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29 juillet 2024

Une nuit au Berghain avec PPJ

par Tsugi

Pàula, la complice de Jerge et Povoa au sein du trio électro-brasileiro-techno PPJ, nous raconte une nuit mémorable dans l’antre légendaire de la techno berlinoise. Où l’on découvre aussi que la maison réalise de fameux cocktails. Et tout à fait légaux. 

Par Patrice Bardot 

Article issu du Tsugi 169 : DJ : la drogue au bout des platines ? 

 

« L’an dernier, on prend un agent anglais pour gérer nos dates et c’est moi qui vois son premier mail à arriver. Immédiatement je dis à Jerge et Povoa : « Vous n’allez pas le croire. C’est énorme ce qui nous arrive. On est programmé au Berghain le 4 septembre 2023 ! » Le jour dit, l’organisation fait vraiment les choses bien : on arrive 24 heures avant à Berlin, l’hôtel est sympa, il fait beau, et on fait un soundcheck qui dure deux heures.

Ils prennent leur temps pour chaque piste, chaque son. C’est très carré. Le Berghain est divisé en plusieurs parties connectées entre elles : le Panorama Bar au dernier étage, le Berghain et au sous-sol le Säule, un nouvel espace qu’ils ont ouvert peu après le confinement, spécialisé une fois par mois dans les lives. C’est ici que l’on va jouer. On est programmé pour le dimanche à 20 heures. C’est un peu le peak hour du week-end à Berlin.

À l’intérieur du club, il y a des gens qui ont déjà fait largement le tour du cadran. Ils sont sur place depuis la veille, voire le vendredi. Une fois à l’intérieur du Berghain, tu n’as plus vraiment la notion de l’heure. On arrive, il y a bien sûr la queue dehors, on fait la traditionnelle photo devant le bâtiment. Nous sommes très fiers.

On a essayé de mettre nos plus beaux atours. Je porte une combinaison moulante en cuir très Catwoman pour être bien dans le thème, Jerge a mis son plus beau kilt écossais, avec des bouts de sangles en cuir. Povoa est trop beau, il s’est fait des tresses. On arrive devant Sven, le célèbre portier tant redouté. J’ai préparé quelques petites phrases en allemand pour le public, du coup je lui ressors et ça le fait rire. J’ai réussi à faire marrer ce redoutable cerbère !

Une fois entrés, on va déposer nos petites affaires dans le bureau de la directrice du lieu qui nous donne de l’argent pour le taxi du retour, mais aussi à chacun une carte de cinquante euros pour se faire plaisir au bar. C’est très bien organisé. On se balade dans le club. Les looks sont impressionnants. Tout le monde est en noir avec des chaînes, du latex, des slips à pointes métalliques.

L’espace où l’on joue est assez chill. C’est là où les gens viennent un peu se reposer pour échapper entre deux clopes à la techno industrielle assez lourde à 160 BPM qui tourne. On s’installe sur une scène un peu surélevée, éclairée de rouge. On a fait enlever les grilles qui l’entouraient, la faisant ressembler à une cage. Même si on a repéré des fans qui sont venus pour nous, on stresse un peu. Est-ce qu’il va y avoir du monde ? On est quand même vraiment différents de la techno indus qui passe dans ces murs. Même si on savait que notre musique avait déjà été jouée ici.

On a donc préparé une tracklist spéciale sans nos titres les plus pop-électro comme ‘Primavera‘. Le live commence. La salle se remplit de plus en plus jusqu’à être complètement blindée. Il fait tellement chaud que je regrette presque d’avoir mis ma combi en cuir. Mais je m’en fous, je suis dans l’ambiance.

On démarre par ‘Fourmis‘ qui est sur Bloco Vol.1 et ça prend direct. Pendant une heure tout le monde est trop content. Je vois beaucoup de sourires dans le public, on sent que notre musique leur fait du bien. On enchaîne les morceaux, sans pause, comme dans un DJ-set. Ça passe très vite. À la fin, on parle avec les gens, ceux venus spécialement de Paris pour nous voir, mais aussi ceux qui ne nous connaissaient pas et qui ont adoré.

Maintenant qu’on est au Berghain, autant en profiter. On apprécie les cocktails sophistiqués avec des petites fleurs en décoration, assez imprévus dans ce genre d’endroit. On décide d’aller au Panorama Bar parce que la musique est plus variée qu’au Berghain. On rencontre des potes à nous, Walter Astral. On s’assoit un peu et tout à coup je me lève complètement hallucinée : le DJ est en train de passer notre track ‘Dropi Dropa‘ ! C’est trop mental ce qu’il se passe. On n’avait jamais vécu cette expérience de l’autre côté de la barrière avec le monde qui danse, qui vibre, qui ferme les yeux sur notre musique.

C’est une expérience incroyable, comme si nous avions été l’espace d’une nuit les rois et reine du Berghain. Cela nous a remplis d’énergie pour la suite. »

À lire également sur Tsugi.fr : Une nuit avec Lacchesi
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