet de mieux rémunérer les auteurs de morceaux

par Tsugi

Reveel, une appli­ca­tion de ges­tions des crédits artis­tiques lors des pro­jets col­lab­o­rat­ifs musi­caux, a été lancée en beta le 12 mai. Elle veut per­me­t­tre à tous les artistes d’êtres crédités pour leur travail.

Tous les artistes doivent être payés pour ce qu’ils font. Le principe est plutôt évi­dent, mais pas tou­jours facile à met­tre en place : il faut bien savoir qui a par­ticipé à tel morceau, quel a été son rôle, pour aboutir à une répar­ti­tion la plus juste pos­si­ble. Avec une pro­duc­tion musi­cale aujourd’hui mon­di­al­isée, où un pro­duc­teur japon­ais peut sam­pler un morceau brésilien pour un chanteur anglais, cela peut même tourn­er au casse-tête. C’est pour ten­ter de clar­i­fi­er tout cela que les entre­pre­neurs mélo­manes suiss­es Adrien Stern (directeur exé­cu­tif) et Walid van Boet­ze­laer (directeur tech­nique) ont lancé l’application Reveel, acces­si­ble en ver­sion beta depuis le 12 mai. Son objec­tif est d’être un out­il de cen­tral­i­sa­tion des infor­ma­tions et de com­mu­ni­ca­tion entre les dif­férents par­tic­i­pants à un morceau. La final­ité est que les méta­don­nées d’un titre soient par­faite­ment à jour, per­me­t­tant une dis­tri­b­u­tion exacte des royalties.

Selon Stern, sur le site de l’appli, « les labels emploient 15 à 20 % de leurs ressources pour col­lecter, véri­fi­er et clar­i­fi­er les méta­don­nées, et pour­tant 75 % des pistes ont des crédits man­quants ! » Dans l’application, tout est rangé track par track, don­nant accès à cha­cune des ses­sions de tra­vail, notant qui y était présent et son rôle (pro­duc­teur, chanteur, com­pos­i­teur, ingénieur du son, guest…) et les dis­cus­sions qui ont eu lieu, comme une sorte de jour­nal de bord détail­lé. Pour le moment, il faut se créer un pro­fil dans l’appli pour pou­voir être inté­gré au pro­jet, mais il est prévu de pou­voir ajouter toutes les per­son­nes que l’on souhaite. L’en­tre­prise a pris con­seils auprès de nom­breux acteurs de l’in­dus­trie musi­cale, et a recruté comme con­sul­tants le rappeur Ara­bi­an Prince, ex mem­bre de N.W.A., et Christo­pher Read, ancien cadre chez Sony et Warner.

L’application vise donc à offrir un énorme gain de temps pour ses util­isa­teurs, mais veut aus­si, à terme, dévelop­per un aspect social. Chaque mem­bre peut créer son pro­fil, met­tant en avant son par­cours et ses com­pé­tences, et des out­ils seront dévelop­pés pour favoris­er le développe­ment de son réseau.

Le pro­jet a démar­ré en mai 2019, avec notam­ment des expéri­men­ta­tions faites lors de véri­ta­bles ses­sions en stu­dio. « Avec le coro­n­avirus, on a dû repenser notre solu­tion, car la col­lab­o­ra­tion se fait à dis­tance main­tenant. On a donc adap­té la plate­forme pour mieux refléter la sit­u­a­tion actuelle » déclare Walid van Boetzelaer.

Les fon­da­teurs de Reveel, Adrien Stern (gauche) et Walid van Boet­ze­laer (droite)

Ce dernier et Adrien Stern se sont ren­con­trés au lycée en Suisse, partageant déjà une pas­sion pour la musique. « Notre école avait un stu­dio à dis­po­si­tion des élèves, et on était une petite troupe à y séch­er les cours et pro­duire du son ! » nous racon­te van Boet­zealaer. En par­al­lèle de ses études de com­merce, Adrien Stern est gui­tariste du groupe de reg­gae Najav­ibes, puis devient leur man­ag­er, les faisant notam­ment jouer au fes­ti­val de jazz de Mon­treux en 2008. Pen­dant un temps, il a égale­ment mon­té un stu­dio et label à Genève, Bridge Music, et con­tin­ue de jouer sur son temps libre aujourd’hui. « C’est là qu’il a pu ren­con­tr­er toutes ces prob­lé­ma­tiques de l’in­dus­trie de la musique » pour­suit son ami.

Walid, lui, a nour­ri sa pas­sion pour la musique en par­al­lèle de ses études à Poly­tech­nique, bien qu’il ne soit pas musi­cien. Il a écumé les fes­ti­vals élec­tron­iques, tout en con­tribuant à plusieurs d’entre eux organ­isés à Genève. À côté de Reveel, il cherche à mon­ter une plate­forme d’échange musi­cal nom­mée Dig­gers Delights, « avec l’idée d’aller à l’in­verse des algo­rithmes, et un retour à l’époque des mix­tapes, où on con­nais­sait la source des recom­man­da­tions ». Mais c’est bien Reveel qui occupe tous leurs esprits aujour­d’hui, avec le souhait d’ap­porter un sou­tien aux artistes.

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