Une nuit avec Lacchesi
C’est sur son label Maison Close que Lacchesi vient de sortir un deuxième album, Based On A True Story, qui affirme toute la riche palette de sa sensibilité techno. Roi du dancefloor, mais pas que… Lacchesi nous entraîne dans La Mecque de la musique électronique, la nuit du 30 décembre 2023.
Cet article est issu du Tsugi 168 : Anetha, combats féministe, écologique et électronique
« Je me souviendrai toute ma vie de ce all night long au Rex Club. Depuis la première fois où j’ai foulé son dancefloor, adolescent, j’ai entretenu une relation spéciale avec ce club. Nous nous y rendions tous les week-ends. J’aime à penser que c’est là-bas que ma passion pour le club s’est éveillée, notamment grâce à des line-ups d’exception. C’était un peu avant que le club ne fête ses 25 ans, je laisse à chacun faire le calcul, mais le temps passe. Les soirées résidentes étaient : Correspondant, Rue de Plaisance, Bass Culture, Skryptöm…
Je n’avais ni les moyens de payer mon entrée tous les week-ends, ni l’âge légal pour m’y rendre, alors j’obtenais d’être sur la guestlist en écrivant des papiers sur les sorties hebdomadaires pour un webzine local. Ce floor, je l’ai aimé intensément pendant des années. Jusqu’au jour où j’ai eu la chance d’entrer dans la cabine pour la première fois, puis une deuxième et ainsi de suite. Ces clubs ont tant d’histoire, quand on y joue on se dit inconsciemment: ‘Peut-être que ce n’est pas qu’un hobby, tu joues là où les plus grands et plus grandes se sont exprimés, alors maintenant fonce.’
Je m’étais déjà prêté quelques fois à l’exercice du all night long, au Rex avec Mac Declos et quelques semaines plus tôt nous avions joué plus de sept heures au RSO avec Laure Croft. J’étais donc un peu plus à l’aise avec l’endurance requise pour l’exercice – tant physique que musicale –, mais cette fois-ci était spéciale : ce fut la première fois SEUL.
Il fallait que ça marche à tous les niveaux : sélection, vibe, affluence et qualité de mon mix. Il y a des dates comme ça que l’on considère comme des tournants, parfois pour le club ou partager le line-up avec un ou une artiste que l’on admire, et parfois c’est juste pour sa tête et son cœur ; le mental est la clef du métier. Il m’est devenu beaucoup plus agréable et confortable de jouer longtemps. Pas par égocentrisme, mais tout simplement parce que les sets devraient être tous plus longs. Les slots d’une à deux heures poussent les DJs à jouer fort, intensément, des tubes trop souvent : il faut faire impression, car ça passe trop vite.
Également sur tsugi.fr : Tsugi Podcast 564 : Lacchesi
Les longs sets comme les all night long permettent de profiter de l’exercice complexe et sous-estimé du warm-up et de l’extase du closing. C’est comme ça qu’on peut créer une intimité avec le public, et souvent également montrer qu’on a une palette de jeu plus grande que dans les podcasts d’une heure ou les snippets Instagram sensationnalistes. Cette nuit-là, il n’y a plus la cabine, le Rex a récemment été refait à neuf : c’est magnifique. Le public peut danser tout autour de l’artiste. J’avais rempli un sac entier de disques, anciens et neufs, pour l’occasion, dépensé une fortune sur Bandcamp et ajouté plein de nouveaux morceaux fraîchement sortis de mon studio.
La soirée était déjà annoncée sold-out, il ne restait plus qu’à assurer. J’ai commencé très tranquillement : les vieux classiques de DJ Paulette, Audion ou Luke Slater que j’ai rarement l’occasion de jouer tournaient sur la Technics. Lorsque j’ai regardé la première fois l’heure, il était déjà 4 h du matin. Le BPM était à 137. Quelle surprise et quel bonheur. Tout le monde souriait et je n’avais même pas commencé à jouer ce pour quoi tous les danseurs et danseuses étaient venus.
Voilà ce qu’un all night long peut proposer, le VRAI voyage, et un souvenir inoubliable. Je tenais à remercier le Rex Club pour cette opportunité, son staff merveilleux pour le travail et les sourires cette nuit-là. J’en connais certain.e.s depuis dix ans ! La prochaine date est déjà posée, affaire à suivre donc… » Lacchesi.