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© Gramaphone Records / Joe Dale
31 mars 2025

Joe Dale, défricheur de la house de Chicago, est mort

par Siam Catrain

Joe Dale, « héros méconnu de la musique house », s’est éteint le 26 mars dernier. Propriétaire du disquaire Gramaphone Records, il était le défricheur incontournable de la house et des DJs de Chicago.

 

Dans l’histoire de la house music, certains noms résonnent immédiatement : Frankie Knuckles, Ron Hardy, Marshall Jefferson. Pourtant d’autres figures, plus discrètes, ont joué un rôle tout aussi crucial dans la diffusion et la pérennité du mouvement. Joe Dale fait partie de ces architectes de l’ombre. Ancien employé du légendaire Gramaphone Records, Dale a su transformer cette boutique en un épicentre de la musique électronique à Chicago.

 

De Disquaire à Curateur de la Scène House

À l’origine, Gramaphone Records était une boutique de disques généraliste, proposant un large éventail de styles allant du rock au country. Dans les années 80, l’arrivée de Joe Dale marque un tournant décisif : il comprend rapidement le potentiel de la house et de la musique électronique émergente dans les années 1980. Sous sa direction, Gramaphone se spécialise dans ces genres, devenant un lieu incontournable pour les DJs et producteurs en quête de disques introuvables ailleurs.

Joe Dale ne se contente pas de stocker des disques : il façonne une collection qui reflète l’évolution des sous-genres de la house – deep house, acid house, Chicago house – et leur hybridation avec d’autres courants tels que la techno de Détroit ou la disco européenne.

 

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L’Influence de Gramaphone Records sous Joe Dale

En plus d’être un point de vente, Gramaphone devient un centre de formation informel pour toute une génération de DJs et producteurs. De nombreuses figures emblématiques de la house, comme Derrick Carter et DJ Sneak, fréquentent la boutique non seulement pour acheter des disques, mais aussi pour discuter, échanger et affiner leur sélection musicale. Certains comme Sneak, passent même derrière le comptoir, suivant une trajectoire commune : client passionné, employé chevronné, puis artiste reconnu.

Joe Dale fut un passeur de savoirs, aidant les jeunes artistes à développer leur oreille et leur technique de mixage en leur conseillant des disques.

 

Un disquaire toujours débout malgré le streaming

Avec l’arrivée du numérique et du streaming, Gramaphone connaît des moments difficiles, comme la plupart des disquaires spécialisés. Toutefois, l’héritage laissé par Joe Dale perdure. La boutique maintient son statut de référence en raison de son histoire, de la qualité de sa sélection et de la réputation de ceux qui y ont travaillé.

Dale a su ancrer Gramaphone dans l’imaginaire collectif comme bien plus qu’un simple magasin : c’était un laboratoire sonore où se sont affinés les contours de la house music. Aujourd’hui encore, malgré l’évolution des modes de consommation musicale, Gramaphone demeure un bastion du vinyle et de la culture DJ.

 

Sur le compte Instagram de Gramaphone Records, les éloges pleuvent pour Joe Dale. Comment ne pas être touché par celle de Ron Trent, qu’on partage ici :

« L’une des figures les plus cool et les plus authentiques de la culture musicale de Chicago. Il a toujours été très respectueux envers moi et je ne l’oublierai jamais. Sans ses mains, les nombreux talents de Chicago n’auraient pas pu s’épanouir comme ils l’ont fait. Humilité et bon caractère. C’est ce que je retiendrai toujours de lui. Que sa route soit bénie. »

 

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