Une nuit avec… Gwendoline
« Voldebière », « Chevalier Ricard », Après c’est gobelet !… autant de références alcoolisées (et encore, on en oublie) qui peuplent le répertoire des Bretons Micka et Pierre, alias Gwendoline, dont l’ironique et virulent second album entre rock et post-punk C’est à moi ça, est sorti en mars dernier. En pleine tournée des festivals de l’été qui les emmène entre autres à Dour, ils nous racontent d’une seule voix une virée éthylique aux Francofolies de La Rochelle 2022.
Article issu du Tsugi Mag 172 : Detroit, aux sources d’une révolution
Par Patrice Bardot
« Il y a deux ans, nous avons participé au Chantier des Francos qui, chaque année, met en avant des découvertes. Les lauréats sont invités à jouer pendant le festival. On arrive la veille du concert. On galère un peu à trouver l’endroit où l’on va dormir. On découvre que c’est un énorme internat de lycée. Nous sommes logés dans un dortoir avec les techniciens et les autres participants au Chantier. On est tous très contents de se retrouver. Nous sommes le seul groupe qui a décidé de passer toute la semaine à La Rochelle. On n’avait pas de dates, on s’est dit qu’on allait profiter comme tout était pris en charge.
Une fois nos affaires posées, on part en repérage. On découvre qu’il y a dans le festival un bar pro pour les médias et les artistes, le Café Pollen. On zone là-bas, c’est cool, c’est au bord de l’eau, on commence à picoler sans trop réfléchir au fait que le lendemain, nous avons les balances à huit heures et demie du matin. On trinque avec les potes, d’autres artistes de la même promo comme Neniu et Zaho de Sagazan, avec qui le courant est super bien passé.
On vole d’apéro gratuit en apéro gratuit jusqu’à environ 2 h du matin, sans bien entendu voir aucun concert. Micka décide de rentrer au dortoir avec les techniciens, mais Pierre croise d’autres personnes et continue la soirée dans différents bars de La Rochelle, dont un est ouvert toute la nuit. Finalement, là-bas, il se fait embrouiller par une bande de mecs à moitié fachos, bien vénères. Heureusement, le patron du rade le sort d’affaire.
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Pendant ce temps, Micka dort tranquille avec les autres zicos, en se disant que Pierre va rentrer dans la nuit, donc il lui laisse la porte ouverte. Sauf qu’ils se réveillent tous un peu à la bourre vers 8 h 30 alors qu’il faut quinze minutes pour aller à la salle de concert où se déroulent les balances. C’est là que l’on découvre que Pierre a disparu et qu’il ne répond pas au téléphone. Bon c’est un peu une habitude de sa part. Donc on part sans lui vers le lieu des balances.
Micka commence à flipper. Où est-il ? Clément, l’ingé-son, qui avait un concert la veille, nous rejoint directement, il n’a pas dormi de la nuit. Et comme nous, on est à la bourre, il nous engueule. Mais quand on lui dit qu’on ne sait pas où est Pierre, il nous apprend que l’équipe technique de la salle l’a trouvé sur les marches en train de dormir devant la porte pour être à l’heure, et qu’ils l’ont couché sur un matelas dans les loges. Micka essaie de le réveiller, mais c’est impossible, il est trop bourré.
Du coup, les balances se déroulent sans lui. Plus tard, Pierre nous raconte qu’il était incapable de retrouver l’adresse du dortoir, mais comme il se souvenait que la salle était tout près du bar où il avait échoué, il avait trouvé plus simple de dormir là-bas pour être sûr d’être à l’heure le lendemain.
Comme quoi, il a pu quand même éprouver une sorte de conscience professionnelle même s’il n’a pas été en état de répéter. Au final, le soir, le concert est l’un des meilleurs que l’on n’ait jamais donnés. Il fallait montrer que l’on méritait cette sélection et le père de Pierre était dans la salle. Ça a dû contribuer à lui faire oublier sa gueule de bois. »